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jeudi 3 août 2017

La démocratie poignardée.


« La démocratie est un système politique peu solide lorsqu'elle se contente d'être un système politique et rien d'autre. Elle devrait être non seulement une forme de gouvernement mais aussi un type de société et une forme de vie en harmonie avec ce modèle social. »
Richard Henry Tawney, célèbre historien anglais, dans son livre Égalité, paru en 1931.

La loi d'habilitation de la réforme du code du travail est un déni de démocratie sociale et politique.

Ce n'est pas nouveau car depuis 1958 et l'instauration du régime monarchique de la 5ème République nous aurions dû être habitués à ce que les Présidents abusent de leur autorité et prennent des libertés avec la démocratie.

Pourtant, le dernier monarque en titre, Emmanuel Macron, vient de franchir le Rubicon et installe, sans honte ni scrupule, son pouvoir autoritaire à la tête de l'Etat. Déjà par quelques décisions « jupitériennes » il nous avait fait comprendre qu'il entendait régner sans partage.

En effet, la loi d'habilitation autorisant le gouvernement à réformer le code du travail par ordonnances va être définitivement votée.

Pour respecter ses engagements auprès de ses commettants, le MEDEF et les riches, et faire aboutir cette réforme qui va bouleverser des pans entiers du code du travail et modifier en profondeur les règles qui régissent les relations entre les syndicats, les salariés et les employeurs, Emmanuel Macron s'engage dans une « opération commando » en dehors de toute véritable concertation. Même si l'essentiel des mesures restent à préciser, nous savons, déjà, qu'il s'agit d'une révision en profondeur qui aura des conséquences importantes sur la protection des salariés en assouplissant les règles du licenciement, en accélérant la mise en oeuvre de plans sociaux et en limitant l’accès aux prud’hommes.

Même si l'illusion d'un dialogue a été entretenue par le gouvernement, on constate, en regardant les débats lénifiants de l'Assemblée Nationale, que la majorité parlementaire n'a tenu aucun compte des inquiétudes syndicales et des amendements de l’opposition et a voté comme de bons soldats « godillots ». La démocratie sociale a bel et bien été désavouée.

Deux autres points, soulevés aujourd'hui, ajoutent à notre inquiétude sur la mauvaise santé de la démocratie française.

En effet, alors qu'il est saisi par 153 parlementaires de l'ancienne majorité sur les incompatibilités constitutionnelles de l’accord de commerce entre l’UE et le Canada (CETA) le Conseil Constitutionnel rejette les analyses juridiques et sacrifie la démocratie, les citoyens et l’environnement sur l’autel des intérêts commerciaux.

Dernier point, (pour aujourd'hui) : Emmanuel Macron déclarait, le 17 juillet, que le gouvernement ne baisserait pas les dotations des collectivités territoriales. Trois jours plus tard, confirmant sa propension aux doubles discours, le président, par un décret, en toute discrétion, rabote ces dotations de 300 millions d’euros.

C'est un coup de plus porté aux populations les plus pauvres car ces coupes budgétaires affecteront, en priorité, la construction de logements sociaux et le travail associatif dans les quartiers populaires. C’est le monde associatif de proximité qui va crever car les communes ne pourront plus verser de subventions aux associations et vont geler leurs participations futures.
Ces coupes budgétaires n'annoncent pas seulement la couleur d’un gouvernement au service des riches et des puissants, elles visent un autre but : celui d'assécher financièrement les associations afin de réduire au silence les militants qui dénoncent les agissements de l'oligarchie de pouvoir.

Il est urgent d'aller au-delà des appels à l'indignation de feu Stéphane Hessel.

Il faut, maintenant, à notre tour, résister et agir.


Jean-Claude VITRAN


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