L'analyse
des résultats de l'élection présidentielle et des élections
législatives qui ont suivi donnent une image claire des choix
électoraux des citoyens français.
Pour
rappel : lors du second tour des élections présidentielles,
43,61 % des électeurs inscrits ont voté pour Emmanuel Macron, et au
second tour des élections législatives seulement 16,55 % des
électeurs inscrits se sont déclarés d'accord avec le projet
politique du nouveau président, ce qui en terme mathématique
signifie que 83,45 % des électeurs ne sont pas d'accord avec ce
projet politique.
Cependant,
l'ineptie de la loi électorale donne à la République En Marche
(REM) la majorité absolue - 306 député(e)s - à l'Assemblée
Nationale.
Face
à l'étroitesse de ce résultat, les partisans du président élu
objectent que l'élection étant démocratique, elle est légitime.
C'est un peu court : élection légale assurément, mais
« élection légitime » est plus discutable.
Car
enfin, comment peut-on s'engager à mener une politique contre une
majorité d'électeurs, ou plutôt comment l’électorat peut-il
accepter de laisser faire une politique qu'il a rejetée dans les
urnes ?
Un
vrai démocrate devrait tirer les conséquences de sa mauvaise
élection et faire connaître sa position aux français.
Cela
n'a pas l'air d'être le choix d'Emmanuel Macron, qui voulant faire
une politique « jupitérienne », semble très sûr de
lui.
Vu
de l'extérieur sa majorité ressemble à une auberge espagnole où
cohabite trois grandes composantes :
-
des gens de gauche de toutes nuances,
-
des gens de droite de toutes nuances,
-
et beaucoup d'opportunistes.
De
plus, de nombreux élus, certainement de très bonne volonté, n'ont
aucune expérience et ne connaissent rien, ou si peu, des pratiques
politiques et se retrouvent englués dans la mer des sargasses
institutionnelles et sont les cibles de toutes les manipulations, de
toutes les instrumentalisations.
Seront
Ils, seront elles assez résistant(e)s pour voter en leurs âmes et
conscience comme ils ou elles l'affirment ?
A
moins d'une grosse poussée d'autoritarisme tout à fait possible de
l'exécutif, il semble que cette majorité soit bien fragile car des
défections ne manqueront pas d'arriver lors des points de friction
entre les diverses composantes.
On
nous dit que trois mois de présidence se sont pas suffisants pour
porter un jugement pertinent sur le modèle politique qu'entend mener
Emmanuel Macron, pourtant, il est évident qu'il néglige la devise
républicaine de la France : Liberté, Egalité, Fraternité. En
effet, si la politique engagée par le nouveau gouvernement fait sien
le premier terme, dans le sens de la liberté économique - liberté
de la concurrence, d'entreprendre, du marché, libéralisation de
l'emploi - il est prêt à limiter les libertés personnelles des
citoyens en faisant passer une partie importante de la loi sur l'état
d'urgence dans le droit commun.
Inutile
d'être devin pour comprendre qu'il s'agit d'une politique
néolibérale - de type tchatchérienne - qui se s’embarrasse pas
des termes d’égalité et de fraternité. La suppression de l'APL
qui touche essentiellement les personnes victimes de précarité en
est la preuve.
Aussi,
iI n'est pas sûr que la fraction de gauche qui s'est laissée abuser
par les discours du candidat Macron suivra sans regimber au
parlement.
En
ces jours de rentrée, un rendez-vous électoral sera déterminant,
celui des élections sénatoriales de fin septembre. Il est vital
pour la démocratie et la tranquillité des Français de ne pas
donner une majorité au Sénat à la REM. il n'est pas certain que
cela suffira à empêcher des mouvements sociaux importants dans
notre pays et le gouvernement devra être particulièrement attentif
au bruit de fond de la rue car le degré d'exaspération maximum de
la population est proche d'être atteint.
Alors,
le citoyen qui s'est fait berner et mépriser par les hommes
politiques depuis plus de 35 ans aura deux alternatives possibles.
Soit
l'apathie, la servitude volontaire, en attendant des jours
meilleurs ; je n'y crois pas.
Soit
la réponse offensive de la rue ; qui me semble beaucoup plus
probable.
Jean-Claude VITRAN
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