Vers
le deuxième tour des présidentielles
Le
point au 25 avril 2017. Note 47.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 6 mai et sans doute au-delà car
la lecture des présidentielles ne s'effectuera qu'après les
législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
1
- D'abord : hommage à la révolution non-violente ( dite
Révolution des Oeillets), qui mit fin, le 25 avril 1974, au
Portugal, à la dictature salazariste, née en 1933. Écoutons, en ce
jour anniversaire, son chant historique, Grandola, qui déclencha des
manifestations géantes. Aurons-nous bientôt besoin, en France, d'un
tel chant puissant et fraternel pour nous dresser contre la dictature
du néo-fascisme ou celle de l'argent-roi ?
2
– Le piège s'est refermé. Comment en sortir ?
Nous
le savions : le mode de scrutin français peut nous donner à
choisir entre le mauvais et le pire. En 2002, pour n'avoir pas Le Pen
(père), la France a choisi Chirac et le quinquennat calamiteux qui
s'ensuivit. Sommes nous revenus quinze ans en arrière ? Oui et
non. Oui, parce que c'est à nouveau un impossible choix qui nous est
imposé. Non, parce que les rapports de force ne sont pas les mêmes
et parce que le risque d'instauration durable d'un régime libéral
sont considérables.
Entre
le néo-fascisme nationaliste et le capitalisme relooké, nous voici
coincés. Pour le 7 mai, la messe est dite : Macron sera
président de la République, mais, cette fois, tout ne sera pas joué
au terme de cette élection présidentielle. Un président sans
majorité stable peut difficilement gouverner et nul ne sait ce qui
sortira des législatives : la droite n'aura pas le temps de se
refaire ; le PS n'aura pas fini de se déchirer ; les
frontistes chercheront leur revanche ; la gauche nouvelle, au
pied du mur va ou bien apparaître en force, ou bien... disparaître.
En clair, un conflit idéologique gigantesque va se déclencher. Nous
avons connu bien des surprises, durant la campagne des
présidentielles et bien avant qu'elle soit devenue officielle. Nous
allons en connaître d'autres tout aussi surprenantes.
En
clair, Fillon est out. Le Pen, même vaincue ne s'effondrera pas. Le
melting-pot macronien va bouillir et les intoxiqués du pouvoir dont
ils se croient si près, vont s'affronter. Le PS de Hollande, Valls
et autres macroniens va tenter -vaste projet!- de trouver une bonne
place au Parlement. Quant aux battus de la gauche réelle, ils ont
une responsabilité historique : ce qu'ils n'ont su ou pu faire
pour les présidentielles, il faut qu'ils le réussissent à présent.
Il
n'est qu'une alternative au projet en marche vers... l'organisation
du pouvoir des plus riches, de ce clan ultra composite de Macron,
(ce rassemblement des partisans ardents ou résignés du capitalisme
moderne). Cette alternative, c'est l'émergence d'une autre
expression de ce que furent la gauche et le socialisme, (à partir
d'une analyse écologique de la réalité de nos sociétés telle que
Hamon et Mélenchon l'ont annoncée, prédit et acceptée). Il n'y a
plus de compromis possible et les plus jeunes de nos compatriotes
l'ont déjà, en majorité, compris.
3 – Alors, que voter et faut-il voter ?
Il
faudra-t-il voter par peur ou en conscience ?
Par
peur : parce que le danger représenté par le FN qui surfe sur
le désespoir des oubliés, est réel et peut, comme aux USA, prendre
de l'ampleur, ( notamment si l'on provoque le dégoût en faisant la
fête avant même d'avoir gagné, comme on l'a vu et entendu le 23
avril à la porte de Versailles puis dans les rues de Paris et à La
Rotonde).
En
conscience : parce que il faut, plus que jamais, agir comme on
pense. Si l'on ne peut se motiver pour voter Macron, alors il ne faut
pas le faire. Cela revient à s'abstenir politiquement ou à voter
blanc, ce qui n'a rien de satisfaisant, mais cela reste digne. La
conséquence immédiate en est de s'impliquer personnellement et
fortement dans les législatives à venir, car là, il ne s'agira
plus de choix binaire impossible et on pourra tenter d'empêcher les
droites, toutes les droites, empêtrées dans leurs contradictions,
de dominer l'Assemblée nationale.
Je
dis « toutes les droites », de la plus extrême à la
plus roublarde en passant par la cynique et l'affairiste.
Ce
que ce scrutin révèle, c'est que l'argent est une arme de
destruction massive capable de s'en prendre à la pensée elle-même.
Nous découvrons aussi un « communisme de classe » qui
soude les dominants. Y résister est difficile parce que nous avons,
parmi ceux qui sont solidaires des dominés, un ou deux « métros
de retard ». Puissions-nous, à la rude école, en accéléré,
de cette épreuve électorale, nous rendre compte que l'efficace et
brutale recomposition des droites nous a surpris et va continuer.
Macron a été placé pour cela. Les forces de résistance et de
création, non négligeables à en juger par les résultats de la
France Insoumise, ont elles aussi, besoin d'une restructuration.
Ce sera notre grande préoccupation dans les notes à venir.
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