S'engage,
jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.
Le
point au 15 février 2017
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser
l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale
qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté
et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même
titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu
le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être
contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017,
nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes,
que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique
chronologique.
Le
rapport des forces se modifie sans cesse et le débat d'idées est
escamoté.
Dans la note n°11 du 8 février,
nous avions effectué un premier « état des lieux » Il
semble, une semaine après que tout bouge et que rien n'a bougé
encore ! C'est un constat bizarre... L'hebdomadaire « le
1 » titre aujourd'hui : « La grande lessive
présidentielle ». En effet, tout est brassé, reconstitué,
mélangé et les électeurs ont, à moins de 70 jours du premier tour
de l'élection, toutes raisons de ne pas s'y retrouver. Et pourtant,
les repères subsistent et permettent de sortir et d'éclairer ce qui
a été « mis sous le boisseau ». Les jours qui viennent
vont apporter du neuf... Tel est notre regard dans cette attente.
1- Le Front national
s'éloignerait du fascisme et deviendrait présentable, voire
respectable, un parti « comme les autres » en quelque
sorte. Il séduit, pour le moment, une majorité (relative)
d'électeurs sondés ! En réalité, Marine le Pen, comme son
père, vise moins l'Élysée que la domination politique du pays. Une
entrée fracassante au Parlement pourrait y suffire. L'effondrement
probable de la candidature Fillon lui ouvre un espace supplémentaire.
À la vérité,
l'ultra-nationalisme, en France et dans plusieurs autres pays
d'Europe, conduirait à l'aventure, voire à la guerre.
L'anti-capitalisme du Front n'est qu'un argument de campagne destiné
à influencer le vote populaire des victimes de l'économie libérale.
Les thèmes traditionnels du FN (et notamment son rejet de l'immigré
puis du réfugié) restent premiers. Faire barrage à l'extrême
droite non par des généralités mais argument contre argument, n'a
jamais été aussi nécessaire.
2 – La droite classique
s'était donnée, en la personne de François Fillon, un champion non
de l'extrême droite mais bien de la droite extrême (dure). Les
révélations relatives aux libéralités douteuses du parlementaire,
avec de l'argent public l'ont mis en grande difficulté lui et son
camp ! Le danger, pour « les Républicains », contre
toute attente, serait, à ce jour, l'élimination dès le premier
tour ! C'était imprévu.
Les puissants qui sont derrière
« la droite de gouvernement » ont un choix rapide et
difficile à faire :
• ou bien prendre le risque de
soutenir Fillon jusqu'au bout (car sa politique convient au
patronat).
• ou bien le faire remplacer
par un candidat moins « mouillé » dans des affaires,
(mais qui ?)
• Ou bien rallier, tout de
suite, Emmanuel Macron (mais la ficelle serait grosse!).
3 – La droite cachée, qui
séduit y compris dans les rangs du social-libéralisme, dont le plus
visible soutien est le maire PS de Lyon, est représentée par
Emmanuel Macron. De qui est-il la créature ? Il surfe sur le
désir du consensus droite-gauche espéré dans la partie naïve de
l'opinion qui rêve d'un rassemblement des compétences d'où
qu'elles viennent.
Quand Macron va devoir sortir du
bois et indiquer les voies qu'il veut emprunter (peu à gauche,
nombreuses à droite), il risque un effondrement ( il perd déjà un
peu de terrain selon le sondage Edoxa de ce Mardi 14 février ).
4
– Le centre introuvable, lui
aussi en panne de candidat, piégé par la primaire et son erreur de
ralliement à Juppé, va-t-il ressortir François Bayrou qui ne peut
ni soutenir Fillon ni se retrouver chez Macron ? La quatrième
candidature du maire de Pau est possible encore.
Les sondages ne lui sont pas
favorables mais sa cote d'opinion reste très bonne. La droite
tempérée, « humaniste » qu'il représente peut séduire
encore. D'ici la fin de la semaine, on saura « s'il y va... »
5 – La gauche
diversifiée et qu'on n'ose plus appeler plurielle, est à la
peine. Benoît Hamon est en nette hausse dans les enquêtes
d'opinion. Jean-Luc Mélenchon, stable, continue son travail de
fourmi. Yannick Jadot a du mal à obtenir les 500 parrainages
nécessaires. Ces trois personnalités sont condamnées à échouer
si elles ne s'unissent, à moins qu'elles ne visent déjà que les
législatives.
Les ralliements des uns
aux autres sont peu crédibles (hormis celui de Jadot à Hamon, écolo
compatible). Mélenchon est trop avancé pour reculer et il a des
exigences, vis à vis de certains collaborateurs de Hollande (à
abandonner) que Hamon n'a pas le pouvoir de satisfaire. On se dirige
donc vers des scores d'estime mais pas vers la victoire finale le 7
mai prochain.
6 - Laissons de
côté, - même si ce n'est théoriquement pas juste – les
« petites » candidatures, de droite (telles celles de
Michèle Alliot-Marie ou de Nicolas Dupont Aignan) comme de gauche
(celles de Philippe Poutou, de Charlotte Marchandise ou de Nathalie
Arthaud) qui ne peuvent rien changer, pour le moment, à l'équilibre
des forces.
Ces candidatures et
d'autres encore, dont très peu émergeront le 17 mars, révèlent
toutefois l'inanité (ou le trop plein) de l'élection présidentielle
faite pour éliminer bien plus que pour faire émerger des politiques
originales ou non conformes au modèle institutionnel
« bi-partidaire » !
7 – Cette
élection est cependant hors normes. Il fallait bien que cela se
produise un jour. En politique tout ne peut être complètement
bloqué. Arrivée à son terme, la Vème République ne peut être
relancée et va continuer à se déliter lentement, à moins qu'elle
ne se trouve renversée « en pire », plus rapidement
qu'on ne pensait, sous la forme d'un nouvel ... « empire »
brutal et totalitaire !
2017 a déjà été
l'année des surprises et tout donne à penser que ce n'est pas
terminé.
8 – Que peuvent
faire les citoyens ?
Les non politisés vont
suivre leur pente. Les politisés fanatiques vont suivre leur mentor.
Les autres vont se déterminer après doutes et hésitations.
Certains ne voteront pas parce qu'ils récusent le principe même de
la monarchie républicaine ou parce qu'ils n'attendent rien d'une
élection. D'autres voteront blanc parce qu'aucun candidat ne peut
mettre en pratique ce qu'ils attendent ou parce qu'ils écartent les
noms qu'on leur présente. D'autres encore feront un compromis et
choisiront un candidat capable de freiner ou d'interdire une
candidature exécrée. Peu voteront « comme ils pensent ».
Il semble bien que, le
plus souvent, dans l'esprit des électeurs, la politique soit
enfouie, détournée, paralysée, voire absente. Le temps serait venu
de tenter de la régénérer et revivifier. Des signes le font
espérer mais une élection, fut-elle, en France, la principale, n'y
peut suffire.
9 – L'intérêt pour
les présidentielles ne protégera pas de l'abstention mais peut la
réduire
Qui
peut dire si la participation à l'élection, comme c'est habituel à
l'occasion des présidentielles sera forte ou très forte ? Le
doute est ravageur et peut entrainer « la grève des urnes ».
Sans espérance, on tend à se retirer d'un scrutin qui ne motive
plus.
Deux
raisons donnent à penser que le vote sera, quand même, sinon
massif, du moins significatif : d'une part, comme en 2002, on
fera barrage au FN, au pire au second tour ; d'autre part. la
montée de la recherche de voies nouvelles (notamment à gauche), qui
s'exprime déjà, laissera des traces dans les urnes.
10 - Les questions
principales non ou mal évoquées vont-elles apparaître enfin ?
•
Le président de la République a le pouvoir de déclencher l'arme
nucléaire. L'ONU a décidé de préparer, en 2017, un traité
d'interdiction de telles armes. La France peut-elle encore s'y
opposer ?
•
L'Europe politique est en difficulté. Doit-on l'abandonner ou
la relancer et, si oui, comment ?
•
Les inégalités de revenus sont abyssales. Un revenu minimum
garanti peut-il les amoindrir ?
•
La santé humaine est très menacée par de très nombreuses
pollutions. Que faire en priorité ?
•
Le réchauffement climatique, est « oublié » par
la plupart des candidats de droite comme si cette problématique
majeure ne concernait pas tous les hommes, y compris ceux dont les
politiques économiques sont à l'origine de cette catastrophe
annoncée.
•
La conversion énergétique est engagée, mais fort
timidement ! Pour que toutes les énergies renouvelables,
ensemble, puissent satisfaire nos besoins (à restreindre du reste)
qu'entreprendre de façon concertée et massive ?
Ces
questions majeures (il en est d'autres) ne peuvent durablement être
étouffées. Reste à savoir si elles feront leur chemin dans les
semaines à venir...
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