Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises
Le
point au 29 mars 2017. Note 31 à J-25
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
voulons continuer d'analyser l'évolution de la situation politique
pendant la campagne électorale ouverte, en réalité, depuis la fin
2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux
précédents présentés et, depuis le 20 mars, sous le titre : «
Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises »
Chacun de ces textes peut être contredit, sans doute, parfois, par
les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et
même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour
effectuer cette activité politique chronologique.
Cette
journée du 29 mars 2016 fera date ! On court d'événement en
événement. « La campagne à surprises » n'en finit pas
de nous étonner. Le « feuilleton » présidentiel est
vraiment sans égal ! Cela nous conduit-il vers un mieux ?
Vers des changements, oui, certainement, mais vers un mieux, c'est
encore impossible à dire !
1
– Une indécision multiforme
Dans
moins d'un mois, le premier tour de l'élection présidentielle sera
terminé. Le mode de scrutin qui ne laisse en lice que deux candidats
révèle toute sa nocivité. Faut-il voter alors que l'élection d'un
monarque, fut-il républicain est intrinsèquement antidémocratique ?
Faut-il voter blanc pour exprimer et sa volonté de voter et son
refus de participer à un choix truqué où l'on se voit proposer de
voter contre et non pour ? Faut-il attendre une dernière
décantation des candidatures avant de se déterminer ? Trois
positions, inconfortables, d'où l'on ne peut satisfaire le besoin
d'un urgent renouveau ...
Que
nous disent les enquêtes d'opinion si l'on y cherche autre chose que
l'indication des places actuelles des concurrents dans cette course
au pouvoir ?
A
– Jamais, à une élection présidentielle, on n'a envisagé un tel
taux d'abstention égal ou supérieur à 30%. Est-ce une tendance
irréversible ou la manifestation d'un trouble profond au sein de
l'opinion alors qu'un grand nombre d'électeurs ne savent encore
qui choisir ?
B
– À cela s'ajoute l'indétermination parmi les électeurs décidés
à voter qui atteindrait 40% d'entre eux ! Autrement dit la
« cristallisation » n'est pas faite et tout pronostic est
imprudent.
C
– Marine Le Pen dont on a fait un épouvantail, ne fait plus, tout
en restant à un haut niveau d'intentions de vote, la course en tête.
Quant à la voir élue présidente, au terme du second tour, aucune
source de sondage ne l'a encore donnée gagnante.
D
- Emmanuel Macron se voit obligé de prendre des distances avec
nombre de ceux qui se rallient à sa candidature ! Il y a trop
plein. Il y a confusion. Il y a tentative de se sauver de la part de
ceux qui quittent les deux navires en perdition : les
« Républicains » et le PS.
E
– Benoît Hamon a gagné une primaire organisée et voulue par un
parti qui le lâche. Ce jour aura été le jour d'annonciation de la
fin du Parti d'Épinay puis de Mitterrand. Il ne structurera plus la
Vème République et, s'il ne disparaît pas, il va rejoindre les
partis groupusculaires comme le parti radical ou le parti communiste.
Celui qui voulait débaptiser le parti « socialiste »,
Manuel Valls, a réussi à le tuer.
F
– Jean-Luc Mélenchon a creusé un écart avec Benoît Hamon de
l'ordre de 5 points, selon les derniers sondages. Comment, dans ces
conditions pourrait-il se ranger derrière le candidat des
socialistes fidèles à leur parti, lequel est déserté, disloqué
et, désormais, sans objectif politique clair. Abandonné par nombre
des siens, Benoît Hamon, quels que soient ses mérites, l'intérêt
de ses propositions et son courage, n'est plus en mesure de
l'emporter. Jean-Luc Mélenchon est condamné à tenter
l'impossible : parvenir à dépasser Fillon (le candidat de
droite fait tout ce qu'il faut pour lui faciliter la tâche) puis à
rejoindre Macron (si le candidat se met en marche arrière en
devenant, pour les électeurs, le réceptacle de toutes les
contradictions et de toutes les « combinaziones »). Quoi
qu'il arrive, Mélenchon reste, de fait, le seul représentant d'une
gauche nouvelle sociale et écologique, mais nul ne sait, pas même
lui, sans doute, jusqu'où la France insoumise va s'élever ...
2
– Du « cabinet noir » où l'on veut nous enfermer
afin qu'on n'y voit plus clair.
Pénélope
Fillon est, à son tour, mise en examen. Est-ce le coup de grâce
pour son époux. Ce n'est pas sûr. Il bouge encore et puis il
accuse : un « cabinet noir » téléguidé par
François Hollande, est chargé d'assurer sa perte, sa « mort »,
dit-il !
Le
« cabinet noir » aurait été voulu et installé par
Richelieu. Il s'agissait de contrôler, surveiller et, le cas
échéant, éliminer, les opposants au Roi. Depuis, tous les pouvoirs
ont fait fonctionner des officines politiques faites pour informer et
protéger les Chefs d'État. François Fillon, ancien premier
Ministre, en sait assez pour pouvoir évoquer ces moyens para légaux.
De là à affirmer qu'il en est victime, c'est aller trop vite en
besogne.
Car
le « cabinet noir », quand il existe, est bien plus qu'un
moyen de renseignement utilisé par tout pouvoir central. C'est un
outil criminel permettant d'écarter du pouvoir, par tous les moyens,
autant les proches indociles que les adversaires. C'est l'obscurité
opposée à la transparence. Bref ce n'est pas parce que les services
secrets existent que les accusations portées par la Justice à
l'encontre de François Fillon sont suspectes ! La meilleure
défense est-elle toujours l'attaque ? La vérité se
fabrique-t-elle dans les souterrains de l'Élysée ? Si c'était
le cas, et si c'est tellement condamnable, pourquoi vouloir, coûte
que coûte entrer dans ce palais présidentiel ? Il y a bien là
une tentative complotiste visant à disqualifier quiconque révèle
des fautes pouvant nuire à la candidature du candidat le plus en
difficulté. Les journalistes, les juges et les services de police
seraient, dans leur ensemble, les premiers suspects. Ce n'est plus du
complotisme, c'est de la paranoïa ...
3
– Que nous réservent les jours à venir ?
Ce
sont moins les événements qu'il faut surveiller que l'évolution
des rapports de force. Les sondages en disent « un peu »
mais sont loin de tout dire. Les questions de fond n'ont pas toutes
été exposées :
•
Que deviennent les institutions de la 5ème République si les deux
principaux piliers de la politique française, le PS et
le RPR-UDR-UMP, devenus les « Républicains »
s'effondrent ?
•
Qu'est-ce qu'une politique « et de droite et de gauche » ?
Est-ce dans ce salmigondis politique que va entrer la France ?
•
Le « c'est la faute des autres », qui tient lieu de
politique au Front national, peut-il perdurer longtemps ou n'est-il
pas, seulement, le refuge temporaire des victimes, nombreuses, des
politiques successives de la doxa économique libérale ?
•
Les mythes de la croissance et du plein emploi vont-ils apparaître
pour ce qu'ils sont : le refus des évolutions inéluctables qui
bouleversent notre civilisation ?
•
Le parti des Verts (EELV) va-t-il, lui aussi, sombrer avec le PS,
alors que l'écologie va dominer la pensée politique internationale
dans un monde meurtri par les conséquences d'une activité humaine
dominée par la recherche du profit maximal ?
•
Le résultat de l'élection présidentielle bouclera-t-il le vaste
débat engagé ou ne sera-t-il qu'une étape avant des élections
législatives dont il n'est même pas possible de savoir si elles
dégageront une majorité de gouvernement ? Quelle suite à
cette période tourmentée allons nous vivre, et que peut-elle être dans une Europe en recomposition ou en décomposition
mais dont nous restons membres ?
Bref, non seulement les questions ne manquent pas (et il en est bien d'autres, déjà connues ou qui vont surgir), mais la question des questions émerge un peu plus chaque jour : la démocratie véritable est-elle possible et viable. Autrement dit, quel va être le rôle des citoyens dans la France nécessairement nouvelle qui est en train de se chercher ?
Bref, non seulement les questions ne manquent pas (et il en est bien d'autres, déjà connues ou qui vont surgir), mais la question des questions émerge un peu plus chaque jour : la démocratie véritable est-elle possible et viable. Autrement dit, quel va être le rôle des citoyens dans la France nécessairement nouvelle qui est en train de se chercher ?
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