Une nouvelle fois, nous voulons relayer la lettre ci-dessous envoyée au Président de la République. Contrairement au signataire de cette lettre nous n'avons pas voté pour E. Macron, pas plus que pour le FN, bien entendu, mais nous sommes en accord total avec les propos du signataire qui dénonce un comportement inhumain des autorités françaises que nous constatons aussi dans notre département où il pleut, cette été, des Obligations à Quitter le Territoire Français.
Jean-Claude
VITRAN
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M. Macron, est-ce pour en arriver là que j'ai voté pour vous ?
Dans
cette lettre ouverte à Emmanuel Macron, le cinéaste Laurent Cantet
fait part de son « profond écœurement » sur le sort fait aux
migrants, après une tentative de suicide en rétention.
Monsieur
le Président,
Après
avoir tenté de m'adresser à vous par des voies officielles, j'ai
pris la décision de vous adresser cette lettre ouverte qui, je
l'espère, sera plus efficace que mes tentatives plus discrètes.
Le
14 juillet, le jour où, au côté de Monsieur et Madame Trump, vous
commémoriez la prise de La Bastille et l'avènement d'un monde plus
juste, l'avant-veille veille du jour où, au côté de Monsieur
Netanyahou, vous rendiez hommage aux victimes du Vel d’hiv,
affirmant que Vichy était bien la France et reconnaissant la
responsabilité de la nation dans la rafle, Madame Cao, une jeune
femme d'origine chinoise, mère d'une fillette de 10 ans scolarisée
en France et enceinte de 4 mois, était conduite à l'aéroport pour
être expulsée vers la Chine qu'elle avait quitté il y a deux ans
avec sa famille.
Ce
jour là, elle a refusé d'embarquer, et a été replacée au centre
de rétention du Palais de Justice de Paris, celui-là même où elle
venait de passer trois semaines et où elle avait perdu 8 kilos,
mettant en danger l'enfant qu'elle attend.
Dans
la lettre que je vous ai adressée alors (lire sur Mediapart
L'expulsée du 14 juillet), je décrivais l'angoisse de sa fille qui
se préparait à grandir sans sa mère, celle de son mari qui
n'allait pas connaitre son enfant à naître. Je vous rappelais aussi
vos déclarations sur le traitement humaniste que vous appeliez de
vos vœux face à l'immigration. Dix jours plus tard, il semblerait
que tout ça soit resté lettre morte. Madame Cao est toujours en
centre de rétention et attend le jour où elle sera remise, de force
cette fois, dans un avion en partance pour la Chine.
L'histoire
pourrait s'arrêter là, elle ne serait qu'un exemple parmi tant
d'autres de l'acharnement dont sont victimes tant de réfugiés et
sans papiers.
Mais
hier, le 22 juillet, toujours plus affaiblie par ce séjour prolongé
en centre de rétention, Madame Cao a tenté de mettre fin à ses
jours en s'ouvrant le poignet. Conduite d'urgence à l'hôpital, elle
a été soignée, puis sitôt hors de danger, reconduite en rétention
!
Je
vous écris aujourd'hui pour vous faire part de mon profond
écœurement. Est-ce pour en arriver là que j'ai voté pour vous au
second tour des élections présidentielles, espérant faire barrage
aux idées nauséabondes du Front National ? Depuis longtemps,
l'indignité de notre nation grandit de gouvernement en gouvernement.
Je crains que ce ne soit pas le vôtre qui mette un terme à cette
escalade.
Mais
aujourd'hui, je ne suis pas seul à m'indigner. Nous somme nombreux à
réclamer un traitement décent pour tous les réfugiés. Une
campagne en faveur de la régularisation de Mme Cao à inondé de
mails les secrétariats des ministères et de l’Elysée, des coups
de téléphone ont occupé les standards. La seule chose que nous
puissions faire, c'est dénoncer par tous les moyens l'indignité de
ce que vous faites en notre nom à tous. Comptez sur nous pour ne pas
y renoncer de si tôt.
Veuillez
agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments
républicains.
Laurent
Cantet
Membre du club des invités de Mediapart
Membre du club des invités de Mediapart
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