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vendredi 8 mai 2009

La "sortie du capitalisme" a-t-elle déjà commencé?

André Gorz et sa compagne, dans les années 1970

La croissance est l’énergie qui permet au capitalisme de survivre. Pourtant, dès 1972, le fameux rapport Meadows, (plus connu en France son le nom de « Halte à la croissance »), tirait le signal d’alarme. Sa traduction française était d’ailleurs inexacte, car le titre anglais « The limit to growth » aurait du être traduit par « Les limites de la croissance », ce qui aurait certainement donné un crédit différent au livre, dans notre pays. Et déjà, André Gorz annonçait la fin inéluctable du capitalisme...

Écrit, il y a 35 ans, ce rapport ne prédit rien de manière précise, si ce n'est que la croissance matérielle perpétuelle conduira, tôt ou tard, à un effondrement du monde où nous vivons. Simple raisonnement de bon sens pour qui veut réfléchir intelligemment.

Pour être plus précis, par effondrement, il ne faut pas entendre disparition de l’humanité, mais diminution rapide de la population mondiale par une dégradation soudaine des conditions de vie des survivants.

Particulièrement d’actualité, ce vieux texte de 1972 nous rappelle que nous sommes face au plus grand et au plus tragique génocide pouvant survenir dans l’histoire de l’humanité. Tout discours sur les droits de l'Homme devient, alors, creux devant la gravité des périls.

Pourquoi parler de génocide ? Parce qu'il y a génocide quand la volonté d'un pouvoir légitime conduit à l'extermination de peuples entiers. Et la décision de ne pas agir devient un crime d'État sans précédent, tout simplement parce que la partie la plus développée du monde peut laisser, sans état d'âme, périr l’autre partie pour continuer à vivre dans l’excès. Les faits sont là et nous ne les voyons même pas.

Le sida? Le seul remède qui permet de le soigner avec de bonnes chances de réussite n’est pas accessible aux habitants les plus touchés par la maladie, en Afrique et en Asie.

La faim? Elle ne touche pas le cœur du monde occidental, mais les populations les plus pauvres de l’hémisphère sud.

La grippe, quelle soit mexicaine, porcine ou autre? Seul le monde occidental disposerait des moyens de résister à la pandémie qui guette l’humanité.

L’Europe? Elle s’entoure d’une muraille numérique et policière pour empêcher l’immigration des populations pauvres du sud et de l’est.

Et les exemples ne manquent pas...



Le capitalisme ne peut survivre que grâce à la croissance mais celle-ci devient synonyme de suicide. Le capitalisme est incapable de partage, de solidarité, d’égalité et de respect des équilibres naturels. Le capitalisme, c’est, aujourd'hui, la rivalité, la violence, la barbarie.

Le 20ème siècle a montré les limites du communisme; le début du 21ème celles du capitalisme.

Il est urgent de sortir des « ismes » et de solidariser nos luttes pour la survie de l'espèce humaine avant qu’il ne soit trop tard.



Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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