La
fraternité revisitée à l'approche de l'an 2017.
L'année qui approche sera
dure aux hommes de la Terre, n'en doutons pas !
Les risques en tous
genres, électoraux, climatiques, écologiques, terroristes, etc,
vont s'y multiplier.
La fraternité, la grande
oubliée, aura du mal à y trouver sa place bien qu'elle nous soit
essentielle.
Fraternité est le
vocable qui tient la troisième place dans la devise de la République
française.
Il n'y a, pourtant, aucune
hiérarchie entre Liberté, Égalité et Fraternité.
La devise républicaine figure à l'article 2 de la Constitution de 1958.
Elle a été adoptée
officiellement, une première fois, le 27 février 1848 par la
Deuxième République.
La Troisième République
ne l'a inscrite aux frontons des édifices publics qu'après le 14
juillet 1880.
Les mairies et même
nombre d'églises affichent, de nos jours, ce message républicain.
Mais la
signification politique de Fraternité a mis du temps à s'imposer et
ce n'est pas terminé.
La fraternité englobe,
associe et déborde la solidarité, l'hospitalité et la charité.
La solidarité rapproche,
renforce et unifie ceux qui font face ensemble, en temps de malheur.
L'hospitalité est
l'accueil de toute personne en détresse, notamment, et pas seulement
les malades.
La charité est empathie,
altruisme, philanthropie, secours et assistance, amour en un mot.
La fraternité, elle, est
constante, publique et globale ; c'est un mode de vie sociale.
La fraternité ou, de son
nom féminin, la sororité, est le sentiment d'appartenance à la
même famille.
Il ne s'agit pas,
toutefois, de la famille charnelle mais de la famille humaine dans
toute son étendue.
À chacun de savoir, de
découvrir et de comprendre jusqu'où s'étend cette proximité
terrestre.
La patrie est la terre des
pères et, cependant, elle limite souvent la fraternité plus qu'elle
ne n'élargit.
La fraternité est
universelle et fait, de tous les humains, femmes et hommes, un seul
peuple.
Il a fallu beaucoup de
temps, et il en faudra encore, pour que tous les Terriens se sachent
frères.
Les religions créent, ou
au contraire brisent, le lien de la fraternité.
Il n'est pas sûr que
celui qui parle d' « enfants de Dieu » admette qu'alors
nous soyons tous frères.
Dénoncer le mécréant,
l'infidèle, l'impie, l'incroyant, c'est refuser d'être frère ou
sœur d'autrui.
Dans une République
laïque, si nul n'est banni, c'est une lutte quotidienne que de le
faire prévaloir.
La laïcité a place dans
la devise républicaine, sans s'y ajouter, car elle est en son cœur
et la cimente.
Point de liberté de
penser et d'agir là où domine une doctrine ou une religion d'État.
Point d'égalité si des
discriminations hiérarchisent ou fragmentent le corps social.
Point de fraternité quand
les divisions sont nourries par l'intolérance et le sectarisme.
La laïcité seule permet
la confrontation des idées sans conduire à l'affrontement des
personnes.
La fraternité, - et c'est
pourquoi beaucoup s'en méfient -, est un cosmopolitisme pratique.
Car, vue du ciel par les
cosmonautes, la Terre ne connaît pas de frontières.
Ce point de vue cosmique,
voire cosmopolitique, fonde, physiquement, la fraternité terrestre.
Cette fraternité
politique, et non sentimentale, est source permanente de paix.
La fraternité met la
paix en marche, pas en mots, et tolère volontiers nos
multi-appartenances.
La fraternité irrite ceux
qui ne trouvent leur équilibre, leur sécurité, que dans les replis
identitaires.
Car la fraternité écarte
toutes les unifications hâtives et abusives dont le nationalisme.
Elle ne peut que s'ouvrir
à qui cherche refuge.
Elle ne craint pas la
diversité et tolère volontiers nos multi-appartenances.
La fraternité, la valeur,
de fait, la plus battue en brèche est à remettre constamment en
œuvres.
Jean-Pierre Dacheux
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