Il
ne suffit pas de commenter les propos nauséabonds du maire de
Cholet, Gilles Bourdouleix, il est nécessaire de différencier les
populations des Gens du Voyage et des Roms qui, si elles sont très
proches l'une de l'autre, vivent de façon différente.
Les
Roms, principalement d'origine roumaine ou bulgare, sont environ 20.000 dans notre pays, et même quand, par nécessité, ils vivent en
caravane, ils sont sédentaires. Les Gens du Voyage (expression de
plus en plus discutable, la majorité d'entre eux ne voyageant pas !)
représentent une population d'environ 400.000 personnes. IIs
sont Français et ceux d’entre eux qui se déplacent en caravane,
principalement durant les beaux jours, participent à des
rassemblement évangéliques.
Pour
faciliter leur vie journalière et leur déplacement annuel, la loi
« Besson » (1) de juillet 2000 impose aux communes de
plus de 5.000 habitants de créer une aire d'accueil pour les gens du
voyage et aux départements d'accueillir les rassemblements estivaux
en mettant à disposition des « aires de grand passage » pouvant
accueillir jusqu’à 150 caravanes. À ce jour, leur taux de
réalisation au niveau national de ces airs de passage est de
seulement 29%, contre 52% pour les aires d’accueil.
Ce
déficit en équipements obligatoires fournit aux missions
évangéliques tsiganes une justification lors des installations
illicites sur les terrains publics des collectivités ne respectant
pas la loi. Ces carences des municipalités et des départements et
ces installations dites « sauvages » placent, depuis
quelques années, chaque été, les Gens du Voyage sont sous le feu
de l'actualité.
En
Juillet 2010, le président de la République, Nicolas Sarkozy, dans
un discours dit de « Grenoble », resté malheureusement
célèbre, amalgamait Gens du Voyage et Roms, pour expliquer la
délinquance par l'immigration incontrôlée et annoncer l'expulsion
massive de Roms. Quelques semaines plus tard, le ministre de
l'Intérieur, Brice Hortefeux, dénonçait ces nomades « qui
roulent dans de grosses voitures de luxe »…!
Et
voici que, cet été 2013, à quelques mois d'élections municipales
cruciales pour toute la classe politique, les débordements verbaux
et les discriminations se multiplient et prennent un tour inquiétant
et intolérable. L'ancien ministre Christian Estrosi promet de
« mater »
les Gens du Voyage (et les Roms par la même occasion). Jean-Marie Le
Pen, fidèle à ses dérapages verbaux, en visite à Nice, qualifie
la présence de Roms dans la ville d'«urticante»
et «odorante». Le
maire d'Ustaritz, au Pays Basque, fait recouvrir son terrain de rugby
de lisier de cochon pour dissuader une mission tzigane de venir s’y
installer. Quelques maires envoient leur démission en Préfecture
pour protester contre la passivité des préfets face aux Voyageurs.
Enfin, le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, atteint le sommet de la polémique haineuse et de la bêtise en déclarant, face aux Tsiganes : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».
Enfin, le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, atteint le sommet de la polémique haineuse et de la bêtise en déclarant, face aux Tsiganes : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».
À Dachau, le triangle brun était porté par les Tsiganes internés avant d'être éléminés.
Même si l'ensemble des partis politiques a condamné ses propos et même si une enquête préliminaire pour "apologie de crime contre l'humanité" a été ouverte à son encontre, il ne faudrait pas que l'arbre Bourdaleix cache la forêt d'un scandale général ! Toutes ces prétendues « dérives », en fait parfaitement assumées par une partie de la classe politique, nous révèlent la progression d'un fascisme rampant, masqué, mais de plus en plus dangereux, pour qui tout est prétexte à dresser les Français les uns contre les autres..
Comme
le souligne la Ligue des Droits de l'Homme dans son dernier
communiqué : "La crise sociale
s'aggrave. Les discriminations, les contrôles au faciès, la
stigmatisation demeurent. La vie dans les quartiers pauvres est pire
qu'en 2005 ... ».
Il
faut ajouter à cet inventaire que les inégalités n'ont jamais été
aussi importantes, que le chômage atteint des sommets, que les
expulsions à répétition sans solution des populations Roms se
multiplient. D'ailleurs, pour être complet et impartial, il faut
signaler que de nombreux maires de couleur rose ne sont pas en reste
dans l'expulsion et la stigmatisation des Gens du Voyage et des Roms.
Si
l'on ne se décide pas enfin à traiter ces urgences, la société
française s'enfoncera dans une crise sociale majeure dont elle aura
beaucoup de difficultés à émerger.
(1) Il s'agit de Louis Besson, homme politique,
membre du Parti socialiste et qui fut par deux fois Ministre.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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