Le
jeûne est une privation volontaire de nourriture. C'est, par
conséquent, un acte très culturel s'opposant à notre naturel
d'êtres vivants omnivores. La motivation du jeûne est parfois
médicale. Ce jeûne peut être bref (avant une prise de sang) ou
prolongé (pour obtenir, par exemple, une perte de poids). Une
autre motivation du jeûne, bien connue, est d'ordre religieux,
comme
pendant la Semaine sainte des Catholiques ou le Ramadan des
Musulmans, mais il peut s'agir, tout simplement, d'une recherche
spirituelle visant à obtenir une meilleure connaissance et une plus
grande maîtrise de soi.
Toute autre est la grève de la faim qui est l'engagement personnel mais total, parfois sans limitation de durée, de celui qui veut exprimer, seul ou en groupe, son opposition à une violente injustice, dont il s'estime victime, lui-même ou sa communauté de vie. Bobby Sand et 9 autres de ses compagnons irlandais en sont morts, en 1981, à cause de l'intransigeance sans retour du gouvernement anglais de Margaret Thatcher.
Le
jeûne-action, différent, est un engagement collectif et
concerté dont la durée est, en principe, fixée. C'est donc une
alerte, une prise à témoins politique, afin d'éveiller les
consciences citoyennes.La grève de la faim et le jeûne-action se
rejoignent dans la dénonciation politique d'un crime. Gandhi vécut
cet engagement-là, personnel et collectif tout à la fois, et il en
a prouvé l'efficacité.
Le
pasteur Martin Luther King, qui fut l'un des principaux porte-parole
de la non-violence politique, assassiné par certains de ceux qui
avaient constaté et déploré son influence, n'hésitait pas à
donner des « Conseils pratiques pour le jeûne » afin d'y
trouver la force de lutter.
Nelson Mandela « l'homme qui a dit non à la vengeance » a vécu une manière de jeûne total, contraint mais assumé, au cours de ses 27 années d'incarcération et il a fait « de son corps même une arme de protestation » contre l'apartheid.
Le
jeûne-action pour l'abolition des armes nucléaires (tel que celui
qui a eu lieu à Paris, place de la République, du 6 au 9 août
2016), se veut aussi l'arme politique non-violente qui
est utilisée,
à ces mêmes dates, chaque année, lors des commémorations des deux
bombardements nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki, en 1945.
(1)
L'Action
Civique non-violente (contre la torture et la guerre d'Algérie),
avec l'appui de Lanza del Vasto, avait ouvert, durant les années
1960-1963, une voie qui, depuis, n'a jamais été totalement
refermée. Le Mouvement pour une alternative non violente (ou MAN)
exprime toujours, à cet égard, la radicalité des engagements de
citoyens civilisés et bien décidés à faire obstacle à
l'inhumanité de l'espèce humaine elle-même !
JPDacheux
- 10.08.16
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