D'abord pourquoi
ai-je voté ?
J'ai
voulu, comme le recommandent certains sociologues, mettre en
pratique, « l'observation participante », ne pas
seulement examiner les faits de l'extérieur, participer à un
événement politique, même s'il devait être de faible importance,
suivre les débats non comme au théâtre, mais en établissant un
rapport avec ma vie et ma propre pensée.
Pourquoi
s'engager dans « une primaire », de droite ou de gauche ?
Je
récuse cette pré-désignation d'un candidat à l'aide d'un mode de
scrutin qui est la pâle copie du scrutin présidentiel à deux tours
et strictement binominal in fine... En fait, ce n'est pas la
forme de cette primaire « de la gauche et de écologistes »,
dite de « la Belle Alliance » ou « citoyenne »
(?) qui avait de l’intérêt mais bien la double question posée à
cette occasion : que veut dire désormais le mot gauche et un
parti peut-il en être encore le support ? Les débats
pouvaient-ils fournir, à ces sujets, des éclairages et le PS
va-t-il en sortir revivifié ou moribond ?
Pourquoi
me mêler de ce qui m'intéresse modérément ?
Que
plusieurs centaines de milliers de citoyens se déplacent pour
effectuer des choix politiques ne peut laisser indifférent même
quand aucun de ces choix n'est tout à fait le mien. Tenter
d'infléchir ces choix, de façon minuscule, au moyen d'un simple
bulletin de vote, n'est que le prolongement d'une analyse faite en
tenant compte des arguments entendus.
Pourquoi
risquer d'être récupéré par un parti sur le déclin ?
J'ai
acquis la conviction que je ne risquais rien. Je suis libre. Par
rapport aux candidats (je ne suis pas sûr du tout de voter, en
avril, pour le vainqueur de la finale même si je n'en suis pas
éloigné). Par rapport aux partis ( je ne suis membre
d'aucun) a fortiori du PS ( qui est allé au bout de ses
trahisons). Par rapport à quelque machine électorale que ce soit
(je n'ai pris aucun engagement en me déclarant « solidaire de
la gauche et des écologistes » avant de rentrer dans un
isoloir). C'est un mensonge, du reste, que d'avoir exigé cet
engagement des électeurs alors que ceux qui, au PS, ont organisé
cette primaire n'ont jamais cru, une seconde, que socialisme et
écologie étaient inséparables !
Pourquoi
voter alors, après toutes ces réserves et ces critiques ?
Je
n'ai voté que pour contribuer, ne fut-ce que très modestement, à
mettre en difficulté Manuel Valls coresponsable d'un quinquennat
calamiteux. Le social-libéralisme de François Hollande et de
son premier ministre doit être sanctionné par ceux « qui
n'ont pas voulu ça », en 2012, et qui ont dû le subir
cependant. Si, comme l'indiquent les résultats proclamés, hier
soir, Benoît Hamon, en tête avec 5 points d'avance, devait, en
bénéficiant du soutien des électeurs d'Arnaud Montebourg,
l'emporter nettement, le 29 janvier prochain, alors, les cartes
seraient rebattues totalement, à gauche, au PS, et , du coup, au
sein de la politique française tout entière.
Pourquoi
penser qu'une gauche éclatée puisse éviter un nouveau désastre
électoral ?
Jusqu'à
présent, la victoire de François Fillon apparaissait acquise. Les
villes, les départements, les régions, le Sénat sont tous, depuis
2012, passés majoritairement à droite. Le Front national de Marine
Le Pen obtient des résultats qui lui donnent tous les espoirs de
figurer, au pire pour lui, en seconde position au printemps prochain.
La gauche du PS n'a pu que... se rallier à la droite au cours des
dernières élections régionales, au nord comme au sud de la France,
pour éviter que deux régions majeures ne tombent sous le joug des
nationalistes. L'élément neuf c'est que les gauches (celle de
Mélenchon comme celle de Benoît Hamon, sans oublier celle de
Yannick Jadot) ont retrouvé de la confiance et des idées neuves.
L'équation est modifiée : l'alliance des trois composantes
représentées par des candidats qui ont rompu avec le PS en
perdition, est seule à même de concourrir avec une (petite) chance
de figurer honorablement en avril prochain.
Pourquoi voter encore le 29 janvier prochain si « la messe
est dite » et Hamon assuré du succès ?
Les deux protagonistes restés en piste vont en appeler aux
électeurs. L'un, Benoît Hamon, pour réveiller tous les déçus et
consolider son avance, en affirmant que la sanction de l'échec, mais
aussi l'espérance, l'avenir, la créativité politique passent par
un succès net de sa part. L'autre, Manuel Valls, pour refaire son
retard, en brandissant l'argument de sa « présidentialité »,
du choix de la « gauche de gouvernement » dite réaliste
et non utopique, qu'il prétend incarner face à la gauche
d'illusions qui, selon lui, ne peut l'emporter. Il ne manque pas de
ressources et de soutiens pour faire une campagne brillante, active
et brutale. Le temps n'est donc pas venu de laisser l'événement
se produire sans contribuer, une fois encore, à sa réalisation.
Pourquoi se soucier d'une élection dont les questions
essentielles seront absentes ?
Ni l'Europe politique à réinventer, ni les questions énergétiques à repenser, ni la préoccupation climatique à prioriser, ni les inégalités sociales à abolir, etc..., aucune des questions de fond dont dépend l'avenir de nos sociétés ne sont considérées, par les « réalistes », comme des questions sérieuses. Qui ne chiffre pas,(dans les limites des budgets actuels non retouchables !), une proposition nouvelle serait, a priori, un utopiste ! Parler, comme le fait Hamon, de revenu universel, serait, par conséquent, le signe de son irresponsabilité et de son incapacité à exercer des fonctions majeures. Cette fausse opposition entre les sérieux et les irresponsables, entre les réalistes et les utopistes, entre les partis de gouvernement et les formations d'opposition, entre, bref, les capables et les incapables, entre les élites et les fantaisistes, n'est rien d'autre que la négation de la politique qui est création, invention, et recherche permanente de solutions nouvelles ! Ou bien l'on gère (en tordant le cou à ce qui n'est pas dans l'épure officielle), ou bien on affronte les difficultés de notre temps qui menacent les peuples. Le réalisme est de plus en plus conservateur. L'utopie n'est que l'obligation d'une quête de réponses neuves dans un monde nouveau.
Ni l'Europe politique à réinventer, ni les questions énergétiques à repenser, ni la préoccupation climatique à prioriser, ni les inégalités sociales à abolir, etc..., aucune des questions de fond dont dépend l'avenir de nos sociétés ne sont considérées, par les « réalistes », comme des questions sérieuses. Qui ne chiffre pas,(dans les limites des budgets actuels non retouchables !), une proposition nouvelle serait, a priori, un utopiste ! Parler, comme le fait Hamon, de revenu universel, serait, par conséquent, le signe de son irresponsabilité et de son incapacité à exercer des fonctions majeures. Cette fausse opposition entre les sérieux et les irresponsables, entre les réalistes et les utopistes, entre les partis de gouvernement et les formations d'opposition, entre, bref, les capables et les incapables, entre les élites et les fantaisistes, n'est rien d'autre que la négation de la politique qui est création, invention, et recherche permanente de solutions nouvelles ! Ou bien l'on gère (en tordant le cou à ce qui n'est pas dans l'épure officielle), ou bien on affronte les difficultés de notre temps qui menacent les peuples. Le réalisme est de plus en plus conservateur. L'utopie n'est que l'obligation d'une quête de réponses neuves dans un monde nouveau.
Pourquoi, enfin, valoriser un épisode, certes intéressant d'un point de vue médiatique, mais non décisif au regard des risques encourus par l'humanité tout entière ?
Si la France est,
désormais, un petit pays planétaire, ses citoyens ne peuvent se
résigner à subir un monde où dominent les Trump, Poutine, Erdogan
et autres Bachar el Assad. Au reste, ces chefs d'État, colosses aux
pieds d'argile, n'ont pas le soutien garanti de leurs peuples et la
violence n'offre pas un avenir sûr aux dictateurs même camouflés
derrière des apparences démocratiques. Les inégalités ont atteint
un tel niveau d'injustice que les puissants se sont mis eux-mêmes en
danger. Le capitalisme dispose encore de tous les moyens de nuire
mais pas ceux de durer. C'est dans ce contexte qu'il faut se
placer pour s'engager. Il n'y a pas d'action trop modeste et
insuffisante pour peu que beaucoup d'humains y prennent part.
JP Dacheux -
23.01.2017
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