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jeudi 25 juillet 2013

Sur quel terrain poussent les Bourdouleix ?

 

Il ne suffit pas de commenter les propos nauséabonds du maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, il est nécessaire de différencier les populations des Gens du Voyage et des Roms qui, si elles sont très proches l'une de l'autre, vivent de façon différente. 
 
Les Roms, principalement d'origine roumaine ou bulgare, sont environ 20.000 dans notre pays, et même quand, par nécessité, ils vivent en caravane, ils sont sédentaires. Les Gens du Voyage (expression de plus en plus discutable, la majorité d'entre eux ne voyageant pas !) représentent une population d'environ 400.000 personnes.  IIs sont Français et ceux d’entre eux qui se déplacent en caravane, principalement durant les beaux jours, participent à des rassemblement évangéliques.

Pour faciliter leur vie journalière et leur déplacement annuel, la loi « Besson » (1) de juillet 2000 impose aux communes de plus de 5.000 habitants de créer une aire d'accueil pour les gens du voyage et aux départements d'accueillir les rassemblements estivaux en mettant à disposition des « aires de grand passage » pouvant accueillir jusqu’à 150 caravanes. À ce jour, leur taux de réalisation au niveau national de ces airs de passage est de seulement 29%, contre 52% pour les aires d’accueil. 

Ce déficit en équipements obligatoires fournit aux missions évangéliques tsiganes une justification lors des installations illicites sur les terrains publics des collectivités ne respectant pas la loi. Ces carences des municipalités et des départements et ces installations dites « sauvages » placent, depuis quelques années, chaque été, les Gens du Voyage sont sous le feu de l'actualité.

En Juillet 2010, le président de la République, Nicolas Sarkozy, dans un discours dit de « Grenoble », resté malheureusement célèbre, amalgamait Gens du Voyage et Roms, pour expliquer la délinquance par l'immigration incontrôlée et annoncer l'expulsion massive de Roms. Quelques semaines plus tard, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, dénonçait ces nomades « qui roulent dans de grosses voitures de luxe »…!

Et voici que, cet été 2013, à quelques mois d'élections municipales cruciales pour toute la classe politique, les débordements verbaux et les discriminations se multiplient et prennent un tour inquiétant et intolérable. L'ancien ministre Christian Estrosi promet de « mater » les Gens du Voyage (et les Roms par la même occasion). Jean-Marie Le Pen, fidèle à ses dérapages verbaux, en visite à Nice, qualifie la présence de Roms dans la ville d'«urticante» et «odorante». Le maire d'Ustaritz, au Pays Basque, fait recouvrir son terrain de rugby de lisier de cochon pour dissuader une mission tzigane de venir s’y installer. Quelques maires envoient leur démission en Préfecture pour protester contre la passivité des préfets face aux Voyageurs. 

Enfin, le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, atteint le sommet de la polémique haineuse et de la bêtise en déclarant, face aux Tsiganes : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».

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 À Dachau, le triangle brun était porté par les Tsiganes internés avant d'être éléminés.

Même si l'ensemble des partis politiques a condamné ses propos et même si une enquête préliminaire pour "apologie de crime contre l'humanité" a été ouverte à son encontre, il ne faudrait pas que l'arbre Bourdaleix cache la forêt d'un scandale général ! Toutes ces prétendues « dérives », en fait parfaitement assumées par une partie de la classe politique, nous révèlent la progression d'un fascisme rampant, masqué, mais de plus en plus dangereux, pour qui tout est prétexte à dresser les Français les uns contre les autres..

Comme le souligne la Ligue des Droits de l'Homme dans son dernier communiqué : "La crise sociale s'aggrave. Les discriminations, les contrôles au faciès, la stigmatisation demeurent. La vie dans les quartiers pauvres est pire qu'en 2005 ... ».

Il faut ajouter à cet inventaire que les inégalités n'ont jamais été aussi importantes, que le chômage atteint des sommets, que les expulsions à répétition sans solution des populations Roms se multiplient. D'ailleurs, pour être complet et impartial, il faut signaler que de nombreux maires de couleur rose ne sont pas en reste dans l'expulsion et la stigmatisation des Gens du Voyage et des Roms.

Si l'on ne se décide pas enfin à traiter ces urgences, la société française s'enfoncera dans une crise sociale majeure dont elle aura beaucoup de difficultés à émerger.





(1) Il s'agit de Louis Besson, homme politique, membre du Parti socialiste et qui fut par deux fois Ministre.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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