Les
législatives, inséparables des présidentielles
Le
point au 16 juin 2017. Note 79, à J-2 du second tour.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique
jusqu'au 18 juin. L'analyse des résultats complets des deux tours
des législatives nous retiendra encore quelques jours après. Fin
juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes
les notes précédentes.
Si
près du vote final, il n'y a plus guère que cela à examiner :
la victoire des abstentionnistes va-t-elle encore s'élargir et
y aura-t-il un mouvement relatif de limitation du succès de la
République en marche ?
1
- L'abstention est annoncée comme plus forte que le 11 juin !
L’abstention
avait déjà battu des records au premier tour des élections
législatives, avec un taux de 51,29%. Ce taux pourrait s'élever
encore à 53% pour le second tour si l'on en croit un sondage Odoxa
pour Franceinfo,
publié
ce vendredi, 16 juin. Cela constituerait le record des records pour
une élection présidentielle ou législative sous la Vème
République.
Ce
même sondage indique que 48% des sympathisants de gauche
compteraient s’abstenir, comme 35% des sympathisants de droite
(hors FN), 61% des sympathisants FN, et 35% des sympathisants de La
République en marche. Ce sont les plus jeunes électeurs qui
devraient le plus bouder les urnes (61% des 18-24 ans et 63% des
25-34 ans n’iraient pas voter). Parmi les catégories
socio-professionnelles, ce sont les ouvriers et les employés qui
s'abstiendraient le plus (58%).
Un
sondage n'est pas une prévision mais c'est l'indication d'une
tendance. Flouée, la majorité des citoyens se rebelle. À 55%
d'abstentions, avec ou sans les votes blancs, les résultats des
législatives seraient fortement dévalorisés. Et il faudrait bien,
d'une manière ou d'une autre, tenir compte de la mauvaise humeur de
plus de la moitié du corps électoral ! Déjà, on reparle d'un
recours à la proportionnelle telle qu'elle fonctionne, et sans
inconvénients, dans plusieurs pays de cette Europe politique à 27 à
laquelle le président Macron s'affirme attaché.
Abstention
et mode de scrutin inacceptable finissent par se rencontrer dans
l'esprit des électeurs qui suivent de près la vie politique.
Un
électeur de Paris (XVIIIe) a osé poser, en réunion publique, une
question pertinente et audacieuse. Particulièrement inquiet du
faible taux de participation, il a interpellé comme suit les
candidats présents venus débattre : « Si vous êtes élus,
jusqu'à quel niveau d'abstention acceptez-vous votre mandat ? ».
La question a fait réagir la salle... mais tous les candidats l'ont
esquivée. Tout était dit...
2
– Les Français ne se retrouvent pas dans le résultat du 1er
tour !
Selon
un sondage Elabe pour BFMTV, publié jeudi 15 juin, 61% des personnes
interrogées souhaiteraient que le second tour "rectifie le
premier tour avec une majorité moins importante qu'attendue"
favorable au président Emmanuel Macron, contre 37% qui espèrent, au
contraire, qu'il confirme le résultat du premier tour. 22
% des sondés seraient même"très mécontents" des
résultats du 1er tour
Un
peu plus de la moitié (53%) des personnes interrogées se disent, en
outre, "inquiètes" de voir la République en Marche et
le Modem disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale
supérieure à 400 députés sur 577, tandis que 20% se disent
indifférents. En revanche, cette perspective inspire de la
"confiance" à 27% des Français sondés.
Ce
sondage a été effectué par internet les 13 et 14 juin auprès d'un
échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population
française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). La marge
d'erreur de 1,4 à 3,1 points.
Quant
à « corriger le tir », encore faudrait-il le pouvoir !
Le vote s'effectue circonscription par circonscription et de façon
binaire. Quatre députés ont été élus (trois en métropole, -
dont 2 LREM et un UDI – et un à Wallis et Futuna - DG). Restent
473 sièges à pourvoir.
Même
élue à la proportionnelle intégrale, l'Assemblée nationale
conserverait une majorité présidentielle, avec 186 députés sur
577, majorité relative donc, mais suffisante, grâce au jeu des
alliances à droite. C'est l'excès de majorité qui fait « tiquer »
les Français. Pour y remédier, il leur faudrait voter pour des
candidats aux orientations opposées (du FN au LR ou à FI). C'est
peu crédible. Dans les 473 circonscriptions où l'on votera, il n'y
aura qu'une seule triangulaire et 572 duels. 508 Candidats LREM et
MODEM devraient y être engagés. La statistique suffit à indiquer
que la partie n'est pas égale et que la majorité absolue ou
relative est promise à la République en marche. La campagne
officielle, qui s'achève ce soir, n'y peut plus rien changer pour
l'essentiel.
Les
dégâts sont donc faits. On en jugera l'ampleur dans deux jours. Il
est trop tard pour changer le cours des choses et le résultat des
consultations. Pourtant, une mise en garde est tombée : ni le
président, ni les députés qui se réclament de lui, ne disposent
d'une majorité effective. Le jeu de massacre a été rendu possible
par une loi électorale scélérate. Les nouveaux dirigeants seront
placés sous surveillance. Les « survivants » qui vont
entrer à l'Assemblée nationale pourront s'appuyer sur tous ceux à
qui a été volée une représentation juste et équitable. Quelques
correctifs très significatifs, bien que de faible ampleur,
pourraient bien, in extremis éclairer le paysage politique d'une
lumière très crue. Nous les examinerons avec attention si, comme
nous le pensons, ils se réalisent. Au-delà des élections, la vie
politique va s'amplifier, les débats vont se multiplier car rien
n'est acquis, ni pour le gouvernement ni pour son opposition.
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