La
candidature de Benoit Hamon à l'élection présidentielle présente
l'avantage d'interroger les citoyens français sur une question
fondamentale :
Dans
quelle société voulons nous vivre demain ?
-
Dans une société solidaire où l'existence des autres importe à
chacun,
-
Dans une société individualiste et égoïste où le sort d'autrui
importe peu.
En
effet, le projet de Revenu Minimum Universel dont Benoit Hamon se
veut le promoteur s'il est élu nous oblige à nous poser cette
question qui au cœur du débat qui traverse la société
contemporaine.
Benoit
Hamon part de l’idée que la « destruction créatrice1 »
des emplois ne se vérifie pas et que l'informatique, la robotisation
et les nouvelles technologies généreront dans les prochaines
décennies une augmentation structurelle du chômage et que l'idée
du plein emploi est une chimère impossible à atteindre.
En
conséquence, la recherche de solutions de garantie d'existence
devient impérative et c'est de la tradition socialiste de rechercher
inlassablement
l’émancipation des individus.
Selon
ses promoteurs, le RMU est
un revenu qui permettrait d'être protégé contre les aléas de
l'existence qui sont le plus souvent d'origine sociale. Il
garantirait une protection aux personnes défavorisées sous la forme
d'un revenu de base, un plancher en dessous duquel la société ne
peut pas tolérer que ses membres descendent.
Dans
une société civilisée, comme la société française, il est
impératif d'affirmer que la subsistance de chaque Homme, en
l'occurence, pouvoir répondre à ses besoins de base, est un droit
universel.
Ne
pas adhérer à ce postulat, obligerait à remettre en question tous
les traités internationaux signés par notre pays au titre de la
solidarité due aux êtres humains, en autre, la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme de 1948 que la France a signé et
que le Parlement a ratifié qui affirme dans son article 23 que
« toute
personne a droit au travail » pour
assurer
sa subsistance. Belle intention si elle était respectée par les
démocraties occidentales, mais c'est loin d'être le cas.
Le
concept d'un revenu de base est très ancien. Déjà sous
l'antiquité, l'Empire romain avait créé le service de l'annone
consistant à garantir, aux citoyens romains, la nourriture,
essentiellement, le blé, parfois, la viande et le vin, et de
nombreux penseurs2
y ont réfléchi au cours de l'histoire. Ce revenu minimum est déjà
pratiqué dans certaines régions du monde avec des retours
d'expériences positifs.
Cette
idée d'un revenu minimum ne paraîtra absurde qu’à ceux nombreux
qui sont figés dans leur conservatisme et ont intérêt à ce que
rien ne change dans le paysage politique français. Incitation
à la paresse et à l'assistanat pour ceux qui considèrent que le
travail, mètre-étalon de
toute existence, est le propre de l’homme.
Pour
ceux qui pense que
c'est
le travail qui fait le citoyen et que le seul remède pour aider les
pauvres c'est le droit au travail, il me semble
que la seule réponse pertinente à ces assertions archaïques, la
seule vraie piste de réflexion que notre société devrait suivre :
c'est que ce n'est pas le travail qui fait l'Homme, qui lui donne son
identité, sa socialisation, mais son « utilité »
au travers de la question : Est-ce
que je suis utile à la société ?
Margaret
Thatcher écrivait : « il
n'y a rien que vous puissiez appeler société ; il existe juste
des individus, hommes et femmes. Il n'y a donc pas de société, mais
une agglomération d'individus qui font des choix. »
Cette
vision étriquée, celle de l'école de Chicago et du libéralisme
ambiant, où l'individu ne serait pas obligé d'appartenir à la
société, est la négation de l'esprit de solidarité que combat,
justement, le RMU.
Même
les médias français dont la majorité appartient aux financiers
milliardaires donnent le ton : pas
de ça chez nous !
Ce
qui gêne l'oligarchie de pouvoir, c’est que le système actuel
puisse être réformé : trop d’intérêts sont en jeu, trop
des pouvoirs qui en résultent. Lorsque les politiques de notre pays
parlent de réformes, c’est toujours pour faire un pas en arrière,
pour limiter les droits des salariés et des nécessiteux. Ils
affirment que la société n'a aucune responsabilité et que les
pauvres sont seuls responsables de leurs situations.
On
ne touche surtout jamais au vrai scandale de la précarité, par
exemple des jeunes qui « choisissent » des études
courtes (ou pas d’études du tout) parce qu’ils n’auront jamais
les moyens d’en faire des longues (Elles sont réservées aux
élites ou à ceux qui peuvent s’endetter, car chez ces gens là on
ne se reproduit qu'entre soi).
Quoi
qu'en ait dit Margaret Thatcher et ses amis libéraux, l'humanité
n'est pas une jungle et l'ensemble de la société doit une
solidarité basique et un revenu d'existence aux citoyens
nécessiteux, quelles que soient les raisons de leurs besoins.
La
société n'a pas à porter de jugement moral sur les causes de la
misère. Elles peuvent être la paresse, la malchance, la maladie ...
mais pour qu'un être humain existe, il faut lui accorder sans
condition un revenu de base.
Cependant,
il y a tout de même lieu d'être très prudent avant la mise en
place d'un Revenu Minimum Universel. Cela doit être particulièrement
réfléchi et accompagné d'un train de lois sur le droit du travail
afin d'empêcher les employeurs de revenir sur le salaire minimum et
la progression des rétributions. En effet, Il ne faut pas que le RMU
devienne une roue de secours du capitalisme mais qu'il soit une vraie
avancée pérenne contre la précarité et la pauvreté.
JCVitran
- 3.02.17
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_creatrice
2. Thomas More 1516 - Juan Luis Vives 1526 - Montesquieu 1748 -
Thomas Paine 1797 - Bertrand Russell 1918 - Friedrich Hayek 1944 - Martin
Luther King 1957 - Milton Friedman 1962 - Erich Fromm 1967 - Van
Parijs 1986 - André
Gorz 1996
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