La
présidence, en France, est la responsabilité portée par celui
(plus rarement celle...) élu(e) dans l'une de nos multiples
institutions.
Le
titre II de l'actuelle Constitution de 1958 (24 fois modifiée entre
1960 et 2008), ne compte pas moins de 15 articles concernant le seul
Président de la République. Aucun des 16 autres titres ne compte
autant d'articles. Par cette observation, on constate déjà que
l'actuel régime politique français est principalement présidentiel
et accessoirement parlementaire.
Ce
caractère présidentiel de nos institutions se retrouve partout à
commencer dans « les corps constitués », autrement dit
les corps établis par la Constitution, au niveau national (Assemblée
nationale, Sénat, Conseil d'État, Cour des Comptes, Conseil
Constitutionnel, Conseil économique, social et environnemental,
Banque centrale...) dont les Présidents ont un rôle majeur précisé
parfois dans des lois organiques.
Il
est bien d'autres présidences au niveau des collectivités
territoriales : Conseils régionaux, Conseils départementaux,
Conseils municipaux1,
Conseils de Métropole ou d'agglomération, sans oublier les
collectivités
d'Outre-mer
(Guadeloupe, Martinique, Réunion, Guyane, Nouvelle Calédonie,
Terres Australes et Antarctiques Françaises, Polynésie Française,
Mayotte…).
La
loi de 1901 concernant les associations (culturelles, sportives,
familiales, de consommateurs, de protection de l'environnement, de
locataires, de parents d'élèves, etc) prévoit que soient élus des
exécutifs dotés d'un
président.
Il
en est de même pour les partis politiques, les syndicats, les
dotations (universitaire, hospitalière, de coopération
scientifique...) qui peuvent être également présidés.
Cette
surabondance de présidents ou autres substituts (du type secrétaire
général) présente des avantages et des inconvénients. Des
avantages, grâce au maillage du pays administré de façon organisée
et décentralisée. Des désavantages, à cause de la possibilité
d'une centralisation des pouvoirs entre les mains d'hommes seuls,
même s'ils sont entourés de collaborateurs compétents et dévoués
mais trop rarement co-décideurs.
La
présidentialisation politique de la France aura eu des effets sur
les pratiques locales de moins en moins collaboratives et de plus en
plus centralisatrices, voire autoritaires. L'esprit coopératif ou
mutualiste n'y a rien gagné, tout au contraire.
Les
questions posées par cette perversion de la vie associative sont les
suivantes :
•
Ces mauvaises
habitudes sont-elles réversibles et le partage réel des tâches et
des décisions peut-il inciter des collaborateurs nouveaux, et d'une
autre génération, à s'engager dans la vie associative ?
• L'organisation
des pouvoirs publics français, qui, jusqu'ici, a déteint sur toute
la vie citoyenne, pourrait-elle, une fois modifiée par une révision
constitutionnelle démocratique et radicale, être un facteur
suffisant pour transformer de façon collaborative l'en-commun de nos
vies locales ?
• L'avenir
politique ne pouvant continuer à être délégué à des
représentants de plus en plus soumis à des intérêts particuliers,
est-ce que la relance de l'initiative peut ou non s'effectuer dans un
climat de déprésidentialistion qui n'est rien d'autre que la marche
en avant vers une démocratie véritable ?
JPDacheux - 31.08.16
1 Les
maires sont les présidents de leur Conseil et plus encore :
chacun d'eux est un exécutif à lui tout seul.
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