Le
troisième et dernier temps d'une campagne à surprises
Le
point au 21 avril 2017. Note 44 à J-2
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser jusqu'au 6 mai l'évolution de la situation
politique pendant la campagne électorale ouverte depuis la fin
2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux
précédents et présentés, depuis le 20 mars, sous le titre : «
Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises »
Chacun de ces textes peut être contredit, sans doute, parfois, par
les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et
même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour
effectuer cette activité politique chronologique.
Oui,
il faut oser Mélenchon. Ce n'est certes pas un homme providentiel.
Il n'en est, il n'y en eut, d'ailleurs, jamais aucun. Je ne souligne
ici que ce que la froide logique m'impose :
• Chaque
élection est particulière. Cette fois encore il faut voter.
Pourquoi ? Pour éliminer les candidats indignes, d'abord :
Fillon et Le Pen. Qu'ils aient pu être candidats n'est pas le signe
de notre bonne santé politique. En plusieurs autres pays, cela
n'aurait été ni pensable ni possible...
• Il
faut voter comme nous sommes : si les idéaux de la gauche
réelle sont encore vivants en nous, alors, puisqu'il n'est plus
qu'un candidat de cette gauche réelle, et bien votons pour lui.
• Il
est temps de passer à l'écologie dans la pratique, sinon la vie sur
Terre s'éteindra pour les humains. Alors, puisqu'il n'est plus qu'un
candidat « qualifiable » qui défende un projet où
l'écologie est prioritaire, et bien votons pour lui.
Ceci
n'implique nullement que nous nous fassions les disciples de Jean-
Luc Mélenchon ! Seulement si rien n'est sûr, le pire serait la
stagnation. C'est pourquoi je développe, ci-dessous, les motivations
de ce choix qui n'est pas seulement une évidence. Oser voter
Mélenchon c'est aussi oser affronter des épreuves indispensables.
1
– Je vote pour un candidat qui serait le dernier président de la
Vème République.
Depuis
1958, il en est - j'en suis - qui attendent qu'on en finisse avec la
monarchie républicaine. Depuis 1962, il en est - j'en suis - qui
savent que l'élection présidentielle constitue un piège.
Depuis
1965, il en est - j'en suis - qui ont refusé le pouvoir personnel
incarné par De Gaulle.
Depuis
1968,
il en est - j'en suis - qui pensent qu'en démocratie le peuple seul
fait l'histoire.
Depuis
1969, il en est - j'en suis - qui ont vu dans le départ de De Gaulle
la fin de la Ve République.
Depuis
lors, il en est - j'en suis - qui ont pensé que De Gaulle,
démissionnaire, avait été cohérent.
Depuis
lors, l'invention de la cohabitation a permis qu'un Chef de l'État,
désavoué, reste au pouvoir.
Depuis
lors, le régime des partis, fustigé par de Gaulle, s'est emparé de
la République.
Depuis
lors, l'alternance a permis que deux familles politiques se partagent
les pouvoirs en France.
Il
fallait qu'un jour, l'usure et la perversité de cette complicité de
fait deviennent insupportables.
Sortir
d'institutions obsolètes est une urgence pour la France et le temps
est venu de les abroger.
Mélenchon
le propose même s'il doit, pour cela, quitter l'Élysée quand la
Constituante en aura fini.
Je
salue ce désintéressement et ce courage car le risque de l'échec
n'est pas éliminable.
Je
voterai donc pour qui veut en finir avec la fausse démocratie
« républicaine »
2
– Je vote pour un candidat qui est le seul à pouvoir être élu
sur un projet de la gauche réelle.
En
1981, il en est - j'en étais - qui pensaient que la gauche de gauche
s'incarnait en Mitterrand.
En
1983, il en est - j'en étais - qui ont constaté que « les
puissances d'argent » lui imposaient leur loi.
En
1997, il en est - j'en étais - qui ont pensé qu'il fallait redonner
sa chance au le PS, avec Jospin.
En
2002, il en est - j'en étais - que le surgissement de l'extrême
droite a désespéré.
La
gauche fut l'espace politique des petits , des oubliés, des
exploités, des pauvres, des « sans ».
La
gauche fut, dès l'avant dernier siècle, la représentation du
travail face au capital.
La
gauche fut le lieu où se retrouvaient les divers partisans de
l'égalité et du partage.
La
gauche fut le camp de la paix, de l'internationalisme, de
l'ouverture aux autres peuples.
Tout
cela a été, de fait, abandonné par ceux qui n'étaient plus
(formellement) que « la non droite ».
On
ne remerciera jamais assez Mélenchon d'avoir redonné du contenu à
une gauche en perdition.
Hamon
a été abandonné par les siens car il cherchait à retrouver le
chemin d'une gauche réelle.
Mélenchon
reste seul pour tenter de continuer la tâche que le PS n'est plus
capable d'exécuter.
Je
voterai pour celui ( il n'est pas d'autre choix ), qui réinvente une
gauche efficace et dynamique.
3
– Je vote pour un candidat qui lie les luttes contre les inégalités
sociales et pour l'écologie.
Benoît
Hamon a remporté la primaire socialiste en déclarant inséparables
le social et l'écologique.
Son
parti ne le lui a pas pardonné et le voici seul. Les électeurs
voient qu'il a été trahi par les siens.
Dés
lors, il ne bénéficie plus de la dynamique de la victoire et tous
les sondages l'indiquent.
Mélenchon
défend un projet social - écologique cohérent que toute la gauche
rénovée peut accepter.
Je
voterai donc pour celui, le seul, qui peut reprendre le flambeau
tombé des mains de Hamon
4
– Je vote pour un candidat qui parle comme il pense avec un talent
qui n'aura pas eu d'égal.
Il
en est pour ricaner en laissant entendre que Mélenchon n'est qu'un
tribun !
On
ne s'exprime pas avec force, aisance et clarté sans une capacité
intellectuelle hors du commun.
On
peut s'opposer à lui, mais il n'est pas qu'un tribun ; c'est un
homme de haute culture.
Qui
l'écoute avec attention se rend compte vite que cet homme a quelque
chose à dire.
On
peut, certes, le contredire mais pas réduire ses propositions à je
ne sais quel irréalisme !
Je
voterai donc pour celui, le seul, qui a le niveau pour représenter
la France et la faire évoluer.
5
– Je vote pour un candidat qui rassemble contre lui tous ceux qui
veulent que rien ne change
Dès
qu'il est apparu que Mélenchon était en position favorable, il a
été critiqué vivement.
On
croyait morte ce qui fut la gauche ; la voici qui renaît, hors
parti et osant se dire insoumise !
Le
monde de l'argent, celui des traditionalistes, celui des
professionnels de la politique, s'insurgent.
Pour
eux, changer la surface des choses ? Soit. En changer le fond,
par la pratique ? Ah non !
Ce
qui est visé, c'est moins Mélenchon que ce qu'il propose avec tant
de conviction et d'arguments.
Je
voterai donc pour celui, le seul, qui préconise les changements que
refusent les nantis.
6
– Je vote pour un candidat qui connaît ses limites et sait ce que
veut dire le mot « peuple ».
Mélenchon
ne cache pas qu'à 65 ans, il va jeter ses forces dans une action
des plus difficiles.
Seul,
il échouerait. Quand il prononce le mot peuple, il reste dans la
tradition française !
Il
sait que ses soutiens sont dans tous un pays qui fourmille de
compétences et d'énergies.
Taxer
de populiste qui ose parler du peuple, c'est ne rien avoir compris à
la démocratie elle-même.
La
Constitution en appelle au « gouvernement du peuple par le peuple,
pour le peuple ».
Faut-il
supprimer cette maxime de la mère des lois ou faut-il, lui donner
vie et sens ?
Je
voterai donc pour celui, qui ne veut pas gouverner seul mais en
s'appuyant sur le peuple.
Quel
que soit le résultat, demain soir, nous serons engagés dans des
temps nouveaux
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