Alors que l'on
commémore les dramatiques bombardements nucléaires des 6 et 9 août 1945 sur
Hiroshima et Nagasaki, - plus de
300 000 victimes immédiatement ou
dans les mois et les années qui ont suivi -, une information concernant le
Japon tombe : « Fuites
radioactives à Fukushima : problème "urgent" avec l'eau contaminée,
selon le Premier ministre du Japon ».
La menace d'une catastrophe pire encore que celle de Tchernobyl plane sur l'humanité. Trois réacteurs détruits déversent dans l'air, dans l'océan et dans la terre, leur poison mortel. Les ingénieurs ne savent pas comment faire face à tous ces problèmes. Tous les spécialistes qui ont conçu et fabriqué la machine nucléaire en clamant que la sécurité « était, est et sera totale », n'ont pas de solution à proposer lorsqu'une telle catastrophe majeure a lieu.
Ils n'ont cessé d'affirmer que la contamination nucléaire est sans danger, que l'état du réacteur sous le sarcophage de Tchernobyl est stabilisé, qu'il n'y a pas de pollution à redouter dans l'océan Pacifique, que les réacteurs et la centrale de Fukushima sont sous contrôle, que les effets des particules dispersées dans l'environnement sont nuls, etc … alors qu'ils n'en savent rien. La technologie nucléaire est une technologie d'occultistes, et pour cause, personne ne peut aller y voir.
À Fukushima, l'eau constitue le principal problème.
Celle qui refroidit, en permanence, les cœurs fondus des trois réacteurs
devient hautement toxique et radioactive à leur contact. Elle est traitée et le
césium, qui en est extrait, est conservé dans des milliers de bidons, sur le
site. Ce qui reste de l’eau toxique est stocké dans des citernes et des
réservoirs : 320 000 tonnes environ, pour une capacité maximale
actuelle de 380 000 tonnes (qui sera atteinte vers la mi-novembre
2013 !)
Chaque jour, 1 000 tonnes d’eau naturelle
souterraine sont en circulation, 400 tonnes d’eau se déversent dans les
sous-sols de la centrale (dont personne ne connaît l’état depuis séisme de mars
2011!) et 300 tonnes d’eaux contaminées migrent vers l’océan. Cette
pollution touche près de 40% des poissons pêchés autour de Fukushima qui sont
impropres à la consommation. Quarante espèces des grands fonds sont touchées.
De dérisoires filets sont tendus en mer pour tenter d’empêcher la
circulation des poissons
contaminés...
Le 6 août, (stupéfiant anniversaire, effectuant le
lien entre Hiroshima et Fukushima !), la situation d’urgence a donc été
décrétée.
Cette situation aura des répercutions mondiales si elle
ne se normalise pas rapidement. Elle nous amène à réfléchir à l'histoire de
l'ère atomique depuis sa naissance, il y a 71 ans, et à proposer, en
rassemblant un ensemble d'éléments non exhaustifs [1],
de mener une réflexion raisonnée et rationnelle sur l'extrême dangerosité du
domaine de l'industrie nucléaire civile et militaire.
Le début de l'ère
atomique se situe, en 1942, aux USA, quand Enrico Fermi y crée la première pile
atomique (nom donné au premier réacteur) constituée d'éléments d'uranium (la matière
fissile) répartis dans un empilage de graphite (le modérateur). La seconde
guerre mondiale amène les États-Unis à accélérer les études et à fabriquer la
première bombe atomique, laquelle explose le 16 juillet 1945, sur la
base aérienne d'Alamogordo dans l'État du Nouveau-Mexique. La suite est très
rapide puisque deux bombes sont lâchées sur deux villes du Japon, moins de
trois semaines plus tard.
Depuis 1945, huit
autres pays se sont dotés d'armes nucléaires – la Grande-Bretagne, la France,
la Russie, la Chine, l'Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord –.
Trente-et-un ont construit des centrales nucléaires, soit un total de 439
réacteurs à travers le monde.
En France, en
1945, le général de Gaulle crée le Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA) pour
mettre au point la bombe atomique française. Le premier essai nucléaire eut
lieu en 1961, dans le désert algérien. 210 essais suivront : jusqu'en 1966,
dans le Sahara, puis en Polynésie française. Malgré un
moratoire décidé par François Mitterrand, en 1991, Jacques Chirac, en 1995,
autorise la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique. Le dernier essai
eut lieu en janvier 1996. En septembre de la même année, la France signait le
Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Depuis cette date, elle
n'a plus jamais effectué d'essais nucléaires.
Les premiers
réacteurs nucléaires « civils » datent de la fin des années 1950.
Mais, lors premier choc pétrolier, en 1970, un programme de grande ampleur, le
« plan Messmer », est lancé pour généraliser l'énergie nucléaire et
prévoir la mise en chantier de trois réacteurs par an. Ce programme a fait de
la France le pays le plus nucléarisé au monde. Aujourd'hui, on y compte 58
réacteurs, répartis sur 19 sites, tous de deuxième génération à eau pressurisée.
Des réacteurs, dits de troisième génération (de type EPR), sont en construction, à Flamanville, près de Cherbourg, ou en projet, à Penly, près de Dieppe. Dans
le même temps, dix réacteurs sont en démantèlement (voir ci-dessous), notamment
celui de Superphénix à Creys-Malville.
L'énergie nucléaire [2],
c'est quoi ?
La réaction nucléaire est une opération modifiant le noyau des atomes. Les atomes constitutifs de la matière sont généralement stables, pourtant certains d'entre eux (ceux de l'uranium) se transforment spontanément en émettant des rayonnements qui créent de l'énergie. C'est la radioactivité.
Les deux
principales réactions, celles qui permettent de produire de l'électricité et
des bombes sont :
- La fission
nucléaire : qui consiste à projeter
un neutron sur un atome lourd "fissible" (l'uranium 235 ou le
plutonium 239), pour le faire éclater en 2 atomes plus légers. Cela produit
aussi de la chaleur, des rayonnements radioactifs, et 3 neutrons capables à
leur tour de provoquer une fission : c'est le mécanisme de la réaction en
chaîne.
- La fusion
thermonucléaire : consiste à rapprocher suffisamment 2 atomes d'hydrogène
(deutérium et tritium) afin de les faire fusionner en un atome d'hélium. Cela
produit aussi de la chaleur et un neutron. Pour aboutir à cette fusion, il faut
vaincre la répulsion électrostatique qu'il y a entre les atomes, ce qui suppose
que le mélange de deutérium et de tritium soit porté à une température de
l'ordre de quelques dizaines de millions de degrés.
C'est à partir de ces réactions qu'apparaissent de
nouveaux élément chimiques, appelés transuraniens, produits artificiellement, et
qui présentent des dangers redoutables.
Ces transuraniens
sont des éléments chimiques dont le numéro atomique est supérieur à celui de
l'uranium Tous ces radioéléments sont produits artificiellement, au sein de
réacteurs nucléaires pour les plus légers et par des accélérateurs de
particules de certains laboratoires de recherche spécialisés pour les plus
lourds. Le plutonium est un élément chimique des plus rares dans la nature
et qui a été presque exclusivement produit par l'homme, de 1940 à nos jours.
Radionucléide
|
Période
|
Cobalt 60
|
5,2
ans
|
Tritium
|
12,2
ans
|
Strontium
90
|
28,1
ans
|
Césium 137
|
30
ans
|
Américium
241
|
432
ans
|
Radium 226
|
1
600 ans
|
Carbone 14
|
5
730 ans
|
Plutonium
239
|
24
110 ans
|
Neptunium
237
|
2
140 000 ans
|
Iode 129
|
15
700 000 ans
|
Uranium
238
|
4 470 000 000 ans
|
Quelques transuraniens pas très sympathiques :
Le plutonium fabriqué
au coeur des réacteurs nucléaires est l'une des matières les plus dangereuses
jamais créées par l'homme. Une poussière de plutonium suffit pour provoquer un
cancer du poumon. À partir d'une masse critique de 5 ou 6 kg, le plutonium
explose spontanément. Il doit donc être stocké en petites quantités (2,5 kg
maximum, soit le volume d'un oeuf). Pendant plus de 240 000 ans, il reste
dangereux .
Le neptunium, élément chimique de synthèse,
radioactif, est le premier des transuraniens. Il reste dangereux pendant
plus de 2 140 000 ans.
L'iode 129 fait partie des produits de fission et reste dangereux durant 15 700
000 ans.
L'uranium 238 est faiblement radioactif, mais sa durée de vie est de 4 470 000
000 ans.
Les déchets radioactifs :
Ces déchets radioactifs qui posent, aujourd'hui, les
problèmes les plus importants à l'humanité tout entière sont les transuraniens.
Ils sont produits par les réactions de fission des réacteurs nucléaires. Au
moment de leur retrait des réacteurs ils ont des températures très élevées et
des durées de vies extrêmement longues, ce sont les « déchets à Haute
Activité et à Vie Longue » (HAVL), les déchets ultimes de l'énergie
nucléaire et les plus dangereux, du fait de la grande concentration de
radioactivité qu'ils contiennent. La France en produit 1 150 tonnes par an et,
au 31 décembre 2007, selon l'Inventaire national des matières et déchets
radioactifs de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(ANDRA), ils représentaient 0,2 % du volume des déchets radioactifs, soit
2 293 m3,
mais rassemblaient 94,98 % de la radioactivité totale des déchets
radioactifs produits. La concentration de radioactivité dans ces déchets est
telle qu'ils constituent une source importante de chaleur, dont il faut tenir
compte pour leur conditionnement. Il s'agit d'uranium et de plutonium, et de
produits de fission (krypton, baryum, etc). Pour les refroidir, ils doivent
être stockés pendant de très nombreuses années, jusqu’à ce qu’ils arrivent à
une température qui soit assez basse pour le stockage final (environ 100C°). En
France, on effectue un retraitement de ce type de déchets ce qui permet, entre
autres, de réduire le volume occupé par ces derniers.
Démantèlement des centrales :
Aussi incroyable que cela puisse paraître, à la
conception des centrales nucléaires, on ne s'est pas soucié de prévoir leur
démantèlement. À ce jour, on « tâtonne » et on ne sait pas
encore très bien comment on va s'y prendre... Une des principales difficultés
est que la plupart des matériaux qui constituent la centrale, y compris le bâtiment
du réacteur lui-même, sont devenus radioactifs.
L'exploitant EDF prévoit, pour le démantèlement des 58
réacteurs, un coût de 15 milliards d'euros. Les premières expériences montrent
que ce coût est très largement sous-estimé : pour la centrale de Brennilis,
toujours en cours de démantèlement, ce coût est déjà passé de 20 millions à 480
millions d'euros.
Retraitement des déchets :
Dans le
monde, il existe quatre usines de retraitement :
- La
Hague en France (la plus importante au monde).
- Sellafield (autrefois
appelée Windscale), au Royaume-Uni.
- Le complexe nucléaire
Maïak, en Russie.
- Tokai, au Japon.
En France, l'usine de La Hague évaluait, en 2010, à
1 320 000 m³ son volume de déchets radioactifs lequel devrait s'élever à 2 700 000 m3 d'ici 2030. Ces déchets
proviennent de France et de divers pays. Les opposants au nucléaire considèrent
que l'usine de la Hague est l'une des installations nucléaires les plus
polluantes au monde, le site rejetant en mer des effluents radioactifs issus
des procédés de traitement des combustibles usés. Ces rejets sont encadrés par
des autorisations spécifiques. La gestion de ces déchets est dite par dilution
(par opposition à une gestion par confinement). Greenpeace a, par exemple,
mesuré dans les rejets radioactifs en Manche (230 000 m3 par an) et dans l'atmosphère, des
concentrations de krypton 85 de l'ordre de 90 000 Bq/m3, alors que le
rayonnement naturel est de 1 à 2 Bq/m3 dans l'air. En mars 2013, un taux anormal de tritium a été
mesuré dans l'eau de mer par l'Association pour le contrôle de la radioactivité
dans l’Ouest (ACRO). Environ 50 tonnes de plutonium y sont stockées. L'un des problèmes majeurs dénoncés par les techniciens est
qu'il y a davantage de déchets nucléaires après retraitement que sans retraitement
!
L'entreposage :
C'est une solution "temporaire", mais de
longue durée, nécessaire pour laisser aux déchets les
plus chauds le temps de refroidir en attente d’enfouissement définitif. Ils
seraient stockés en surface ou “sub-surface” pour 300 ans. S'il s'agit d'une
solution « temporaire », elle s'étendra sur des périodes séculaires, au
prix d'une surveillance et d'une maintenance constantes très onéreuses. Pour le
moment, dans notre pays, aucun site d'enfouissement n'est opérationnel (voir,
ci-dessous, le cas de la CIGEO) et tous les produits radioactifs sont
conservés en entreposage à l'air libre ou en tranchée.
L'enfouissement :
Voilà un cadeau empoisonné que l'on laisse aux futures
générations. Les déchets enterrés resteront actifs
pendant des temps quasiment infinis, et personne ne peut s'engager sur la durée
du temps pendant lequel les fûts de déchets resteront étanches. On compte, bien
sûr, sur la roche pour faire office de garde-fou. Mais, rien ne peut garantir
la stabilité du terrain sur des durées aussi longues. Gaïa, notre Terre, est
vivante et le sol instable ! On ne peut pas non plus empêcher les
ruissellements souterrains. C'est un pari fou qui met en péril les générations
futures. De plus, le coût des opérations d'enfouissement des déchets existants est exorbitant :
en 2003, les évaluations étaient de 58 milliards d'euros ! Pour l'instant, EDF
refuse de provisionner ces coûts. Quel sera le réel prix de revient du kWh
électrique nucléaire lorsqu'il comptabilisera l'intégralité de ces charges
futures … ?
Dans l'est de la France, à Bures, à la limite de la
Meuse et de la Haute-Marne, le Centre Industriel de Stockage Géologique
(CIGEO), qui ne fait pas l'unanimité, devrait stocker des déchets à partir de 2025, et pour
100 ans, à 500 m de
profondeur, dans une couche de roche argileuse imperméable, choisie pour ses
propriétés de confinement, sur de très longues échelles de temps. Le coût de
l'opération est estimé aujourd'hui à 35,9 milliards d'euros.
En Europe, à l’ouest de la Finlande, sur la presqu’île
d’Olkiluoto, là où s'édifie, dans la difficulté, le second EPR, des ouvriers
creusent un trou de 450 mètres de profondeur, parcouru par cinq kilomètres
de voies souterraines. Lorsqu’il sera terminé, en
2020, l’industrie nucléaire finlandaise commencera, alors, à y enterrer des
milliers de tonnes de déchets radioactifs. La fosse serait scellée 100 ans
plus tard pour rester inviolée pendant 100 000 ans : un défi insensé et risqué ! D'autres projets sont à l'étude ou en cours
de réalisation en Allemagne, au USA, au Japon, en Belgique, au Royaume-Uni et
même en Suisse.
Les accidents nucléaires [3]
« connus » depuis 1942 :
Accidents majeurs :
28 mars 1979 : à la suite d'un enchainement d'événements, le réacteur N° 2 de la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie - USA) fond partiellement, entraînant un dégagement de radioactivité dans l'atmosphère. L'accident est classé au niveau 5 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES).
26 avril 1986 : un accident, de niveau 7 selon l'échelle INES, survient à la centrale Lénine de Tchernobyl, en Ukraine. Des erreurs humaines et des défauts de conception, entraînent la fusion du coeur du réacteur n°4 qui explose, libérant dans l'atmosphère de grandes quantités d'éléments radioactifs. 250 000 personnes sont évacuées autour de la centrale. La ville de Prypiat est toujours interdite aux enfants mineurs et aux femmes enceintes ou en âge de procréer. 27 ans plus tard, le réacteur numéro 4 renferme toujours 130 tonnes de matières hautement radioactives qui seront dangereuses pendant au moins 4 millions d'années . Un nouveau sarcophage, destiné à recouvrir le réacteur, devrait être achevé en 2015. Il pèsera 30 000 tonnes, nécessitera 600 000 boulons et des kilomètres de charpente. Le tout pour un budget d'un milliard d'euros.
26 avril 1986 : un accident, de niveau 7 selon l'échelle INES, survient à la centrale Lénine de Tchernobyl, en Ukraine. Des erreurs humaines et des défauts de conception, entraînent la fusion du coeur du réacteur n°4 qui explose, libérant dans l'atmosphère de grandes quantités d'éléments radioactifs. 250 000 personnes sont évacuées autour de la centrale. La ville de Prypiat est toujours interdite aux enfants mineurs et aux femmes enceintes ou en âge de procréer. 27 ans plus tard, le réacteur numéro 4 renferme toujours 130 tonnes de matières hautement radioactives qui seront dangereuses pendant au moins 4 millions d'années . Un nouveau sarcophage, destiné à recouvrir le réacteur, devrait être achevé en 2015. Il pèsera 30 000 tonnes, nécessitera 600 000 boulons et des kilomètres de charpente. Le tout pour un budget d'un milliard d'euros.
11 mars 2011
: à la suite d'un important séisme, suivi d'un raz de
marée, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, au Japon, est victime
d'un accident nucléaire majeur classé au niveau 7 (le plus élevé) de l'échelle
internationale des événements nucléaires, au même degré de gravité que la
catastrophe de Tchernobyl, compte tenu du volume important des rejets. Mise
hors service depuis l'accident, la centrale nucléaire de Fukushima
Daiichi doit être démantelée, ce qui s'effectuera pendant une durée
évaluée, actuellement, à quarante ans.
Autres accidents :
1957 : à Windscale, au
Royaume-uni, lors de l'entretien d'un des réacteurs graphite gaz à uranium
naturel, un incendie nucléaire se produit et dure plusieurs jours pendant lesquels
des produits de fission, essentiellement, sont rejetés à l'extérieur du
bâtiment. Les vents entraînent le nuage radioactif au-dessus de l'Angleterre,
puis touche le continent sans que la population soit avertie.
L'accident fut classé au niveau 5 sur l'échelle internationale. Après cet
accident, (pour oublier ?) Windscale est débaptisé et devient Sellafield.
19 avril 2005 : toujours
à Windscale-Sellafield, 83 000 litres de matière radioactive
sont découverts dans une
construction en béton armé, suite à une fuite dans une canalisation. La
quantité de plutonium libérée - 200 kg - aurait pu suffire pour déclencher
un accident de criticité (réaction en chaîne) même si l'enquête estime que la
concentration était insuffisante pour cela. La même enquête avait montré que la fuite
n'avait été formellement détectée qu'au bout de 8 mois !
En dehors de ces accidents les plus graves, il est
officiellement recensé :
- 32 incidents dans des centrales depuis 1969.
- 11 incidents au cours de transports ou de traitement
des déchets depuis 1964.
- 21 incidents dans le domaine de la recherche médicale
et militaire (secret défense) depuis 1942.
- 4 accidents, lors des essais nucléaires, dont 1 au
Sahara (alors département français)
- 33 accidents [4]
avec des vecteurs militaires aériens ou sous-marins depuis 1950. À ce jour, il
reste au fond des océans, 9 bombes thermonucléaires qui n'ont pu être
récupérées lors d'accidents aériens et 4 sous-marins nucléaires russes.
- 8 pollutions de l 'atmosphère ou de l'eau, suite
à des mauvaises manipulations, ou à des retombées accidentelles de satellites.
Soit 114 accidents ou incidents en 70 ans.
La liste, non exhaustive, établie pas L'INES [5]
répertorie les données suivantes :
- 7 dysfonctionnements de niveau 3, qualifiés d'incident
grave.
- 5 dysfonctionnements de niveau 4, qualifiés d'accident.
- 4 dysfonctionnements de niveau 5, qualifiés d'accident.
- 1 dysfonctionnement de niveau 6, qualifiés d'accident grave.
- 2 dysfonctionnements de niveau 7, qualifiés d'accident
majeur.
Coûts humains :
Nombre
estimé des victimes dues à l'exposition à la radioactivé
Estimations selon : CIPR (1)
CERI
(2)
Total des morts par cancers 1,2 million 61 millions
Total des cancers non mortels 2,3
millions 123
millions
Mortalité infantile
Non
pris en compte 1,6 millions
Source : Recommandations 2003 du CERI.
Etudes des effets sanitaires des expositions à de faibles doses de rayonnements
ionisants, à des fins de radioprotection.
(1)
CIPR
: Commission Internationale de Protection Radiologique
(2)
CERI
: Comité Européen sur le Risque de l'Irradiation
L'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) soutient
qu'il n'y a pas d'augmentation des cancers imputée à la radioactivité dans la région
de Tchernobyl ! Elle reconnaît seulement quelques milliers de cancers de la
thyroïde qu'elle qualifie de “bénins”. Les normes officielles se basent sur le
principe que “toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et
génétique" (CIPR 90) [6].
Toutefois, il faut noter que Les limites fixées ne correspondent pas à une
absence de danger mais à un nombre de victimes jugé “acceptable” en regard des
intérêts économiques !
Pour être complet [7],
il faut aussi donner la parole aux défenseurs de la sécurité nucléaire qui
affirment que cette technologie tue nettement moins de personnes que d’autres
sources d’énergie, si l’on en croit un rapport de l’Agence internationale de
l’énergie (AIE). « Cela ne fait aucun doute », affirme Joseph Romm,
expert dans le domaine de l’énergie au Center for American Progress, à
Washington, « rien ne cause plus de décès que les combustibles fossiles. » Dans
une analyse effectuée en 2002, l’AIE avait rassemblé les études existantes afin
de comparer, entre plusieurs grandes sources d’énergie, les décès survenus par
unité d’électricité produite. L’Agence avait examiné le cycle de vie de chaque
combustible depuis son extraction jusqu’à la phase située en aval de son
utilisation, et avait inclus les décès par accident ainsi que les expositions à
long terme aux émissions ou aux radiations. C’est le nucléaire qui avait obtenu
la meilleure note, tandis que le charbon était la source d’énergie qui faisait
le plus de victimes.
Conclusions :
Après avoir fait un large tour d'horizon de la
technologie nucléaire durant les derniers 70 ans, il est temps de conclure
notre propos.
On pourrait, comme le présentent l'AIE et les papes du
nucléaire, qui essayent de nous faire croire à la sureté de la technologie
nucléaire et à la modicité de ses coûts, accepter l'énergie nucléaire.
Pourtant, dans ce débat, on imagine facilement de quel
côté penche la balance entre les intérêts industriels ou financiers et la santé
publique. Aujourd'hui, les risques sont assumés par les contribuables et les
profits vont dans les poches du lobby nucléaire.
Savez-vous qu'EDF
n'est même pas assurée pour prendre en charge les dommages dont elle aurait la
responsabilité en cas d'accident majeur, laissant à l'État, c'est-à-dire aux
contribuables, cette charge [8]
?
Savez-vous que les coûts de démantèlement des centrales ne sont pas normalement provisionnés ?
Savez-vous que les coûts de démantèlement des centrales ne sont pas normalement provisionnés ?
Savez-vous, aussi,
que le traitement des déchets à long terme n'est pas non plus provisionné ?
Si, comme cela devrait être dans une comptabilité
honnête, EDF était contrainte de reprendre tous ces frais et provisions …,
adieu l'électricité nucléaire à bon marché (soit-disant) !
Savez-vous aussi
que c'est vous qui payez que vous en soyez d'accord ou pas :
- la recherche au
travers du financement du commissariat à l'Énergie atomique (CEA),
- la prise en
compte des régimes spéciaux des agents du nucléaire,
Cela signifie simplement que le nucléaire appartient aux
Français en totalité sans que pourtant ils ne puissent le maîtriser. On essaye
de nous convaincre que le nucléaire est une industrie d'avenir, c'est seulement
un mensonge de plus ! Le niveau de production nucléaire est revenu au niveau de
1999 et sa part mondiale est de 8 %, soit celle de 1983.
Quand en considère les problèmes liés à la santé des
personnes, les problèmes économiques deviennent vraiment secondaires, car le
nucléaire est surtout une « bombe » à retardement !
Affirmer, après les accidents majeurs que nous avons
connus que les centrales nucléaires sont sûres c'est refuser de voir que
statistiquement, c'est le point de vue inverse qui s'impose : il n'y a qu'une
évidence, c'est celle d'un prochain accident majeur. De
plus, depuis des décennies, des déchets
particulièrement dangereux, à durée de vie quasi éternelle, et dont personne ne
sait que faire, s'entassent, s'enfouissent, pour qu'on les oublie. Ceux qui se
rendent complices de ces actions irréfléchies devraient être traduits en
justice pour mise en danger des générations futures, éventuellement pour
génocide, car un drame majeur est possible.
En France, nous ne reviendrons pas sur le cas de la
centrale de Fessenheim, et le fait que le Conseil d'État ait rejeté la demande
de fermeture réclamée par plus de 100 collectivités locales, allemandes,
suisses et françaises. En raison de son ancienneté, des risques sismiques, de
sa situation sous le niveau du canal du Rhin et bien d'autres problèmes
techniques, cette centrale devrait être fermée depuis des lustres et
démantelée, il est lamentable que, sous prétexte de la pérennité des emplois et
de l'économie locale, les syndicats et les lobbies commerçants mettent en péril
la population de toute une région. Là aussi, il y va de la responsabilité et du
courage des hommes.
Enfin, et nous terminerons par là, il est aussi
lamentable que le lobby nucléaire ait fait reculer le développement des
énergies renouvelable, empêchant à une filière nationale de voir le jour.
Bientôt, notre pays se trouvera dans l'impossibilité de tenir son
engagement : 23% d'énergie renouvelable en 2020. Cela l'exposera à des
sanctions financières européennes mais cela le mettra, aussi, en position de
faiblesse dans ce secteur en développement.
La position du gouvernement français, dans cette
affaire, est particulièrement incompréhensible. Serait-il l'otage du lobby
nucléaire ou le défenseur acharné du néo-libéralisme de type blairiste ?
L'énergie nucléaire est, en soi, antidémocratique,
centralisatrice, à la différence des énergies renouvelables lesquelles rendent
les citoyens indépendants, car nul ne peut être propriétaire de la lumière du
soleil ou de la force du vent. En effet, comme le vent, le soleil ne coute
rien. Nul ne peut les privatiser ou les nationaliser. Avec la fin de
l'exploitation des énergies fossiles sonnera, inéluctablement, la fin le
l'argent facile pour les vendeurs d'énergie ! D'où leur résistance.
Les énergies renouvelables ne font courir aucun des
risques que fait peser l'énergie nucléaire, alors, ne faut-il pas remettre en
cause, dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard, nos priorités
énergétiques, et par conséquent, n'en doutons pas, notre modèle économique, et
prendre un virage historique avant toute nouvelle catastrophe ?
Avant d'agir, devrons-nous, attendre, en France, le
prochain « Fukushima-sur-Seine » ou
« Tchernobyl-sur-Loire » ? Allons-nous laisser s'accroître un
danger mortel, qui peut surgir de façon sournoise ou fulgurante, et s'étendre à
l'ensemble du monde planétaire ?
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
[1] Les éléments que nous avons
collectés sont ceux qui sont connus en dehors du domaine classifié
« secret-défense », de ce fait un certain nombre d'événements plus ou
moins graves n'est pas connu du grand public.
[2] http://assurance-vieillesse/lire-le-nucleaire-c-est-quoi-11237.htm
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires
[4]
Cette liste est très incomplète,
les accidents ayant lieu dans l'ancien bloc de l'Est, en Chine et d'autres
nations possédant l'arme nucléaire n'étant pas annoncés par les autorités de
ces États.
[5] http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/La_surete_Nucleaire/echelle-ines/Pages/sommaire.aspx
[6] http://www.amtsn.asso.fr/spip.php?rubrique56
[7] http://www.econologie.com/forums/morts-des-energies-fossiles-nucleaire-et-hydroelectrique-vt10669.html
[8] Ce détail devrait nous rappeler la situation des
banques lors de la crise de 2009 où nous avons tous mis la main à la poche.
[9] http://www.iter.org/fr/accueil
[10] http://www.cea.fr/energie/astrid-une-option-pour-la-quatrieme-generation
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