Après les présidentielles et les
législatives,
quel gouvernement ?
quel gouvernement ?
Le
point au 21 juin 2017.
Note II
Note II
par
Jean-Pierre Dacheux
Un
gouvernement constitué entre les présidentielles et les
législatives s'est avèré instable ; quatre ministres, et non
des moindres, ont été démissionnaires et /ou mis sur la touche; le
MODEM, pourtant largement représenté au Parlement, est désormais
peu en vue au gouvernement. Nous sommes entrés, sans transition,
d'une présidence « jupitérienne » à une présidence
sur la défensive.
1
– Un faiseur de roi devenu inutile !
François
Bayrou, Garde des Sceaux, porteur d'une loi majeure pouvant redonner
aux Français confiance en leurs élus, est pris, avec tout son
parti, dans les mailles d'un filet dont on ne peut sortir sans
égratignures. Il va devoir faire face à la justice ! S'il
démontre son innocence et celle de ses proches, impliqués dans une
affaire de financement illégal au Parlement européen, - comme
nombre de parlementaires européens du FN ! - il n'en sortira pas
moins brisé politiquement. Il avait apporté un soutien peut-être
décisif au candidat Macron. Le voici, malgré un nombre conséquent
de députés, devenu inutile, dès lors que La République en
Marche a obtenu, à elle seule, la majorité à l'Assemblée
Nationale ! Se réjouir de cet échec du faux centrisme n'aurait
aucun sens. La page est tournée. Le centre droit ne pourra tempérer
les excès de la droite « franche et massive » qui
l'absorbe désormais. Il a perdu plus que son influence : sa
raison d'être. Le « dégagisme » a encore frappé. Il
faut comprendre ce vocable, en fin de compte, comme l'ensemble des
processus d'élimination, provoqués ou non mais tous produits par
des tensions politiques, accumulées, multiples, et qui sont loin
d'avoir cessé, on le constate, le 18 juin 2017 !
2
– Le désenchantement a recommencé.
Emmanuel
Macron s'est voulu au-dessus de la mêlée, « jupiterrien ».
Du Louvres à Versailles, il a, très vite, adopté un comportement
monarchique et il a voulu y ajouter une posture de leader
international. Ce positionnement politique ne l'a pas mis à l'abri
des contradictions internes. Le voici confronté à une crise
inattendue et d'ampleur encore inconnue. Le remaniement ministériel
ne compense pas les retraits de personnalités importantes plutôt
difficiles à remplacer. La prise de conscience de l'étroitesse de
l'assise populaire du gouvernement après l'abstention historique qui
a marqué, pour longtemps, les résultats du second tour et des
présidentielles et des législatives, affaiblit encore l'autorité
des dirigeants actuels, majorité parlementaire écrasante ou pas. Le
désenchantement qui avait accompagné les deux précédents
quinquennats n'a pas tardé à réapparaître. Emmanuel Macron ne
peut que pâtir de ce faux départ et s'il en vient à imposer sa
politique antisociale et sécuritaire, il va vite, lui aussi ...
déchanter.
3
– Les fragilités survenues ont encore modifié la donne politique.
Aucune
des questions majeures que nous avons déjà signalées ne va être
masquée par cet épisode gouvernemental fâcheux et surdimensionné.
Au contraire, il va bien falloir les re considérer en tenant compte
de ces nouvelles fragilités survenues.
•
L'abstention aura été une réponse de grande portée donnée au
désenchantement provoqué par les politiques qui ont été mises en
œuvre. À partir d'un certain taux, majoritaire, l'invalidation du
scrutin ne peut qu'être envisagée.
•
Le bulletin blanc est une réponse valide donnée à l'impossibilité
d'un choix. Il doit devenir un suffrage exprimé dont
l'interprétation s'ajoute, de fait, à l'abstention.
•
Le bulletin nul résulte de la colère ou de la déception d'un
électeur qui ne sait s'exprimer autrement. Sans que ce puisse
devenir un suffrage exprimé, il fait nombre aussi avec l'abstention
et le vote blanc.
•
Tout mode de scrutin qui n'établit aucune proportionnalité entre le
nombre des votants et le nombre des élus perd son sens et constitue
un déni de démocratie. La répartition des sièges à l'Assemblée
vient de nous le faire constater. Notre scrutin actuel, majoritaire,
uninominal, à deux tours, unique en Europe, doit donc être
abandonné.
•
Représenter les citoyens n'est pas se substituer à eux. Le député
est un porte-parole et un éducateur politique ; il n'est pas un
décideur politique solitaire. La démocratie réelle est plus que
participative, elle est consultative, délibérative et co-décisive.
Elle n'est pas en suspens, en attente entre deux consultations et il
ne suffit plus de l'admettre.
•
Interroger le peuple en son entier, par voie référendaire ou autre,
doit s'effectuer, non exceptionnellement mais régulièrement, comme
savent le faire les Suisses.
On
voudrait nous donner à croire que le Président et son gouvernement
vont pouvoir, appuyés sur un majorité massive (et qui peut encore
s'élargir), diriger le pays sans autres oppositions que celles,
réduites, de parlementaires ne disposant que de la force de leur
verbe. La réalité est plus mouvante et plus complexe que cela. On
enferme les citoyens dans la fausse alternative suivante : entre
la loi des urnes et celle de la rue, un démocrate doit choisir. La
volonté populaire passe par de multiples voies, et pas seulement
dans les bureaux de vote ou dans la rue. Il arrive qu'une idée juste
s'impose avec ou sans bulletins de vote, avec ou sans manifestations
de rue. Pèsent parfois, de façon décisive, le livre d'un penseur,
l'article percutant d'un journaliste qualifié, la conférence d'un
chercheur dont les travaux font autorité, l'enseignement d'un
universitaire, un tract même quand son contenu bouleverse ses
lecteurs, la rencontre ou la réunion de citoyens en quête,
ensemble, de réponses aux questions de notre temps, la dynamique
d'associations mettant les convictions de leurs membres à l'épreuve
de l'expérience ... Bref, la politique nous submerge et déborde des
enceintes spécialisées, parlementaires ou autres. Le pire danger
est dans la résignation de ceux qui estiment que l'on ne peut que
s'incliner devant un vainqueur ! Rien n'est jamais définitif.
Nous en ferons, plus vite que par le passé, la constatation tant est
grand l'écart entre l'état du monde en profonde transformation et
les politiques que l'on nous annonce en France.
Non,
le vieux monde n'est pas de retour même si ceux qui s'y sentent à
l'aise croient pouvoir nous en imposer les formes surannées.
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