D'après
ses porte-paroles, Emmanuel Macron a décidé de ne pas donner la
traditionnelle interview présidentielle du 14 juillet parce que,
selon le journal Le Monde, « la pensée complexe du président se
prête mal au jeu des questions-réponses avec des journalistes. »
Il est vrai, comme l'écrit Mediapart, qu'il rencontrera le même jour un autre adepte de la "pensée complexe", Donald Trump ... cela fait effectivement beaucoup.
Il faut bien sûr chercher ailleurs les raisons de cette décision.
Ces prises de paroles semblent confirmer que le prince a une peu flatteuse opinion du peuple.
En effet, jeudi dernier, alors qu'il inaugurait la Station F, ancienne gare transformée en campus géant destiné aux start-up, il a affirmé « Une gare, c'est un lieu où l'on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ».
Dimanche, au Mali, il emploie une nouvelle fois cette expression. En évoquant les ravisseurs de Sophie Pétronin, otage française, il dit : « Ces gens ne sont rien, ce sont des terroristes, des voyous et des assassins, et nous mettrons toute notre énergie à les éradiquer. »
Veut-il dire que dans les gares de France en dehors de quelques « winners » on ne croise que des terroristes, des voyous, des assassins, des fainéants et des imbéciles ?
Veut-il justifier la prolongation de l'état d'urgence, car le peuple est dangereux, refrain bien connu ?
Est-ce l'expression de son mépris de classe et de sa pensée complexe et inaccessible qui contemple la plèbe depuis l'Olympe, pardon l'Elysée ?
Je pense que cette dernière interrogation est la bonne car il n'en est pas à sa première petite phrase assassine.
Rappelez-vous lors d'un déplacement à Lunel en 2016, alors qu'il était ministre, passablement irrité par deux grévistes, il a lancé à l’un d’eux : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler. » Et le gréviste de lui répondre : « Mais je rêve de travailler, monsieur Macron. »
François Hollande crachait sur les « sans-dent ». Jupiter, lui, c'est sur les sans-grade, les sans-diplôme, les sans ENA, les sans-Sciences-Po, les sans qui ne sont pas issus des « deux-cents familles », mais aussi les « illettrées » : ces braves ouvrières bretonnes de l’usine Gad, rappelez- vous c'était le 17 septembre 2014 à Josselin.
Autre détail d'importance, lors de la commémoration du 18 juin au Mont Valérien présidée cette année par Emmanuel Macron le peuple n'a pas été admis, pour la première fois depuis 1944.
Si nous ne résistons pas, ce qui nous attend, nous le dangereux peuple qui n'est rien pour ce pouvoir, sinon le néant, c'est la promulgation d’une loi d’exception, camouflant une interdiction de manifester et réduisant les libertés publiques : car l'ordre doit régner pour la croissance et le profit.
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