Vers
le deuxième tour des présidentielles
Le
point au 24 avril 2017. Note 46.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 6 mai et sans doute au-delà car
la lecture des présidentielles ne s'effectuera qu'après les
législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
Nous
nous réveillons ce matin avec, devant nous, un nouveau paysage
politique.
L'analyse
de ce qui vient de se passer ouvre des espaces nouveaux : s'y mêlent
inextricablement, le positif et le négatif. Il faut tenter de
relever des faits et des réactions politiques qui vont peser
prochainement sur notre vécu, sans pathos et sans désillusion (ce
qui ne veut pas dire sans déception).
1
– Le fait majeur est que les deux piliers des institutions
parlementaires se sont rompus : le parti socialiste et le parti
« les Républicains ». Ce dernier, né en 2015, de
moins en moins gaulliste, avait maintes fois changé de nom, (ex UMP
- en 2002 -, ex RPR - en 1976 -, ex UDR - en 1968 -, ex UNR - en 1958
- ....). Les responsables de cet effondrement électoral se situent
dans et hors des partis concernés. François Hollande et ses
soutiens ont ruiné les espérances portées hier par le PS. François
Fillon et et ceux qui l'ont laissé les représenter sont à
l'origine d'une défaite d'autant plus cuisante qu'elle semblait
impossible. La loi électorale a permis cette fin peu glorieuse et
c'est hors parti qu'est apparue l'alternance sans alternative
incarnée par Emmanuel Macron et son mouvement En marche.
2
-L'observation qui s'ensuit débouche sur le constat d'une
recomposition avec quatre pôles politiques principaux :
•
Une droite traditionnelle à reconstruire totalement (aujourd'hui
éparpillée et partagée entre plusieurs sensibilités
incompatibles, par exemple celles de Rafarin et celle de Vauquier),
•
L'extrême droite nationaliste et souverainiste de la famille Le Pen
(qui vient d'atteindre son apogée et régressera après son
échec probable dans deux semaines)
•
La droite recentrée et attrape-tout qui vient de l'emporter. (Elle
va devoir, très vite, donner un sens et une cohérence à son projet
« et de droite et de gauche », soutenu par des
partenaires nombreux, aux orientations difficilement compatibles).
Emmanuel Macron va devoir sortir du flou qu'il a habilement utilisé
pour donner à croire que son libéralisme était aussi social !
•
La gauche aux multiples visages qui a besoin d'une rénovation
totale.
- Avec, d'une part, la social
démocratie qui va exploser ( après le constat d'une
« impossible unité » (dixit Manuel Valls, ce jour).
Seront aux prises ceux qui ont rejoint Macron, appuyés par les
caciques de la rue de Solférino, qui vont imputer aux « Frondeurs »
leur division, et ceux qui entendent proposer, à l'avenir, avec
Benoît Hamon, une politique au contenu de gauche, une gauche
rénovée, socio-écologique.
-
Avec d'autre part, le candidat de la France insoumise en
progression partout. (Jean-Luc Mélenchon va devoir transformer
son essai tout en lui donnant un nom qui ne soit pas que le sien et
qui rebaptise une gauche trop nouvelle et trop écologique pour ne
garder que cette appellation devenue si vague : la « gauche »).
Pour que le soufflet ne retombe pas, il faudra agir vite et proposer
des perspectives en créant des passerelles avec Benoît Hamon et ses
proches.
3
– Ce qui a souvent échappé au débat électoral mais qui
s'imposera inéluctablement.
•
Ce qui « fait peur au monde entier » ne pourra plus être
passé sous silence et devrait prendre place dans le débat
législatif, à savoir : les
perturbations du climat
et les risques pour notre santé
dus à l'activité humaine débridée, pour la seule satisfaction de
profits immédiats.
•
Comme partout sur la planète, le développement des énergies
alternatives au pétrole au charbon et au nucléaire
constitue une urgence irréversible que même les USA ne pourront
longtemps retarder.
•
La fin des
institutions faussement gaulliennes se trouve engagée, au minimum
l'obligation de repenser le mode de scrutin si l'on veut que, comme
dans le reste de l'Europe, la France sorte de son bipartisme :
ce qui contraint de
recourir à la
proportionnelle.
•
L'Europe ne peut
plus fonctionner telle quelle. En penser la reconstruction ne
constitue pas un renoncement, encore moins un rejet. Les
traités européens
doivent être actualisés et démocratisés : c'est l'intérêt
de tous les États membres après le Brexit.
•
La lutte contre le
terrorisme et pour notre sécurité ne peut se résumer à multiplier
les caméras de surveillance ou à armer toujours plus de policiers.
Il est une lutte culturelle déterminante à mener auprès des
populations fragiles, comme il est fait en Grande Bretagne, pour
qu'on confonde plus
l'islam et l'islamisme.
De même, il convient de repenser l'action militaire de l'armée
française au Moyen-Orient si l'on veut que les proches des victimes
civiles innocentes ne puissent plus nous considérer comme des
assassins qu'il faut punir !
•
Le culte de la croissance et du plein emploi
doivent être confrontés à la réalité économique actuelle et à
son informatisation, pour sortir des fausses évidences. Benoît
Hamon a eu raison, trop tôt, mais son approche réaliste du travail
contemporain et des revenus à partager doit être
réexaminée et approfondie.
•
Enfin laisser perdurer les inégalités de plus en plus scandaleuses
engendre des désordres de plus en plus graves et « l'appel
des solidarités » lancé par de nombreuses associations,
le 23 mars 2017, doit être entendu si l'on veut vivre dans une
démocratie réelle.
4
– Regard sur quelques résultats significatifs (d'après
les chiffres officiels sur 97% des votants)
L'abstention,
(22,94% des inscrits) reste « le premier parti de France ».
Les
blancs (1,78% des votants) et nuls (0,80% des votants),
dans ce scrutin, n'ont rien pesé.
Les
scores sont faibles : Aucun candidat ne dépasse 20% des
inscrits, ni 24% des exprimés.
Les
scores sont serrés : entre le 1er et le 4ème il n'y a que
4,24% de suffrages exprimés!
À
moins de 5%, on trouve 6 candidats. Entre 5 et 10% , un
seul : B. Hamon à 6,35%.
L'écart
entre les « qualifiés » (Macron et Le Pen) n'est que
de 2,43%.
L'écart
entre les 3ème et 4ème (Fillon et Mélenchon) est encore plus
faible : 0,32%
Le
meilleur score de Mélenchon est réalisé dans le 93 :
34,03% des exprimés.
Le
score de Marine Le Pen à Paris n'est que de 4,99% et 12,57%
dans l'Île de France !
Dans
le Val d'Oise, Mélenchon est second avec 23,97%, juste derrière
Macron à 25,31%
Benoît
Hamon ne dépasse les 10% que dans son département, le
Finistère.
5
– Toutes premières observations avant le second tour, à reprendre
et à travailler
-
Macron part favori à cause du nombre des ralliements anti-FN sur son
nom.
-
Macron fait déjà partie des
prédateurs au pouvoir estiment
les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinson ( c'est le
titre de leur livre paru, en ce mois d'avril, en Poche, au prix de 8€
)
https://www.youtube.com/watch?v=ychwDoh5GIo
https://www.youtube.com/watch?v=ychwDoh5GIo
-
Qui ne veut rien toucher à l'Europe, à la Bourse et aux marchés
choisit Macron. Bien sûr !
-
Le FN s'engage, c'est sa dernière chance, en courtisant les
anti-capitalistes ! Ce sera vain. Il est lui-même mouillé
jusqu'au cou dans le bain oligarchique.
-
Ceux qui ne veulent rien toucher à l'Europe, à la Bourse et aux
marchés ont choisi Macron.
-
Ne pas donner de consigne de vote est reproché à Mélenchon. On
peut comprendre au vu de telles révélations. En outre, il n'est pas
seul parmi les Insoumis !
-
Des réticences au vote pro-Macron s'expriment à gauche. Les médias
s'en offusquent. Pourquoi ?
-
Valls dénonce "la campagne d'extrême gauche" de Benoît
Hamon qui a "récolté ce qu'il a semé"....
-
Réponse : à Evry, où Valls a appelé à voter Macron,
Mélenchon a fait 34,69 % des voix !
-
EELV, comme parti, vient de mourir : l'avis de décès est signé
d'Hervé Kempf. L'écologie, elle, n'est pas morte. Lire
https://reporterre.net/La-faillite-du-parti-ecologiste
Après
quelques heures chargées de pensées sombres, il apparaît, à
l'analyse, que rien de totalement définitif ne s'est produit. « La
messe n'est pas dite » ! Nous sommes entrés dans un temps
politique qui demeure empli d'incertitudes. Nous aurons un rôle à y
jouer.
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