Au MEDEF on ose. Pas de question tabou! La décroissance a donc trouvé une place dans ses Journées d'été du 2 au 4 septembre...
Y est apparu, dans la bouche d'Hugues Rialan, directeur de la gestion financière de Robeco, le nouvel oxymore suivant : "la décroissance prospère". Subtilité faussement contradictoire : d'un côté on reconnaît que "le mécanisme de la croissance qui a fonctionné jusqu'à présent ne peut mathématiquement pas continuer jusqu'à l'infini". Bravo! De l'autre, on avance " qu'en même temps que le contrôle de la consommation, il faut donc aussi réguler la démographie". Et là, attention!
Le bout de l'oreille pointe quand il apparaît qu'il s'agit moins du contrôle des naissances dans les pays peu développés que dans les pays occidentaux, afin d'y garder un certain niveau de vie! Autrement dit, faisons baisser la consommation globale dans les pays développés en diminuant le nombre des consommateurs (pas questions de compenser par l'acceptation d'une immigration la chute démographique qui a commencé en Europe -sauf en France et en Irlande-!), il y aura toujours assez de consommateurs dans les pays non encore pourvus de tous nos biens pour continuer à faire des affaires!
Pierre Rhabi, invité, a eu beau évoquer l'inutilité du superflu dans "une société d'abondance sans satisfaction", il n'a été que poliment écouté, mais surement pas entendu.
Le bout de l'oreille pointe quand il apparaît qu'il s'agit moins du contrôle des naissances dans les pays peu développés que dans les pays occidentaux, afin d'y garder un certain niveau de vie! Autrement dit, faisons baisser la consommation globale dans les pays développés en diminuant le nombre des consommateurs (pas questions de compenser par l'acceptation d'une immigration la chute démographique qui a commencé en Europe -sauf en France et en Irlande-!), il y aura toujours assez de consommateurs dans les pays non encore pourvus de tous nos biens pour continuer à faire des affaires!
Pierre Rhabi, invité, a eu beau évoquer l'inutilité du superflu dans "une société d'abondance sans satisfaction", il n'a été que poliment écouté, mais surement pas entendu.
Nul doute que, ce 10 septembre, "l'écologiste Sarkozy" ne donne du grain à moudre aux faiseurs de mots : la décroissance franchira tôt ou tard ses lèvres fut-ce pour dire, comme Yves Cochet, et bien entendu, dans un tout autre esprit, que "nous y sommes déjà". La décroissance comme fatalité ou à la décroissance comme nécessité : des politiciens de tous bords finiront bien par vouloir nous faire croire qu'il l'avait prévue!
La décroissance prospère (pas pour tout le monde!) ne peut qu'être opposée à la décroissance "pépère" autrement dit tranquille, lente, sûre d'elle, sélective, qui fera la part entre le futile et l'essentiel.
Reste une question grave : celle qui relie décroissance économique et décroissance démographique. Puisque le gateau à partager n'augmente plus de taille et de volume, diminuons le nombre de parts pour que chacune reste de belle taille! Pour cela deux solutions : limitons le nombre des invitations au repas commun ou bien supprimons des convives! S'il y a trop de vieux inactifs, il y a aussi trop de bouches à nourrir : supprimons donc ces empêcheurs de prospérer en rond. Pour cela deux solutions : affamer ou éliminer. De toute façon, tuer...! De tels choix politiques ne font pas partie du domaine de la fiction : ils ont commencé à être mis en œuvre, à plusieurs moments de l'histoire humaine. Le totalitarisme, cette globalisation de la pensée enfermée dans une absolue certitude, y conduit inexorablement.
Civilisation ou barbarie? On revient toujours à André Gorz. Si "nous sommes déjà dans la décroissance", c'est que le capitalisme est entré dans un irréversible déclin. Tous ceux qui en vivent ne vont pas laisser leur domination décroître! Nous sommes entrés dans des temps très dangereux.
Le 5 mars 2009, le professeur Leridon donnait une conférence inaugurale au Collège de France. Il y démontrait, magistralement, qu'il n'est pas plus sérieux, d'un point de vue conceptuel, de parler d'une croissance exponentielle des richesses planétaires que de celle du nombre des humains! L'une comme l'autre ont leurs limites : d'un côté "80% de de notre énergie vient du sous-sol et n'est pas renouvelable" (comme le souligne Yves Cochet); de l'autre, parce que le nombre moyen d'enfants par femme est passé de 5 à 2,7 alors que le niveau de remplacement des populations est de 2,2, comme le constate Henri Leridon.
Autrement dit, la décroissance volontaire de l'activité économique comme celle du nombre des naissances ne peut qu'accompagner une évolution déjà engagée. Et même si la croissance de la production et celle de la population vont se prolonger, sans doute jusqu'à mi-siècle, comme pour le bateau rentrant au port dont la vitesse décroit, il nous faut déjà penser à l'arrimage et au prochain voyage. Consommer moins, vivre plus longtemps et voir diminuer la population mondiale sera le lot de nos petits-enfants. "Les hommes sauront alors que, s'ils ont des obligations à l'égard des êtres qui ne sont pas encore, elles ne consistent pas à leur donner l'existence, mais le bonheur". Ainsi parlait Nicolas de Condorcet, en 1793... (1)
La décroissance prospère (pas pour tout le monde!) ne peut qu'être opposée à la décroissance "pépère" autrement dit tranquille, lente, sûre d'elle, sélective, qui fera la part entre le futile et l'essentiel.
Reste une question grave : celle qui relie décroissance économique et décroissance démographique. Puisque le gateau à partager n'augmente plus de taille et de volume, diminuons le nombre de parts pour que chacune reste de belle taille! Pour cela deux solutions : limitons le nombre des invitations au repas commun ou bien supprimons des convives! S'il y a trop de vieux inactifs, il y a aussi trop de bouches à nourrir : supprimons donc ces empêcheurs de prospérer en rond. Pour cela deux solutions : affamer ou éliminer. De toute façon, tuer...! De tels choix politiques ne font pas partie du domaine de la fiction : ils ont commencé à être mis en œuvre, à plusieurs moments de l'histoire humaine. Le totalitarisme, cette globalisation de la pensée enfermée dans une absolue certitude, y conduit inexorablement.
Civilisation ou barbarie? On revient toujours à André Gorz. Si "nous sommes déjà dans la décroissance", c'est que le capitalisme est entré dans un irréversible déclin. Tous ceux qui en vivent ne vont pas laisser leur domination décroître! Nous sommes entrés dans des temps très dangereux.
Le 5 mars 2009, le professeur Leridon donnait une conférence inaugurale au Collège de France. Il y démontrait, magistralement, qu'il n'est pas plus sérieux, d'un point de vue conceptuel, de parler d'une croissance exponentielle des richesses planétaires que de celle du nombre des humains! L'une comme l'autre ont leurs limites : d'un côté "80% de de notre énergie vient du sous-sol et n'est pas renouvelable" (comme le souligne Yves Cochet); de l'autre, parce que le nombre moyen d'enfants par femme est passé de 5 à 2,7 alors que le niveau de remplacement des populations est de 2,2, comme le constate Henri Leridon.
Henri Leridon, directeur de recherche émérite à l’Institut national d’études démographiques.
Autrement dit, la décroissance volontaire de l'activité économique comme celle du nombre des naissances ne peut qu'accompagner une évolution déjà engagée. Et même si la croissance de la production et celle de la population vont se prolonger, sans doute jusqu'à mi-siècle, comme pour le bateau rentrant au port dont la vitesse décroit, il nous faut déjà penser à l'arrimage et au prochain voyage. Consommer moins, vivre plus longtemps et voir diminuer la population mondiale sera le lot de nos petits-enfants. "Les hommes sauront alors que, s'ils ont des obligations à l'égard des êtres qui ne sont pas encore, elles ne consistent pas à leur donner l'existence, mais le bonheur". Ainsi parlait Nicolas de Condorcet, en 1793... (1)
Nicolas de Condorcet (1743-1794)
(1) Cité, page 37, par Henri Leridon, De la croissance zéro au développement durable, éditions du Collège de France / Fayard, avril 2009, 10€.Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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