« La
démocratie est un système politique peu solide lorsqu'elle se
contente d'être un système politique et rien d'autre. Elle devrait
être non seulement une forme de gouvernement mais aussi un type de
société et une forme de vie en harmonie avec ce modèle social. »
Richard
Henry Tawney, célèbre historien anglais, dans son livre Égalité,
paru en 1931.
La
loi d'habilitation de la réforme du code du travail est un déni de
démocratie sociale et politique.
Ce
n'est pas nouveau car depuis 1958 et l'instauration du régime
monarchique de la 5ème République nous aurions dû être
habitués à ce que les Présidents abusent de leur autorité et
prennent des libertés avec la démocratie.
Pourtant,
le dernier monarque en titre, Emmanuel Macron, vient de franchir le
Rubicon et installe, sans honte ni scrupule, son pouvoir autoritaire
à la tête de l'Etat. Déjà par quelques décisions
« jupitériennes » il nous avait fait comprendre qu'il
entendait régner sans partage.
En
effet, la loi d'habilitation autorisant le gouvernement à réformer
le code du travail par ordonnances va être définitivement votée.
Pour
respecter ses engagements auprès de ses commettants, le MEDEF et les
riches, et faire aboutir cette réforme qui va bouleverser des pans
entiers du code du travail et modifier en profondeur les règles qui
régissent les relations entre les syndicats, les salariés et les
employeurs, Emmanuel Macron s'engage dans une « opération
commando » en dehors de toute véritable concertation. Même si
l'essentiel des mesures restent à préciser, nous savons, déjà,
qu'il s'agit d'une révision en profondeur qui aura des conséquences
importantes sur la protection des salariés en assouplissant les
règles du licenciement, en accélérant la mise en oeuvre de plans
sociaux et en limitant l’accès aux prud’hommes.
Même
si l'illusion d'un dialogue a été entretenue par le gouvernement,
on constate, en regardant les débats lénifiants de l'Assemblée
Nationale, que la majorité parlementaire n'a tenu aucun compte des
inquiétudes syndicales et des amendements de l’opposition et a
voté comme de bons soldats « godillots ». La démocratie
sociale a bel et bien été désavouée.
Deux
autres points, soulevés aujourd'hui, ajoutent à notre inquiétude
sur la mauvaise santé de la démocratie française.
En
effet, alors qu'il est saisi par 153 parlementaires de l'ancienne
majorité sur les incompatibilités constitutionnelles de l’accord
de commerce entre l’UE et le Canada (CETA) le Conseil
Constitutionnel rejette les analyses juridiques et sacrifie la
démocratie, les citoyens et l’environnement sur l’autel des
intérêts commerciaux.
Dernier
point, (pour aujourd'hui) : Emmanuel Macron déclarait, le 17
juillet, que le gouvernement ne baisserait pas les dotations des
collectivités territoriales. Trois jours plus tard, confirmant sa
propension aux doubles discours, le président, par un décret, en
toute discrétion, rabote ces dotations de 300 millions d’euros.
C'est
un coup de plus porté aux populations les plus pauvres car ces
coupes budgétaires affecteront, en priorité, la construction de
logements sociaux et le travail associatif dans les quartiers
populaires. C’est le monde associatif de proximité qui va crever
car les communes ne pourront plus verser de subventions aux
associations et vont geler leurs participations futures.
Ces
coupes budgétaires n'annoncent pas seulement la couleur d’un
gouvernement au service des riches et des puissants, elles visent un
autre but : celui d'assécher financièrement les associations afin
de réduire au silence les militants qui dénoncent les agissements
de l'oligarchie de pouvoir.
Il est urgent d'aller au-delà des appels à l'indignation de feu Stéphane Hessel.
Il faut, maintenant, à notre tour, résister et agir.
Jean-Claude
VITRAN
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