Le
4 août 2017
Du
6 au 9 août, anniversaires des bombardements d'Hiroshima et
Nagasaki, des militants non-violents vont interpeller l'opinion
publique dans plusieurs villes de France et à l'étranger.
Objectif : dénoncer les armes nucléaires qui viennent d'être
interdites par un traité international, à l'ONU, le 7 juillet passé
(et bien entendu passé sous silence en France).
Cette
interpellation se fait sous forme d'un « jeûne-action »,
une démarche inaugurée à Taverny, par Solange Fernex1
et Théodore Monod2
dans les années 1980. La question est souvent posée sur la
signification et l'utilité d'une telle démarche.
Le
jeûne-action est une action politique non-violente efficace.
Le
jeûne est une privation volontaire de nourriture. C'est, par
conséquent, un acte très culturel s'opposant à notre naturel
d'êtres vivants omnivores. La motivation du jeûne est parfois
médicale. Ce jeûne peut être bref (avant une prise de sang) ou
prolongé (pour obtenir, par exemple, une perte de poids).
Une
autre motivation du jeûne, bien connue, est d'ordre religieux, comme
pendant le Carême des Catholiques ou le Ramadan des Musulmans, mais
il peut s'agir, tout simplement, d'une recherche spirituelle visant à
obtenir une meilleure connaissance et une plus grande maîtrise de
soi.
Toute
autre est la grève de la faim qui est l'engagement personnel mais
total, parfois sans limitation de durée, de celui qui veut exprimer,
seul ou en groupe, son opposition à une violente injustice, dont il
s'estime victime, lui-même ou sa communauté de vie. Bobby Sand et 9
autres de ses compagnons irlandais en sont morts, en 1981, à cause
de l'intransigeance sans retour du gouvernement anglais de Margaret
Thatcher.
Le
jeûne-action, différent, est un engagement collectif et concerté
dont la durée est, en principe, fixée. C'est donc une alerte, une
prise à témoins politique, afin d'éveiller les consciences
citoyennes. La grève de la faim et le jeûne-action se rejoignent
dans la dénonciation politique d'un crime contre une population tout
entière. Gandhi vécut cet engagement-là, personnel et collectif
tout à la fois, et il en a prouvé l'efficacité.
Le
pasteur Martin Luther King, qui fut l'un des principaux porte-parole
de la non-violence politique, assassiné par certains de ceux qui
avaient constaté et déploré son influence, n'hésitait pas à
donner des « Conseils pratiques pour le jeûne » afin d'y
trouver la force de lutter.
Nelson
Mandela, « l'homme qui a dit non à la vengeance », a
vécu une manière de jeûne total, contraint mais assumé, au cours
de ses 27 années d'incarcération et il a fait « de son corps
même une arme de protestation » contre l'apartheid.
Le
jeûne-action pour l'abolition des armes nucléaires est aussi l'arme
politique non-violente utilisée, à ces mêmes dates, chaque année,
lors de la commémoration des deux bombardements nucléaires de
Hiroshima et de Nagasaki, en 1945.
L'Action
Civique non-violente (contre la torture et la guerre d'Algérie),
avec l'appui de Lanza del Vasto, avait ouvert, en France, durant les
années 1960-1963, une voie nouvelle en politique qui, depuis, n'a
jamais été totalement refermée. Le Mouvement pour une alternative
non violente (ou MAN) entend toujours exprimer, à cet égard, la
radicalité des engagements de citoyens civilisés et bien décidés
à faire obstacle à l'inhumanité de l'espèce humaine elle-même !
Il
y a bien plus à dire encore, désormais, sur le jeûne politique, en
notre temps de surconsommation et de religion de la croissance.
Inséparable d'une vue écologique et non-violente de la vie dans la
cité, il n'en est, peut-être, qu'au tout début de son usage
citoyen en occident.
Jean-Pierre
Dacheux
1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Solange_Fernex
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Theodore_Monod
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à poster un commentaire.