Un
deuxième temps intermédiaire et décisif .
Le point
au 23 février 2017
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler,
analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne
électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte,
daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents
présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires »,
puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et
décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des
candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les
événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
François Bayrou a-t-il été
« dégagé » ou s'est-il lui même dégagé ou
désengagé ?
1 - Le « dégagisme »
est un néologisme politique fondé à partir du verbe « dégager »
et popularisé, à partir de 2011, lors du Printemps arabe. Il y a
même un « Manifeste du dégagisme »
apparu récemment en Belgique1.
Il est trois façons
d'être « dégagé » :
1 - parce qu'on a été
chassé du pouvoir (comme ce fut le cas en Tunisie pour Zine
el-Abidine Ben Ali, en Égypte pour Hosni Moubarak ou au Burkina Faso
pour Blaise Compaoré) ;
2 - parce que l'on a
échoué à prendre place dans la course au pouvoir (comme ce fut le
cas avec les deux primaires qui ont éliminé, l'une : Sarkozy
et Juppé, l'autre : Valls et Montebourg...) ;
3 - parce que l'on se
dégage soi-même et c'est ce que vient de faire François Bayrou
après François Hollande.
Le paysage politique
français, peu à peu, se dégage donc et va continuer de se dégager
car plusieurs candidats potentiels ne rempliront pas les conditions
pour participer à la campagne électorale officielle. Ce
« nettoyage » n'est pas achevé et avant même que
n'apparaissent, le 23 avril, les deux candidatures qui dégageront
toutes les autres (car tel est l'indigne mode de scrutin présidentiel
en vigueur, depuis 1962, en France), il peut y avoir encore des
événements entrainant, pour François Fillon ou Marine Le Pen, une
déconfiture directe (au cas où l'un d'eux serait contraint de se
retirer) ou indirecte (si les effets des révélations ravageuses de
la presse se poursuivaient et ruinaient toutes leurs chances).
Jean-Luc Mélenchon a
repris ce vocabulaire « dégagiste ». Il veut dire par là
que tous ceux qui ont trahi leurs électeurs doivent quitter la scène
politique à commencer, au sein du parti socialiste lui-même, par
les acteurs gouvernementaux du dernier quinquennat. C'est là une
exigence que Benoît Hamon peut encore difficilement satisfaire et
qui pourrait, sauf nouvelle surprise dégager tout candidat se
réclamant de la gauche du second tour de la présidentielle.
2 – L'alliance (non
le ralliement) entre F.Bayrou et E. Macron constitue un pari risqué.
L'objectif
est clair : « dégager » définitivement Fillon de
la seconde place que les sondages estiment encore possible et
l'emporter aisément face à Marine Le Pen, in fine.
Ce choix stratégique va entrer en conflit avec celui des candidats
Hamon et Mélenchon qui ont le même objectif mais qui ont un
obstacle préalable à franchir : leur rivalité politique qui
ne concerne pas que leur ego mais l'avenir du pays. Sans
l'intervention de leurs électorats qui veut leur union avec l'appui
des écologistes véritables, la partie est mal engagée.
Paradoxalement, la fuite de libéro-socialistes (tels Gérard
Collomb, voire Stéphane le Foll) ou de libéro-écologistes (tels
François de Rugy ou Corinne Lepage ) vers Emmanuel Macron peut y
aider. Restent deux mois. C'est peu et beaucoup à la fois. Si la
proximité des programmes de la France insoumise et de Benoît
Hamon (qui ne peut pas compter sur le PS en son ensemble) est mise en
évidence, il deviendra impossible de juxtaposer et de mettre en
compétition des idées trop proches, en prenant le risque
d'annihiler tous les acquis déjà rassemblés !
En bref, entre Bayrou-Macron et Mélenchon-Hamon-Jadot une course
contre la montre vient de s'engager. Entre le centrisme de droite
(qu'incarne Bayrou et qui contaminera le discours flou de Macron) et
la gauche en reconstruction (qui doit s'affranchir vite de la fausse
gauche libérale), un débat sans concession va s'ouvrir. Nous
pouvons y participer !
Il
reste encore beaucoup à dégager !
1http://www.manifestement.be/degagismeMANIFESTE/DegagismePourSoldes.pdf
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