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mercredi 2 septembre 2009

Berlusconi et la presse


Ce qui se passe en Italie ne peut pas nous laisser sans réaction.

Silvio Berlusconi intente un procès au quotidien italien La Repubblica en raison des demandes que ce journal lui adresse quotidiennement depuis le 14 mai et auxquelles il ne veut pas répondre. Non content de s’en prendre à la presse italienne, il menace de faire procès à la presse étrangère qui relate ses frasques. Silvio Berlusconi qui est entrepreneur, propriétaire d’organes de presse et éditeur veut museler la liberté d’expression. Par ailleurs, il accuse La Repubblica de subversion car ce journal ferait partie d’une vaste conspiration internationale fomentée par les journaux et les chancelleries pour le renverser.

Si ce n’était pas dramatique et dangereux, (voir ce qu'écrivait, sur de telles pratiques, Hannah Arendt*), cela serait risible venant d’un individu qui se conduit comme un simple d'esprit. Mais ce qui se passe en Italie ne nous laisse pas indifférents, et peut se répéter en France. Nous avons donc nous aussi décidé de soutenir La Repubblica et de défendre la liberté d’expression :

Liberté de la presse : soutenons La Repubblica.

Silvio Berlusconi réclame un million d'euros de dommages et intérêts pour diffamation au quotidien La Repubblica qui lui a posé publiquement dix questions sur sa vie privée. Trois juristes, Franco Cordero, Stefano Rodotà et Gustavo Zagrebelsky, publient un appel pour la liberté de la presse, dont voici le texte.

Les attaques à l'encontre de La Repubblica, dont la plainte en justice pour diffamation n'est que le dernier épisode en date, ne peut être interprétée que comme une tentative de réduire au silence la presse libre, d'anesthésier l'opinion publique, de nous isoler de la circulation internationale des informations et, en définitive, de faire de notre pays une exception à la démocratie.

Les questions adressées au président du Conseil ont suscité un intérêt non seulement en Italie mais dans la presse mondiale. Si l'on considère qu'elles ne sont que des figures rhétoriques parce qu'elles suggéreraient des réponses désagréables, il n'y a qu'un seul moyen de les démonter : y répondre plutôt que de tenter de faire taire celui qui les pose.

Au contraire, la voie empruntée est celle de l'intimidation à l'encontre de celui qui exerce le droit et le devoir de " chercher, recevoir et diffuser avec tous moyens d'expression, sans considération de frontières, les informations et les idées " comme l'indique la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 approuvée par le concert des nations à un moment où l'on se souvenait encore de ce qu'était l'information transformée en propagande sous les régimes non libéraux et antidémocratiques du siècle dernier.

La pétition peut être signée à l’adresse informatique suivante : http://temi.repubblica.it/repubblica-appello/?action=vediappello&idappello=391107
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En solidarité avec le quotidien La Repubblica, voici les dix questions posées chaque jour au président du Conseil italien depuis le 14 mai :

1 - Quand avez-vous rencontré pour la première fois Mlle Letchi ? Combien de fois l'avez-vous vue ? Quand l'avez-vous rencontrée ? Avez-vous jamais fréquenté, et fréquentez-vous toujours, des mineures ?

2 - Quelle raison exacte vous a empêché de dire la vérité durant les deux derniers mois, vous conduisant à produire quatre versions de la façon dont vous avez rencontré Mlle Letizia avant deux aveux tardifs ?

3 - Pensez-vous que le fait d'avoir récompensé des jeunes filles qui vous appelaient "Papi" en leur offrant des places sur des listes électorales et en leur promettant des responsabilités politiques pose un sérieux problème pour la démocratie italienne et pour votre pouvoir ?

4 - Vous avez passé la nuit du 4 novembre 2008 avec une prostituée. Selon l'enquête des magistrats, des dizaines de call girls ont fréquenté votre résidence. Saviez-vous que ces femmes étaient des prostituées ? Si vous ne le saviez pas, pouvez-vous fournir des garanties du fait que ces rencontres ne vous ont pas rendu vulnérable ou ne vous ont pas exposé au chantage — comme le montre, par exemple, les enregistrements produits par Patrizia D'Addario ou les photographies de Barbara Monreale ?

5 - La flotte aérienne officielle a-t-elle été utilisée pour conduire ces invitées à vos résidences sans que vous soyez à bord ?

6 - Etes-vous totalement sûr que vos relations n'ont pas compromis les affaires de l'Etat ? Pouvez-vous assurer à ce pays et à ses alliés qu'aucune de ces femmes ne dispose de moyens de pressions qui pourraient affecter votre autonomie politique sur des affaires de politique interne ou internationale ?

7 - Votre comportement entre en contradiction avec votre politique. Pourrez-vous encore prendre part au Jour de la famille ou promulguer une loi qui punit les clients des prostituées ?

8 - Croyez-vous que vous pouvez toujours poser votre candidature pour devenir président de la République italienne ? Et si ce n'est pas le cas, pensez-vous que quelqu'un qui n'est pas digne du Quirinal (le palais présidentiel) peut exercer les fonctions de premier ministre ?

9 - Vous avez dit être victime d'un "complot subversif". Pouvez-vous garantir que vous n'avez jamais eu recours ou voulu utiliser les services secrets ou la police contre les témoins, les magistrats ou les journalistes ?

10 - À la lumière de tout ce qui a été révélé ces deux derniers mois, quel est votre état de santé ?

* Hannah Arendt, Le système totalitaire (Tome 3 des Origines du totalitarisme), réédition le Seuil, 2005.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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