Vers
le deuxième tour des présidentielles
Le
point au 26 avril 2017. Note 48.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 6 mai et sans doute au-delà car
la lecture des présidentielles ne s'effectuera qu'après les
législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
1 - Encore un anniversaire : le 26 avril 1986 la centrale nucléaire
de Tchernobyl explosait.
Utile
rappel entre les deux tours. Que feraient les deux candidats restés
en piste en cas de Tchernobyl sur Seine ? Rien bien sûr, ce
serait trop tard ! Mais avant, pour prévenir les risques, d'un
accident majeur dans l'une de nos centrales obsolètes, (et les
autres aussi), que feraient-ils ? Eh bien rien non plus :
ils veulent la perpétuation du nucléaire et seul un événement
dramatique, en France ou ailleurs, (mais Fukushima ne leur a rien
appris) les fera changer d'avis. Un tel sujet passe avant les autres.
Il n'a pas été évoqué, sinon par ceux des candidats qui voulaient
renoncer au nucléaire civil et qui ne sont plus là. Rappelons-nous
les faits :
2 - Où est le pire dans le domaine de l'énergie nucléaire ?
Comme
prévu par la loi de transition énergétique, Emmanuel Macron
souhaite abaisser de 75% à 50% en 2025 la part du nucléaire dans la
production électrique française. Mais il ne précise ni combien
cela coûtera, ni comment il le financera. Hypocrisie.
Marine
Le Pen entend revenir sur la loi de transition énergétique et la
fermeture de Fessenheim, afin d'allonger la durée de vie des
centrales existantes puis de renouveler le parc avec des réacteurs
de nouvelle génération. Irresponsabilité.
Bref,
les décisions sérieuses viendront d'ailleurs, des événements ou
de l'action citoyenne.
3 - Où est le pire dans le domaine de l'armement atomique ?
C'est
fort clair : pour Macron ou Le Pen, pas touche à la dissuasion
française par laquelle se manifeste, croient-ils, la puissance de
l'État français et offre le moyen de peser sur la diplomatie
internationale.
Pour
l'un : « Nous
engagerons la modernisation de la force de dissuasion nucléaire,
garante de la sécurité de la France. Cet effort concernera ses
composantes sous-marines et aéroportées ».
Pour
l'autre : « C'est
pour se prémunir clairement contre tout État-nation agressant notre
pays que la France doit plus que jamais affirmer le caractère tout
azimut de sa dissuasion nucléaire »,
explique la candidate du FN.
4 - L'impossible choix :
L'exemple
des politiques militaires est particulièrement éclairant mais il en
est bien d'autres. Nous sommes,
au nom de la démocratie, insiste-t-on, sommés de choisir le
capitalisme rénové plutôt que le néo-fascisme.
L'élimination de toute candidature de gauche ( qu'elle soit
traditionnelle - celle du PS « hollandiste » ou du PS
« hamoniste » - voire redynamisée - celle de la
France insoumise- ) laisse une large partie du pays sans
candidat. Faut-il se plier aux injonctions permises par la
bipolarisation du mode de scrutin ?
Il
ne faut pas demander aux citoyens plus qu'ils ne peuvent penser, dire
et faire. Voter Le Pen pour n'avoir pas Macron ou voter Macron pour
n'avoir pas le Pen ? Bref renoncer à toute espérance politique
et, de nouveau, s'en remettre à un homme providentiel (en votant
Macron) ou bien laisser les concurrents aux prises car leur combat
n'est pas notre combat (en s'abstenant ou en votant blanc, car il est
hors de question de voter Le Pen).
Il
y a déséquilibre entre l'impensable vote Le Pen et le refus de
voter Macron. Soit. Mais cela ne signifie pas que puisse émerger une
préférence ! Quand la louve est prête à nous dévorer, on ne
lui jette pas dans les pattes un serpent venimeux qui, après l'avoir
mordue et éliminée, se retournera contre ceux qui ne veulent pas
vivre sous pareille menace. Le serpent n'est pas une personne, Macron
en l'occurence, c'est le capitalisme dominant qui place tous les
modestes sous la coupe des riches. Il en est ainsi depuis bien
longtemps mais n'en pas sortir, de notre vivant, ne permet plus de se
contenter d'attendre la prochaine élection ! Il faut créer,
inventer, proposer, bref agir.
On
comprendra que c'est un nouveau « bonnet blanc et blanc
bonnet » (comme disait Jacques Duclos, en 1969) qui nous est
proposé. La situation est similaire mais elle est loin d'être
identique. Il y a ressemblance mais sans véritable comparaison
possible. Le PS - de Gaston Deferre - obtint, alors, 5,01% des voix,
et le PS – de Benoît Hamon, privé de tous soutiens et trahi par
les siens – est resté bloqué à 6,3%. En 1969, le socialisme
avait aussi Rocard, du PSU, comme candidat ( 3,61%) et le PCF de
Duclos obtint un score qui fait penser à celui de Mélenchon :
21,27% (ses électeurs portèrent l'abstention à 30% des inscrits).
Autres différences : Pompidou néo-gaulliste et Poher centriste
étaient des « réactionnaires respectables » et
Tixier-Vignancourt, candidat en 1965, n'avait pas encore été
remplacé par Le Pen
5 - Le vote blanc va-t-il devenir en 2017 un vote politique ?
L'opinion
est prête à accepter cette expression mais sans consigne, par
exemple celle des insoumis au terme de leur consultation, ce vote
restera marqué par sa faiblesse profonde : ce n'est pas un
suffrage exprimé ! Il faut lui donner un contenu positif qu'il
n'a pas encore. Ce doit être un appel et non un simple retrait du
jeu de tricheurs (qu'autorise le mode de scrutin majoritaire puis
binominal au second tour )!
Quand
sont écrites ces lignes, on ne sait rien encore de ce qui va se
passer, mis à part ce qui concerne les agitations des candidats
« qualifiés ». Pourtant, sur la toile, les déçus, d'où
qu'ils viennent, évoquent cette possibilité de faire compter leurs
désaveux des candidats restants.
6 -
Deux hypothèses mal abordées qu'il faut donc examiner avec prudence
mais attention.
•
L'évidence de l'élection d'Emmanuel Macron
Inattendu,
aura été le triomphalisme, mal venu, de Macron, au soir du premier
tour, qui peut invalider l'évidence de son élection, en tout cas
affaiblir son résultat, si les électeurs le prennent mal. Cela
s'est déjà vu avec Fillon.
La
Fontaine, ce génial poète politique, prophétisait dans sa
fable, « L’Ours et les deux Compagnons » (livre V –
fable 2, 1668) : « Il ne faut jamais vendre la peau de
l’Ours qu’on ne l’ait mis par terre. » qui devint le
proverbe : « Il ne faut jamais vendre la peau de l’Ours
avant de l'avoir tué »..
•
L'éventualité de l'élection de Marine Le Pen
Il
est improbable que le FN réussisse à capitaliser, comme aux USA,
toutes les voix engendrées par les déceptions, les rancœurs et les
rages accumulées. Les compteurs seraient remis à zéro
et l'élue, moderne Perrette, sans majorité garantie et contestée
par le peuple, ne tiendrait pas longtemps la barre. Alors
« Adieu veau, vache, cochon, couvée »
comme dirait encore La Fontaine dans La laitière et le Pot au
lait, fable qui s'achève
ainsi :
On
m’élit Roi,
mon
peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je
suis gros Jean comme devant.
Il
reste quelques jours pour approfondir la pertinence de ces
hypothèses. L'élection présidentielle en dépit ou à cause de son
inadaptation à la réalité politique française actuelle, n'en a
pas fini, quoi qu'il arrive, de réserver des surprises.
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