Aujourd'hui 9 juillet, sur l'antenne de RTL,
c'est Henri Guaino, qui, commentant la décision du Conseil
Constitutionnel d'invalider les comptes de campagne de Nicolas
Sarkozy, compare le verdict, qu'il qualifie "d'injuste" et "d'arbitraire",
à celui du procès qui avait envoyé au bagne à l'ile du Diable le
Capitaine Dreyfus. Il ose ajouter que c'est l'État de droit qui est
aujourd'hui en péril : " L'État de droit commence quand on peut
raisonnablement savoir ce qu'on peut attendre des autres. Quand je ne
sais pas ce que je peux raisonnablement attendre – par exemple en
matière de comptes de campagne – ni de la commission de campagne,
ni du juge constitutionnel, alors je ne suis plus dans un Etat de
droit."
C'est salir la mémoire du Capitaine Dreyfus que d'utiliser son drame et son nom pour satisfaire des intérêts politiques.
Jean-Luc Mélenchon, lui-même, venant au secours de l'ancien trader de
la Société Générale, avait comparé Jérôme Kerviel (1)
au capitaine Alfred Dreyfus : il avait eu tort.
Contrairement à ce qu'affirment Henri
Guaino et Nicolas Sarkozy, les règles de plafonnement des dépenses
de campagne étaient parfaitement claires et ce n'était pas un
secret qu’il y avait eu quelques tricheries, d'ailleurs plusieurs
barons de l'UMP avaient mis le parti en garde. Même si le coup est
rude, il n'y a pas de complot, pas de manipulation, seulement
l'application de la loi.
Ces
attitudes peu démocratiques qui viennent après de nombreuses
tentatives de remises en cause de notre modèle social lors du
précédent quinquennat commencent à devenir très inquiétantes :
- Attaques contre la laïcité lors du discours du Latran en 2007,
- Débat sur l'identité nationale et immigration avec le discours de Grenoble en 2010,
- Détricotage du droit du travail,
- Traitement populiste et libéral des questions de sécurité,
- Manque de considération du travail du Parlement,
- Manipulation des médias,
- etc.
Si un parti
d’opposition doit avoir le moyen de jouer un rôle démocratique de
contre-pouvoir, il est scandaleux qu'il s'arroge, en permanence,
le droit de mettre en cause les institutions de la République. Ce
parti, plutôt ce clan, qui se trouve sur une ligne ultra droitière,
parfois même antirépublicaine, considère que toutes les décisions
des institutions de la République qui vont contre son gré sont
illégitimes. Si comme le dit Henri Guaino, l'État de droit est en
péril, c'est à cette droite sarko-buissonniste, aidé de François
Copé que nous le devons.
Ils ne veulent pas débattre, ni
respecter les instances existantes. Tout ceux qui ne pensent pas
comme eux, sont contre eux.
Nous ne sommes plus dans le débat,
mais dans l'amorce du totalitarisme.
Un livre de Thomas Clay (2) vient de paraître dans lequel l'auteur écrit : « le
sarkozysme constituerait l'aboutissement de l'entreprise de
"destruction méthodique" du contenu du pacte républicain
et du modèle social français construits sous la IIIème République
et confortés pendant les Trente Glorieuses. »
Nous partageons cet avis et nous ne
pouvons pas laisser faire sans réagir, il est temps de prendre
conscience de ces dérives, de ces tentatives de hold-up, qui
amèneraient la République à se renier et à la France à ne plus
être la France.
(1) Jérôme
Kerviel, salarié de la Société générale, serait responsable des
pertes de la Société générale s'élevant à 5 milliards d'euros
découvertes en janvier 2008.
(2) Les lois du sarkozysme - Thomas Clay - Editions Odile Jacob ( Thomas Clay est professeur agrégé de droit privé, vice-Président de l'Université de Versailles et Ancien Doyen de la Faculté de droit et de science politique )
(2) Les lois du sarkozysme - Thomas Clay - Editions Odile Jacob ( Thomas Clay est professeur agrégé de droit privé, vice-Président de l'Université de Versailles et Ancien Doyen de la Faculté de droit et de science politique )
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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