Après
les présidentielles et les
législatives,
tirer
des enseignements ?
Le
point au 26 juillet 2017.
Note
V
par
Jean-Pierre Dacheux
Quelques
semaines ont passé. Vite... ! Et déjà on y voit plus clair.
Un premier recul dans la « cote de popularité »
d'Emmanuel Macron, (passée de 64% à 54%), n'est qu'un faible
indicateur. Il y a plus sérieux. Constatons :
1
– S'affirmer « le chef » fait penser qu'on doute de l'être.
Cela engendre une perte de crédibilité.
2
– Le nombre de ceux qui croyaient possible de mener une politique
« et de droite et de gauche » décroît rapidement. Le
gouvernement s'est engagé franchement dans une politique marquée à
droite.
3
– Le quinquennat apparaît comme la suite du désastreux précédent,
l'autoritarisme en plus.
4
– Les passages en force avec une majorité de députés, a
priori dociles, et le recours aux ordonnances, vont réveiller
l'opinion après l'été, et engendrer des conflits sociaux qu'on
aurait tort de sous-estimer !
5
– Le maintien et l'aggravation de l'interventionnisme de la France
en Afrique et au Moyen-Orient, fragilisent la lutte contre les
terroristes parce qu'ils leur fournissent des arguments et les
motivent.
6
– Les mises en scène des rencontres avec des personnalités
politiques internationales, (notamment Trump, Poutine, Merkel,
Netanyahou...),
à Paris, ou au cours du G20, visant à fournir, au plus vite, une
célébrité et une notoriété au Président des Français, ont
donné un caractère spectaculaire, pompeux et plus que jamais
monarchique à la République !
7
– La politique militaire de la France conduit à un lourd et
double échec :
Quel
que soit le chef d'état major des armées (l'avant-dernier a été
remercié sans délicatesse !), le budget consacré aux
interventions multiples, dispersées, longues, sans efficacité
politique avérée, est très insuffisant et ce d'autant plus qu'on
veut, en même temps, entretenir et perfectionner la force de
dissuasion nucléaire ! La France n'a plus les moyens de tenir
ce rôle de grande puissance.
8
– La continuation de la politique de répression des réfugiés va
échouer ou plonger le pays dans un néo-racisme des plus
inquiétants.
9
– Nous ne pouvons vivre indéfiniment dans l'exception de l'état
d'urgence ni dans la fausse banalité d'un état légal de protection
permanente. La paix civile est ailleurs.
10
– Diminuer de 5 euros par mois l'APL, qui concerne 6,5 millions de
foyers, n'est peu de chose que pour ceux qui vivent à l'abri du
besoin ! Le gouvernement démontre qu'il est celui de riches.
11
- La hausse
de la CSG annoncée par le gouvernement d'Edouard Philippe devrait
profiter, nous dit-on, aux salariés au détriment des retraités,
des fonctionnaires et des indépendants. Parce que les fonctionnaires
ne sont pas des salariés ? Parce que les retraités ( hormis
les plus pauvres, exonérés) ont des « bas de laine »
trop pleins ? Se mettre les retraités et les fontionnaires à
dos n'est pas non plus électoralement très prudent.
12
– Revenir en arrière sur la semaine scolaire de quatre jours (pour
les communes qui le veulent) est le signe d'un abandon de la
recherche de l'aménagement des temps de vie des enfants au profit de
celui des adultes. Ce choix significatif va à l'encontre de
l'éducation des enfants alors qu'en Europe , comme dans le monde,
notre pays a cessé d'être performant !
Et
l'on pourrait allonger la liste des motifs d'insatisfaction.
Avertissements :
À
ceux qui louent encore Gerhard Schröeder pour sa politique de
réduction des avantages sociaux, soit-disant pour donner une
impulsion à l'économie allemande, rappelons que, le
22/11/2005, le chancelier social-démocrate, battu, cédait sa place
à Angela Merkel, se retirait de la vie politique et se lançait dans
le monde des affaires, là où il fut le bien venu...
Est-ce
cette déconfiture qui attend le gouvernement Macron ses
ministres et lui-même ?
La
non prise en compte de l'ampleur de l'abstention, des votes blancs et
des votes nuls, tant aux présidentielles qu'aux législatives (des
records historiques!) et, précisément, des faibles scores du
candidat Macron (par rapport aux inscrits), dont les enseignements
n'ont pas été tirés, est d'une imprudence inattendue et
surprenante !
In
fine et surtout, il y a pire que la multiplication des causes de
doute. Il y a l'émergence, de plus en plus visible, pour la majorité
des Français, d'une politique générale dure aux plus modestes et
favorable aux plus fortunés, en dépit des affirmations entendues
durant la campagne électorale. Un mensonge et un piège dont, déjà,
certains députés qui se voulaient « En marche »
commencent à se rendre compte.
Quant
à la droite traditionnelle, elle se réjouit de ces bévues et pas
de clerc : dépitée et revencharde, elle met de l'huile sur le
feu et manifeste parfois son opposition en la « gauchisant »
s'il le faut. Cela n'augure pas d'un avenir paisible et réconcilié
entre les forces politiques en présence.
Tant
mieux !
La
France mérite mieux que ce qu'elle a subi et continue de subir, de
Sarkozy à Macron !
Il
faudra bien la « déprésidentialiser » tôt ou tard.
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