Un deuxième temps intermédiaire et décisif .
Le point au 15 mars 2017.
par Jean-Pierre Dacheux
par Jean-Pierre Dacheux
Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.
1
- Si rien ne change, n'aurions-nous, de choix qu'entre diverses
candidatures de la droite ?
Nous
étions partis du duel, qu'on nous disait inévitable, entre le FN et
« les Républicains », entre Marine Le Pen et Alain
Juppé, d'abord, grand favori des sondages, lequel devait être
élu, sans coup férir, en mai prochain. Ce scénario s'est
fracassé sur le deuxième tour des primaires qui a vu émerger et
triompher nettement François Fillon lequel, à son tour, devait
être élu, sans coup férir, en mai prochain. Ce scénario bis
s'est fracassé sur le « Pénélope-Gate ». François
Fillon, largement devancé dans les sondages et dont les mésaventures
ne sont pas terminées, ne sera
vraisemblablement pas le prochain président de la République
française.
Un
nouveau duel nous est, à présent, « vendu » (car il
s'agit bien d'un marché électoral !), cette fois entre
Marine Le Pen et Emmanuel Macron lequel, à son tour,
devrait être élu, sans coup férir, en mai prochain, puisqu'il
talonne sa concurrente et dispose de réserves beaucoup plus
importantes qu'elle. Après Juppé, Fillon, après Fillon, Macron ...
Une
droite chasserait ainsi l'autre : la droite brutale serait
remplacée par la droite plastique. La pilule amère a été échangée
contre un anesthésiant, mais toujours avec le même objectif :
faire triompher un candidat acceptable par les tenants de l'économie
libérale. Et de nous refaire le coup du « vote utile »
afin de nous culpabiliser. Soyez cohérents nous dit-on : si
vous ne voulez pas de Le Pen contentez-vous de Macron !
La
porte est-elle, alors bien refermée et bloquée ? Le Pen
(droite extrême nationaliste), Fillon (droite
« traditionnelle » décomplexée) et Macron (droite
attrape-tout, même à gauche) font la course en tête et bloquent
l'accès de ceux qui ont entamé la conversion écologique des
gauches. Une « rebipopularisation » est entamée. Le
risque de retomber dans les mêmes ornières est considérable. La
France va-t-elle verser de la colère dans le désespoir ?
2
- Fillon mis en examen.
Un
jour plus tôt qu'annoncé, le 14 mars et non le 15, à la demande
même de l'intéressé, François Fillon s'est présenté devant les
juges qui l'avaient convoqué. Il est resté muet. Comme prévu, il a
été mis en examen. « Et alors » ? Cela continue...
La parole donnée (« Je me retirerai en cas de mise en
examen ») est bafouée. Et puis, trop c'est trop... Si les
Français choisissent pareil candidat, ils se déconsidéreront avec
lui. Le bon sens voudrait que l'on n'en entende plus parler. Mais la
droite, dans toutes ses couleurs, s'accroche à cette bouée
dégonflée. Eh bien qu'elle se noie ...
3
- Des maires empêchés de parrainer.
Pour
limiter le nombre de candidats, les grands partis pèsent sur le
maires ruraux. Paraissent au J.O les parrainages pour discréditer
les imprudents qui soutiennent des candidats jugés non respectables.
Pourtant, parmi les candidats agréés par le Conseil
constitutionnel, celui qui a obtenu le plus de parrainages n'est-il
pas, visiblement, jour après jour, celui qui est le moins
respectable qui soit ?
4
– L'abstention politique prend corps.
Depuis
1965, lors des la première des élections présidentielles – nous
en sommes à la dixième en 2017 - l'abstention oscille entre 14% et
20%. C'est un niveau presqu'incompressible. Il y eut deux
exceptions : au deuxième tour de l'élection de 1969, entre
deux droites représentées par Poher et Pompidou (« Bonnet
blanc et blanc bonnet » : 31,1%) et, au premier tour de
l'élection de 2002, (celle qui vit émerger la candidature de
Jean-Marie Le Pen, en dépit ou à cause de nombreuses candidatures :
28,4%). On notera que dans ces deux cas, déjà, l'élévation des
taux d'abstentions était très politique.
À
ne considérer que les élections de portée nationale, on peut
remarquer que le taux d'abstention, pour les élections législatives,
approche ou dépasse les 40 % depuis 2007.
Pour
les élections européennes, l'abstention n'est plus retombée en
dessous des 50% depuis 1999 (les huitièmes élections européennes,
en 2014, ont atteint 56,5 % d'abstentions et le record fut, en 2009,
59,37% !).
: //fr.wikipedia.org/wiki/Abstention_lors_d%27%C3%A9lections_en_France#Estimation_des_non-inscritshttps
Il
y a une déconvenue manifeste, chez les électeurs, qui ne date pas
d'hier. Va-t-elle s'étendre à l'élection présidentielle
jusqu'alors épargnée, comme l'est, le plus souvent, chacune des
élections municipales ? On peut le penser.
Selon
le CEVIPOF, l'abstention attendue s'élèverait à environ 30% des
inscrits. Cela signifie qu'au moins 10% des inscrits sont prêts à
refuser l'offre électorale qui leur est faite et sont, pour cela, -
entrés dans un processus politique d'abstention-boycott.
Trois
livres, bien documentés, bien écrits, accessibles, rendent compte
de ce phénomène.
•
De Brice Teinturier,
« Plus rien à faire, plus rien à foutre ». La vraie
crise de la démocratie, aux éditions Robert Laffont, février
2017.
Ce
que l'auteur, politologue, directeur de l'institut Ipsos, appelle la
« PRAF-attitude », constituerait, selon lui, la quatrième force
politique, en pleine expansion. Son livre est descriptif.
•
D'Antoine Bueno, No
vote ! Manifeste pour l'abstention, aux éditions Autrement,
Février 2017.
L'auteur
s'engage, avec des arguments forts, pour l'abstention tant que le
vote blanc restera un vote décompté mais pas pris en compte comme
suffrage exprimé et de toute façon non applicable à l'élection
présidentielle. Son livre est militant.
•
D'Antoine Peillon, Voter,
c'est abdiquer, Ranimons la démocratie, aux éditions
Don Quichotte, une marque des éditions du Seuil, Mars 2017.
L'auteur
effectue une description précise et impitoyable de l'état dans
lequel se trouve le pays avant une élection majeure qui ne peut,
selon lui, déboucher sur rien. Il appelle donc, en 95 thèses aux
multiples références à un « boycott civique. Son livre est
un appel à l'action et à la reconquête par le peuple de sa
souveraineté.
Un
autre livre, plus virulent, était déjà paru, l'an passé. Il
annonçait l'impossibilité de valider une élection désormais sans
repères et sans motivations (D'un anonyme, L'élection
présidentielle n'aura pas lieu, aux éditions La Découverte,
novembre 2016).
Ces
écrits témoignent d'une volonté qui cherche à s'exprimer et qui
n'a pas encore trouvé vraiment son point d'entrée dans la campagne
électorale. Négliger cet apport nouveau constituerait une faute
d'analyse et une erreur politique.
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