Le
gouvernement, les syndicats et les patrons se sont réunis, les lundi
26 et mardi 27 août, pour mettre en place un énième plan destiné
à garantir la pérennité des retraites par répartition et à
trouver un équilibre financier.
Cet exercice
nous amène à quelques réflexions. D'abord, décernons des
félicitations au gouvernement et à son premier ministre. En effet,
moins d'une heure après la fin des rencontres, un plan était
présenté à la presse ! Quelle rapidité dans la synthèse ! À
moins que la messe ne fût dite bien avant et que les rendez-vous
fussent seulement destinés à l'endormissement des foules.
Ce
« nouveau » plan prévoit que l'âge de départ à la
retraite à 62 ans reste inchangé. Seule la durée de cotisations,
pour bénéficier d'une retraite à taux plein, s'allonge de 42 à 43
ans en... 2035 ! Ce point particulier du plan constitue un abus
de confiance caractérisé sachant que :
- l'âge moyen où l'on trouve un emploi stable est de l'ordre de 27 ans1,
- un salarié sur trois2 est, et reste, longtemps au chômage à partir de 50 ans,
- que les périodes de chômage, quelle que soit leur durée, ne sont pas totalement prises en compte dans le calcul de la retraite.
L'addition
de tous ces paramètres entraîne une durée moyenne de cotisations
de l'ordre de 30 ans3,
aussi, pratiquement, sauf exception, ou sauf à travailler jusqu'à
75 ans, aucun salarié ne bénéficierait plus de la retraite à
taux plein. On cherche quelles
sont les valeurs socialistes dans cette démarche, en effet, nos
dirigeants voudraient, sans en avoir l'air, enterrer la retraite par
répartition qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.
Enfin,
sauf à pratiquer l'art divinatoire, qui peut aujourd'hui connaître
l'évolution du « travail » dans les 25 prochaines années
? Nous recommandons à nos dirigeants la lecture du livre de Jeremy
Rifkin sur La fin du travail4
(préfacé par Michel Rocard) qui affirme, exemples à l'appui, que
le travail productif tel que nous le connaissons aujourd'hui tend
purement et simplement à disparaître. Un livre de Jean Fourastié5
mettait déjà en évidence la tendance longue, mais constante, de la
baisse de la durée du travail. Quant à Jacques Ellul6,
voici 30 ans, il jugeait inéluctable la diminution drastique du
temps de travail.
D'ici
donc, ces 25 prochaines années, au rythme où le temps de travail
utile se déconnecte de la production, ou bien les rémunérations
cesseront d'être proportionnelles au nombre d'heures effectuées (et
le plein emploi salarié ne sera plus qu'un souvenir) ou bien les
ménages verront leur niveau de vie s'effondrer. À quoi s'ajoute, et
c'est pire encore, que finir sa vie dans la dignité avec des revenus
suffisants sera tout simplement devenu impossible pour la grande
majorité des citoyens !
Nos
dirigeants sont enfermés dans leurs archaïsmes et leurs idées
reçues. Leur manque de courage politique, leurs préoccupations
électoralistes les cantonnent dans la répétition de recettes
rebattues alors que la société avance sans eux, mais surtout sans
nous, complices que nous sommes de leur inertie.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
1
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/france/taux-de-chomage-des-jeunes-de-moins-de-25-ans.html
2
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/04/26/seniors-plans-sociaux-radiations-les-chiffres-du-chomage-a-la-loupe_3167445_3224.html
3
travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/article200910.pdf -
Voir page 5 du document :
« La hausse de l’âge
de fin d’études et les difficultés d’insertion des jeunes sur
le marché du travail se traduisent par une baisse sensible au fil
des générations des durées d’emploi à 30 ans. Celles-ci
diminuent en moyenne de 2,6 années entre les générations nées
entre 1934 et 1943 et celles nées entre 1964 et 1973 ».
4 Rifkin
Jeremy, La fin du travail, éditions La Découverte, (1996).
5 Fourastié
Jean, Les Quarante Milles Heures, Gonthier-Laffont (1965),
reparu aux éditions de l'Aube (2007).
6 Ellul
Jacques, Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? Textes
choisis, éditions La Table ronde, (2013)
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