Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises
Le
point au 9 avril 2017. Note 34 à J-14
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
voulons continuer d'analyser l'évolution de la situation politique
pendant la campagne électorale ouverte, en réalité, depuis la fin
2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux
précédents présentés et, depuis le 20 mars, sous le titre : «
Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises »
Chacun de ces textes peut être contredit, sans doute, parfois, par
les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et
même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour
effectuer cette activité politique chronologique.
1
– La dernière donne.
Nous
sommes entrés, comme on dit dans les milieux sportifs, dans la
dernière ligne droite... Deux des quatre candidats suivants seront
désignés par les électeurs pour s'opposer directement en phase
finale : François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et
Jean-Luc Mélenchon. Aucun des sept autres candidats n'est en mesure
de combler son retard par rapport à ceux qui ont atteint ou dépassé
les 20% d'intentions de vote selon plusieurs instituts de sondage.
Pas même Benoît Hamon, en dépit de l'intérêt de ses propositions
(il aura été massivement trahi par les siens de façon cruelle et
scandaleuse - ce qui devrait coûter cher au PS -...).
Abstention
ou pas, vote blanc ou non, le mode de scrutin conduira à l'Élysée,
l'un des quatre sus-nommés le 7 mai prochain. Tôt ou tard, le vote
blanc sera validé comme suffrage exprimé mais il sera sans effet,
cette fois encore, hélas. Quant à l'abstention politique, elle ne
peut, même massive, conduire à l'annulation de l'élection et elle
ne pèsera que pour exprimer l'ampleur de la déception des citoyens
non-votants. Ce n'est pas rien, mais face à l'enjeu, elle va se
rétracter.
2
– Trois droites contre une gauche ?
Il
faut observer que parmi les quatre postulants, l'une, Marine Le Pen,
représente la droite extrême jamais parvenue, en France, à la
direction du pays ; l'autre, François Fillon, représente une
droite dure et déconsidérée, derrière laquelle, se sont
néanmoins rangés, sans vergogne, toutes les droites traditionnelles
confondues ; le suivant, Emmanuel Macron a recherché, non sans
habileté, par dessus les partis, l'alliance contre nature, de la
droite présentable et de la gauche libérale ; quant à Jean-Luc
Mélenchon, il n'a même plus à dire qu'il représente la gauche ni
laquelle, car il est désormais le seul.
3
- Quelles sont les chances de ces quatre concurrents ?
Éliminée
au premier tour ou battue au second, Marine Le Pen ne sera pas élue.
François Fillon, discrédité, ne peut l'emporter que s'il affronte
Marine le Pen, ce qui n'est pas probable faute d'élan populaire lui
permettant de progresser encore et de se rapprocher de la seconde
place qualificative. Emmanuel Macron est, actuellement, mieux placé
mais son aura semble s'essouffler ou se ternir car il apparaît comme
le candidat de la droite masquée et son « et à droite et à
gauche » passe moins bien. Jean-Luc Mélenchon, enfin, est le
seul à bénéficier d'une dynamique et il est hautement probable
qu'il atteigne la troisième place, (ce qui ne suffirait pas...),
plus difficilement la seconde (ce qui lui ouvrirait un nouvel espace
et une possibilité de vaincre).
4
- Que souhaiter ?
Écarter
l'extrême-droite ultra nationaliste et la droite extrême
ultra-libérale ne fait pas difficulté. Le véritable débat se
situerait entre la droite reconstituée et ayant absorbé la
fausse gauche (« hollandaise » ou « vallsiste »),
regroupée derrière Macron, d'une part, et la gauche repensée,
sociale et écologiste, incarnée par Mélenchon, d'autre part.
Quel qu'en soit le résultat, la géographie politique de la France
s'en trouverait bouleversée et les recompositions s'effectueraient
comme d'impérieuses mais douloureuses nécessités.
Ajoutons
que, pour l'élu, quel qu'il soit, dans ces cas, l'avenir ne se
présenterait pas comme un long fleuve tranquille. Macron disposerait
d'une majorité (en disposerait-il ?) composite et peu docile, placée
sous la pression de puissants et multiples lobbies de droite.
Mélenchon aurait à tenir son double pari du passage à la VIème
république et de l'émergence d'une force économique nouvelle,
écologique et populaire. Sans l'appui durable des « gens »
(comme il dit), du peuple (vrai nom de la gauche historique),
Mélenchon serait vite à la peine. Bref nous ne quitterons pas
l'espace de l'incertitude dans lequel nous a fait entrer la campagne
électorale bouleversante et « fascinante », « à
surprises » avons nous titré...
5
– Le choix final
Il
n'est aucun homme providentiel et sans critiques, mais il faut oser
faire un bout du chemin que trace celui dont on est le moins éloigné.
Ce défricheur d'avenir me semble être Mélenchon.
Les
raisons principales de ce choix peuvent se détailler comme suit. Me
conviennent :
•
La réconciliation définitive entre le social (porteurs de toutes
les luttes pour l'égalité) et l'écologique (porteur de tous les
germes de désagrégation du capitalisme) qui ouvre l'avenir. Benoît
Hamon l'avait aussi bien vu et, pour cela, il appuiera, du reste, le cas échéant, la
candidature de Mélenchon au deuxième tour.
•
L'annonce de la fin de la Vème République qui a enfermé
la France en elle-même, corrompu nos institutions et livré le pays
à ce qu'a voulu, en vain, éviter De Gaulle (le jeu des partis
confiscateurs de la volonté populaire).
•
L'abandon de « la monarchie républicaine », par le biais
d'une révision constitutionnelle de grande ampleur qui replacerait
la France parmi les pays d'Europe les plus démocratiques pour qui
les élections au scrutin majoritaire à deux tours sont
inconcevables.
•
La mise à l'essai, par la pratique, d'un programme ambitieux
(
L'avenir en commun ) élaboré collectivement, en
évolution permanente, et qui me satisfait pour l'essentiel,
notamment dans sa volonté de nous impliquer tous dans la
dénonciation et la mise à mal de « l'accumulation
insensée de la richesse ».
Ce
choix n'est pas inconditionnel. C'est dans un état d'esprit de
totale liberté que je fais le pari, sciemment utopique, de
m'engager, pour le moment, avec Mélenchon et pas derrière lui,
comme simple citoyen, sur la voie de la vertu en politique (pensée
et redéfinie comme « méthode d'action dans la vie publique »,
ô combien nécessaire ces derniers temps ! ). Je sais, alors, qu'un
tel choix oblige à maintenir, à un haut niveau, l'esprit critique,
la vigilance intellectuelle mais aussi la modestie car une élection
ne suffit pas à changer la face du monde. J'assume.
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