le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises
Le
point au 8 avril 2017. Note 33 à J-15
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
voulons continuer d'analyser l'évolution de la situation politique
pendant la campagne électorale ouverte, en réalité, depuis la fin
2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux
précédents présentés et, depuis le 20 mars, sous le titre : «
Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises »
Chacun de ces textes peut être contredit, sans doute, parfois, par
les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et
même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour
effectuer cette activité politique chronologique.
Nous
avons mis la plume au repos durant quelques jours. Sans doute le
fallait-il car tout a bougé et il faut réinterroger ce qui se passe
dans cette campagne à nulle autre pareille et un peu trop vite
diagnostiquée par les commentateurs politiques comme nulle...
1
– On ne peut plus esquiver la nécessité du choix.
À
deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, il
semble bien que les électeurs sont sur le point
de se déterminer « par élimination ». Bien des
hypothèses ont été ruinées. Des modifications dans les intentions
de vote surviennent (si l'on en croit les sondages lesquels ne
prévoient rien mais indiquent des tendances, rappelons le). Les
observateurs de la vie politique,
dont nous faisons modestement partie, vont de trouver contraints de
« se mouiller » ou de recourir à la « boule de
cristal » ! Autrement dit, s'engager faisant toujours
prendre des risques (à commencer par celui de l'erreur!), nous
devons oser dire vers quoi le pays se dirige. Et comme, il est encore
plusieurs voies possibles, il faut, à la fois, indiquer ces voies et
en choisir une. Nous voici amenés à maintenir la rigueur,
l'impartialité et la hauteur de vue de nos analyses, tout en
manifestant nos préférences! Redoutable et contradictoire
situation, mais qu'il faut bien assumer comme tous les électeurs de
bonne foi ayant des convictions.
Car
nos propres convictions sont connues. Nous avons éliminé les
candidatures de l'extrême droite, de l'argent-roi et de la fantaisie
(fut-elle sympathique). Sur tous les candidats, dont deux femmes et
neuf hommes, notons-le, le dernier et probablement unique débat à
onze a révélé que nous nous dirigeons vers un affrontement final
plus incertain qu'annoncé, ce que les sondages de ce jour,
rassemblés sur Wikipedia1
confirment.
2
– Sonder les sondages.
Le
Pen et Macron, les deux premiers encore, au coude à coude et en
recul, seraient passés sous la barre des 25% ; Fillon et
Mélenchon, troisièmes ex-aequo, seraient à égalité autour des
20% ; Hamon serait en chute libre, à moins de 10%. Dupont
Aignan serait au-dessus de la barre des 5 % ; tous les autres
candidats ne dépasseraient pas 2%. Mélenchon seul serait en
croissance. L'abstention diminuerait mais reste très forte.
Qu'en
tirer comme enseignements ? Que les quatre premiers se tiennent
en peu de points (de 19% à 23% selon l'institut BVA). Que
l'inéluctabilité d'un duel Le Pen/Macron n'existe plus ; ce
n'est plus qu'une probabilité. Que Fillon, stable mais haut, n'est
pas hors course. Que l'éventualité d'une présence de Mélenchon
parmi les deux premiers devient crédible. Que Benoît Hamon ne
concourt plus pour la présidence mais pour la prise de pouvoir sur
le PS. Que le « non-vote »
s'impose par rapport au vote blanc dont l'opinion a saisi qu'il n'est
pas un suffrage exprimé et ne pèsera donc rien ; cette
abstention politique reste fort élevée mais pourrait encore baisser
s'il apparaissait qu'elle sert les intérêts du FN qui dispose d'un
électorat qui s'est fixé depuis les dernières élections
régionales.
3
– Que dit la « boule de cristal » ?
Selon
celui qui tente d'y faire une lecture de ce que nous réserve le
proche avenir, il est plusieurs résultats. Si je me penche, à mon
tour, sur elle, j'y vois une suite d'événements que rien
n'annonçait :
•
Marine Le Pen, a cessé de creuser l'écart. Les débats ne l'ont pas
avantagée. Son nationalisme systématique ne mord plus. Défaite à
coup sûr au second tour, elle pourrait se retrouver, contre toute
attente, en troisième voire en quatrième position !
•
François Fillon ne se maintient que parce qu'il n'y a pas d'autre
choix pour la droite parlementaire actuelle. L'ex premier favori de
l'élection ne peut plus remonter son handicap. Il ne sera pas dans
les deux premiers choisis le 23 avril au soir.
•
Emmanuel Macron n'est plus que le candidat du recours (contre le FN
et contre les « gauches », du PS et de la France
insoumise). Il accumule trop de soutiens contradictoires. Il
recule dans les sondages mais reste le favori pour tous ceux qui
veulent un changement sans changement. Il pourrait voir sa cote
chuter parce qu'il est le candidat de la confusion (pro et anti
Hollande, « et à gauche et à droite », mais de plus en
plus identifié comme à droite). Il devrait, pourtant, sauf
effondrement, se retrouver au second tour.
•
Jean-Luc Mélenchon ne cesse de progresser dans les sondages. Les
débats lui ont été favorables. Il remplit les salles de meeting.
Il est le meilleur orateur. Il souffre, pourtant, de son image
autoritaire et de sa posture solitaire. Son attitude
« néo-gaullienne » peut lui être reprochée ou, au
contraire lui valoir de nouveaux soutiens. Sa volonté d'être, pour
peu de temps, un ou deux ans, le dernier président de la Vème
République avant vote d'une nouvelle constitution, peut rassurer ou
inquiéter. Il va lui falloir faire un dernier effort de pédagogie
politique. Même la boule de cristal ne peut dire ce que lui réserve
les quinze jours à venir. Ou bien son élan est coupé et il finira
troisième, ou bien, il finit second et alors tout devient possible
dans un duel Macron/ Mélenchon que rien n'avait laissé présager.
•
Tout ne sera pas dit une fois élu le nouveau Président. Les
législatives confirmeront-elles les présidentielles comme ce fut
toujours le cas maintenant qu'elles sont, depuis 2002, organisées
aussitôt après ? Ce n'est pas sûr et « la boule de
cristal » se brouille quand on la sonde à ce sujet car que
restera-t-il des partis qui cogéraient la République ou y
cohabitaient ? S'ils ne disparaissent pas, ils seront très
amoindris. Tant les « Républicains » que le PS sont
entrés dans une nuit où l'on ne distingue rien de leur avenir.
Quant aux candidats d'En marche ou de la France insoumise,
on sait encore peu de choses d'eux. Bref bien malin est celui qui
pourrait dire quelle majorité va surgir en juin prochain. Quant à
la sensibilité écologiste qui ne peut plus être sous estimée où
va-t-elle trouver maintenant ses appuis ? Chez les
« Hamonnistes » enfin libérés du PS ou chez les
« Mélenchonistes » en pleine ascension ? Gageons
qu'EELV, embourbé dans l'abandon de Jadot qui a choisi « le
mauvais cheval » va, à son tour, devoir se reconstituer
totalement ou se disperser (Et là, la « boule de cristal »
porte un éclairage qui ne laisse subsister aucun doute).
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