Depuis
quelques semaines, le monde journalistique est agité de soubresauts,
en effet, le journal Le Monde a créé une application
numérique destinée à distinguer le bon grain de l'ivraie
médiatique.
Cette
application appelée « DECODEX »1
distribue des notes2,
sous la forme de code couleur, permettant, selon ses créateurs, de
juger de la qualité du médium en question.
Je
trouve cette application particulièrement inacceptable, voir
dangereuse ; quel droit, au sens éthique du terme, les
journalistes du journal Le Monde peuvent-ils s'octroyer pour
se permettent de juger de la qualité et de la véracité des
articles de leurs confrères ?
Serions
nous revenus en 1870, au temps de l'infaillibilité du Pape Pie IX,
du Syllabus, de l'Index et du contrôle et de l'interdit des
écrits (dont les livres de Rousseau à Sartre...) ?
De
plus, il est légitime de se poser la question de savoir qui
contrôlera ces « sanctionneurs » mais aussi de
l’impartialité de la ligne éditoriale du journal lorsque l'on
sait que la propriété de cet organe de presse est distribuée entre
trois grandes fortunes françaises - Xavier Niel3,
Pierre Bergé4
et Matthieu Pigasse5
- par ailleurs propriétaires de l'Obs.
Inacceptable,
parce que la presse ne peut pas et ne doit pas être aux ordres d'un
pouvoir, quel qu'il soit, et Le Monde, pas plus qu'un autre
médium ne peut distribuer des brevets de bonne conduite et de bonne
information.
Dangereux,
parce que le projet remet en cause le fonctionnement démocratique de
notre société, et qu'il ne s'arrête pas là. Dans l'information
donnée par Le Monde on apprend que huit médias français6
ont décidé, comme cela existe aux USA depuis décembre 2016, de
collaborer avec Facebook pour réduire la présence de fausses
informations sur le réseau social, avant de s'attaquer au reste du
monde.
S'il
est vrai que l'Internet et la prolifération des médias télévisés
ont décuplé l’information, sa manipulation est aussi vieille que
le monde et il serait bon, avant de vouloir donner des leçons aux
autres, de balayer devant sa porte.
La
mode des médias « bien-pensants » est de laisser croire
que tous ceux qui sont indépendants sont suspects de complotisme dès
lors qu’ils ne délivrent pas la parole officielle.
Pourtant
quelle que soit la qualité ou la véracité des nouvelles mises en
ligne par ces publications indépendantes, elles ont un énorme
avantage, celui d'exister.
Enfin,
c'est aux lecteurs de se faire une idée de la valeur des nouvelles
et celui-ci ne doit pas avoir besoin d'un organe qui réfléchit à
sa place pour lui distiller la pensée unique.
Il
est vrai que l'on n'apprend plus beaucoup dans nos écoles
républicaines à développer "l'esprit critique" et
"l'esprit de synthèse". C'est un exercice trop dangereux
pour l'ordre établi qui n'a pas besoin d'individus qui
réfléchissent, mais seulement de moutons qui consomment et avalent
les postulats du système. Le but avoué, - il suffit de réécouter
les propos de Patrick Le Lay sur le « temps de cerveau humain
disponible7
» - , c'est de faire du citoyen seulement un consommateur sous
influence.
Il
nous faut absolument combattre ces empêcheurs de penser par soi-même
qui ne sont que des courroies de transmission de l'éternelle machine
à aliéner qui l'on nomme capitalisme.
JC
Vitran - 21.02.2017
1. Très
vite qualifié de DECONEX par une partie de la profession.
2 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/23/le-decodex-un-premier-premier-pas-vers-la-verification-de-masse-de-l-information_5067709_4355770.html
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Niel
- Fortune personnelle : 7,5 milliards USD (2017) Forbes
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bergé
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Matthieu_Pigasse
6. Le Monde, l'Agence France-Presse (AFP), BFM TV, France
Télévisions, France Médias Monde, L'Express, Libération et 20
Minutes.
7 « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau
humain disponible »
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