Un
deuxième temps intermédiaire et décisif .
Le point au 8 mars 2017.
par Jean-Pierre Dacheux
Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.
"...J'ai
eu l'imprudence de lire ce matin quelques feuilles publiques ;
soudain, une indolence, du poids de vingt atmosphères, s'est abattue
sur moi, et je me suis arrêté devant l'épouvantable inutilité
d'expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit." Baudelaire.
(Dans
son projet de préface aux Fleurs du Mal)
Cette
pensée nous envahit, et il est difficile d'y résister ! Et
pourtant...
La lâcheté est « en
marche »
1 – les Républicains et
le PS sont de fait complices.
Tous
contre Fillon avant hier. Tous derrière Fillon hier. Nous voici
passés du Plan B au Plan...qué : les pseudos centristes de
l'UDI, après avoir abandonné le navire dans lequel ils étaient
montés sont prêts à y regrimper si...le candidat Fillon leur fait
quelques concessions (comprendre : leur garantit des places au
Parlement). On est loin de toute politique ! Les raisons
invoquées pour s'éloigner n'ont pas disparu, mais, tout simplement,
on serre les rangs pour sauver la droite en miettes et les intérêts
de son camp. Gageons que, derrière, Sarkozy est à la manœuvre,
autrement dit regroupe les droites dures et prend les tendres en
otage.
Et
voici que Bertrand Delanoé vient donner le coup de pied de l'âne à
Benoît Hamon. Avec toute l'autorité que lui confère son ancienne
fonction de maire de Paris ayant plutôt réussi, il rejoint ceux qui
réussissent l'exploit de concilier le socialisme et la candidature
Macron. Sur France-Inter, ce matin, il a exposé, en clair, que
l'économie commande et que, pour vaincre Marine Le Pen, il faut
abandonner les discours à la Jaurès ou à la Blum et s'en remettre
à Macron qui est le seul à même de rassembler une majorité
sociale-libérale...
Tout
est dit semble-t-il : l'UMPS, comme disait le FN, passe du fantasme à
la réalité. On refuse aux Français le choix d'autres voies que
celles qu'offrent le patronat et les banques. Ce sera le capitalisme
hard ou le capitalisme soft. Les sursauts, les colères, les
exigences, apparus dans le premier temps de la campagne, au sein de
l'opinion publique, n'auront pas de débouché. Les dégoutés, les
désespérés qui iront chez Marine Le Pen seront remis à leur place
quand la candidate FN sera battue, au second tour. La main mise sur
l'électorat est « en marche » que ce soit avec Macron ou
avec Fillon. Admirons le talent des traîtres à leur cause qui,
plutôt que d'agir comme ils pensent, rejoignent le gros des troupes
des droites et du centre très à droite.
2 - Voter est-ce
abdiquer ?
Un
livre dérangeant et provoquant, Voter
c'est abdiquer, écrit
par Antoine Peillon,
vient
de paraître, en mars 2017, aux éditions Don Quichotte ( une
marque des éditions du Seuil). Antoine Peillon est journaliste,
grand reporter au journal La
Croix.
Un de ses précédents livres (Ces 600 milliards qui
manquent à la France. Enquête au cœur de l’évasion fiscale) a
contribué à déclencher des enquêtes judiciaires et parlementaires
toujours en cours. Il est le frère de Vincent Peillon, ancien
ministre de l'Education (de 2012 à 2014). Dans le même veine, il
est l'auteur de Corruption. Nous sommes tous responsables,
(Seuil, 2014), puis de Résistance, (Seuil, 2016).
Tout se passe comme si, au bout de ses
investigations, Antoine Peillon, de façon implacable et documentée,
rationnelle, voulait nous appeler à l'action plutôt que de voter,
pour « ranimer la démocratie » ? Comme on voudrait
qu'il ait tort ! Seulement il ne suffit pas de lui opposer des
idées générales. Il fournit trop de preuves, de références et de
précisions pour qu'on puisse ne pas tenir compte de ce brûlot de
183 pages, véritable « manifeste du boycott civique de
l'élection présidentielle de 2017 ». Nous ne nous permettons
pas d'encourager à l'abstention mais nous sommes convaincus qu'il
peut s'agir d'un acte civique. Antoine Peillon cite Élisée Reclus
qui écrivait, en 1885, et (c'est encore d'actualité
!) : « N'abdiquez donc pas, ne remettez pas vos
destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres
futurs. Ne votez pas ! »
3 - Des petits
candidats pas si petits que ça.
Il
va nous falloir, dans les jours à venir observer qui aura franchi la
barre des 500 parrainages appelée officiellement « présentations ».
Il y aura sans doute quelques surprises : ainsi, Henri Guaino
semble loin du compte et François Asselineau en serait proche.
Une
part de la perversité du mode de scrutin présidentiel se trouve
cachée là. En 2002, on n'a pas assez fait observer que la
multiplicité des candidatures (et pas seulement celles de
Chévénement ou de Taubira), avaient suffi, de peu mais très
efficacement, à écarter Jospin de la second place qualificatrice
pour le second tour. En sera-t-il de même en 2017 ?
Si,
comme il est possible, l'écart se resserre entre les candidats en
tête, les voix qui manqueront à l'un des candidats, cette fois de
droite, peuvent, bien qu'en négatif « faire le roi » (ou
la reine)... À suivre
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