Le social-libéralisme, c'est l'acceptation, par des citoyens qui s'affirment socialistes, du système économico-politique capitaliste. C'est la négation même de la pensée socialiste telle qu'elle est née au XIX siècle et qui s'était incarnée dans des syndicats, des associations, des partis, des mutuelles, des coopératives...
Différentes tendances ont cohabité dans cette mouvance socialiste ( révolutionnaires, réformistes, anarchistes...), mais un lien existait entre tous les membres de ces organismes : en finir, tôt ou tard, avec la domination du capital sur le travail.
Les trahisons ont commencé quand l'exercice du pouvoir, suite à des élections "libres et démocratiques", a conduit des élus à des fonctions dirigeantes où ils ont subi des pressions et cédé aux compromis qui leur étaient présentés, voire imposés, par les responsables des puissances financières. Et cela dure.
Dans la première moitié du siècle passé, les dérives nationalistes ont dévoyé les socialismes vers des formes national-socialistes. Mussolini fut socialiste avant d'être fasciste. Et même Hitler a pu laisser croire à son attachement la cause ouvrière en procurant de l'emploi aux salariés atteints par le chômage, avant de sombrer dans un "nazisme", raciste et ultra-violent.
Aujourd'hui, le concept même de socialisme est mis à mal et la domination du capital est non seulement effective, évidente et brutale mais elle n'est plus récusée par ceux-là mêmes qui auraient, comme raison d'agir, le maintien et le développement, pour tous, de la sécurité sociale et de la protection sociale avec, en priorité, la défense des intérêts légitimes de ceux qui ont le moins de pouvoirs dans notre société.
Il aura fallu que soit révélée l'action néfaste des hommes et de leurs entreprises sur la planète Terre pour que l'omnipotence du capitalisme soit contestée. En même temps que décroissait l'influence des "forces du travail" s'élargissait celle des courants écologistes. On a bien entendu tendu aux écologistes le même piège qu'au socialistes : si vous abandonnez toute radicalité, vous aurez droit, vous aussi, aux délices de l'exercice de la fréquentation des palais de la République. Le pouvoir même partiel est plaisant et donne l'illusion de peser sur les réalités, mais ce n'est qu'une illusion !
En 2017, il va s'agir, dans un monde de plus en plus possédé et exploité par les riches d'en finir avec le social-libéralisme, plus nocif que le libéralisme économique lui-même car il donne à espérer ce qui ne sera jamais offert.
L'échec du quinquennat de François Hollande aura eu au moins l'avantage d'ouvrir les yeux de ceux qui n'avaient pas encore conscience que la trahison du Parti socialiste était consommée, non pas seulement dans les idées mais dans les faits.
Et cette trahison porte des noms. En 1956, elle s'appelait Guy Mollet, marxiste par devant et colonialiste par derrière ; il fit le lit de Charles De Gaulle qui nous légué une constitution néo-monarchiste dont nous subissons toujours, même après ses révisions, le principe "présidentialiste" et anti démocratique. Après 1981, durant quatorze ans, cette trahison du socialisme s'est appelée François Mitterrand qui, pour conserver le pouvoir, inventa la cohabitation. En 2002, elle s'appela Lionel Jospin, si sûr d'être élu qu'il fit passer, dans le calendrier politique, l'élection présidentielle avant les élections législatives, ce qui réduisit encore le pouvoir du Parlement. Enfin, en 2012, elle s'épanouit sous le règne de "François le petit", habile à effectuer des synthèses en son parti mais incapable de faire participer le peuple de France tout entier à la rénovation de la vie politique.
Sommes-nous parvenus au terme de ce processus de trahison ? Il faut croire que non puisque Manuel Valls, celui-là même qui gouverna sous la faible autorité du Président en partance et incapable de se re-présenter, voudrait devenir le vizir à la place du vizir...
Bien entendu, on n'est jamais si bien servi que par soi-même et la droite, de son côté, pour éliminer y compris le social libéralisme, s'est choisi un champion : un conservateur quasi thatchérien, François Fillon (dont le prénom semble bien convenir à la fonction présidentielle... !) qui serait le Chef d'État français le plus à droite depuis des lustres, voire des décennies.
Nous n'y gagnerions rien : entre le libéralisme social et le libéralisme antisocial l'écart est trop faible.
Alors que tenter (car les chances de succès sont faibles) ? Sauf une révolte populaire que rien n'annonce, même si elle s'avère aussi indispensable que périlleuse et peut surgir de façon inattendue, il reste à agir sur deux plans : dans le cadre dévalué des élections à venir et, surtout en participant à des actions pouvant modifier la donne politique quand "le fruit sera mûr".
Dans le cadre électoral présidentiel, puis législatif, il faut éliminer toute trace de la trahison faussement socialiste. Qu'on participe, ou non, aux primaires soit disant citoyennes, il importe de travailler à faire échec à toute tentative de continuation du "hollandisme" que ce soit sous la version "vallsiste" ou sous la forme, moins insupportable peut-être, du "peillonisme".
De même faut-il dire, expliquer, exposer que, parmi les sept candidats, les pseudo-écologistes Bennhamias ou de Rugy sont des marionnettes du PS et sont donc déconsidérées. Quitte à voter écolo, autant aller chercher du côté de celui qui a remporté la primaire des écologistes eux-mêmes : Yannick Jadot. Il reste d'ailleurs du choix parmi les écologistes, hors ou dans la primaire du PS, (car c'est ainsi qu'il fallait la nommer). En-dehors : Jean-Luc Mélenchon a fait sa conversion écologiste et en donne clairement les raisons ; à l'intérieur : le seul qui a fait la même évolution et l'assume dans tous ses discours, c'est Benoît Hamon. Arnaud Montebourg, quant à lui, reste un productiviste et le seul intérêt de sa candidature, c'est sa rupture avec la "droitiérisation" qu'incarne Manuel Valls.
Mais que restera-t-il, comme candidats pouvant concourir, une fois enregistrés au printemps, les parrainages officiels ? Mis à part au sein des droites : François Fillon, Marine Le Pen, et Emmanuel Macron, et à gauche : Jean-Luc Mélenchon et... le vainqueur de la Primaire PS, rien n'est acquis même pour Yannick Jadot. Comme chaque fois, il y aura des surprises et des candidatures à moins de 3 % pour témoigner politiquement ou se faire une publicité personnelle rentable...
Sans apport neuf, dans les contenus et dans les modes de transmission du message antilibéral, pouvant mobiliser l'opinion, il n'y aura plus de gauche au second tour de la présidentielle, début mai, ce qui laminera, aussitôt après, sa représentation parlementaire, à la mi-juin.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
(À suivre..., début 2017).
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