La
conférence internationale de Varsovie sur le climat a laborieusement
accouché d'un simulacre d'accord qui renvoie les participants à la
prochaine conférence de Paris en 2015. Alors que la maison brûle,
on recule encore pour prendre les nécessaires décisions ; c'est
désolant, mais cela fera encore deux ans de perdus pour
l'environnement !
Les
grandes organisations non gouvernementales et les mouvements1
représentant la société civile mondiale ne s'étaient pas trompées
et elles avaient « décidé
de faire un meilleur usage de leur temps en se retirant des
pourparlers de Varsovie ».
Alors
que le monde vient de connaître le typhon Haiyan qui a dévasté les
Philippines et qui, selon les spécialistes, fut le plus violent
jamais enregistré, les délégations des 190 pays présents n'ont pu
trouver qu'un semblant d'accord à minima qui, comme lors de chaque
conférence, ne résout rien. Chacun y a été de sa larme de
crocodile pour plaindre les populations philippines sinistrées et
exprimer sa compassion, mais aucun État ne veut assumer ses
responsabilités pour limiter les émissions de gaz à effet de
serre.
Les
grands pays émergents demandent aux pays industrialisés qu'ils
jugent les premiers responsables du réchauffement, au nom de leur
« droit au développement », de faire beaucoup
plus d’effort qu'eux. Cette demande est vigoureusement rejetée par
les États-Unis qui refusent que la Chine2
bénéficie d'un traitement de faveur.
Ce
refus nous fait entrevoir les véritables enjeux.
Les
gouvernements sont sous la pression des forces financières et
industrielles qui ne veulent absolument pas entendre parler d'une
limitation des rejets dans l'atmosphère, synonyme d'un
ralentissement économique et, de facto, d'une baisse des profits.
Aussi,
il ne semble pas que le dérèglement climatique, maintenant avéré,
fasse partie des préoccupations de l'oligarchie financière
mondiale. Elle s'intéresse plus à son enrichissement à court terme
qu'à l'avenir de la planète à long terme. Et, il ne faut pas
oublier le cynisme de ces grands groupes qui manipulent l'économie
mondiale. Lorsqu'une catastrophe se produit, leurs équipes
spécialisées se rendent immédiatement sur place, pour porter aide
aux populations, mais aussi et surtout, pour évaluer les besoins en
reconstruction des diverses infrastructures et des bâtiments. Même
s'il est insupportable
d'imaginer que catastrophes riment avec croissance, elles génèrent
pourtant des activités économiques, du chiffre d'affaire et
des profits très importants.
Les catastrophes naturelles, les guerres et leurs dégradations ont
toujours été des facteurs d'enrichissement d'une fraction des
citoyens au nom de la reprise économique. Et, en dehors des dons qui
sortent de « nos » poches, les contributions matérielles
et financières des nations ne sont pas consenties à fond perdu mais
elles sont remboursées ultérieurement et porteuses de taux
d'intérêts.
Le
cynisme va plus loin, puisque certains groupes pétroliers se
félicitent de la fonte d'une partie de la banquise arctique qui va
permettre de réduire de 15 à 20 000 km la route des tankers vers
l'Europe et générer des économies, à nouveau synonymes de profits
juteux.
De
plus, les études entreprises pour piéger le carbone dans les
sous-sols terrestres et dans les océans laissent entrevoir un marché
colossal qui fait rêver tous les financiers.
Compte
tenu de l'inertie des gouvernements, jouets des pressions des forces
financières, le dérèglement climatique ne fera qu'empirer et les
effets prévus par les modèles les plus pessimistes seront atteints
avant la fin du siècle.
Les
conséquences des atermoiements de tous ces apprentis sorcier sont
aujourd'hui imprévisibles, elles peuvent amener l'humanité à
disparaître à plus ou moins brève échéance comme les grands
mammifères avant elle.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
1
Il s'agit entre autres de Greenpeace, Oxfam,
WWF, Les amis de la Terre Europe, la Confédération internationale
des syndicats et d'Action Aid International.
2
Chine :
premier pollueur au monde en volume de pollutions - États-Unis :
premier pollueur par tête d'habitant
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