Le 8 mai 2009, les Français ont commémoré, avec l'ensemble des européens, la capitulation nazie de 1945. Peu d'entre eux savent que, de l'autre côté de la Méditerranée, les Algériens honorent, le même jour, les victimes de la répression de Sétif, Guelma et Kherrata.
Car, lorsqu’en Europe on célébrait, dans la liesse générale, la fin du conflit, l'armée française, aidée par des milices civiles, massacrait entre 30 000 et 40 000 civils algériens ayant revendiqué leur indépendance. Aujourd'hui encore le chiffre des victimes est incertain.
Depuis le début de la colonisation, les Algériens n'avaient pas les mêmes droits que les colons européens et ceux qui avaient participé à la libération de la France, de retour chez eux, demandaient la liberté et l'égalité des droits, comme le discours de de Gaulle, à Brazzaville, leur avait laissé espéré.
Au lieu de cela, ce fut un sanglant carnage et des milliers d'Algériens tombèrent sous les balles françaises. On date du 1er novembre 1954 le début de la guerre d'Algérie, mais c'est le 8 mai 1945 que se sont ouvertes les portes qui ont mené à l'insurrection pour l'indépendance.
Les noms de ceux qui prirent le maquis, le lendemain de ce massacre sont connus: ce sont ceux que nous retrouvons dans les instances dirigeantes du FLN et de l'ALN; cette génération de combattants apparus en 1954 est bien née le 8 mai 1945.
Si ce prologue à la guerre qui dura huit ans, de 1954 -1962, a été longtemps passé sous silence en France, il fait l'objet chaque année de commémorations officielles en Algérie. Le silence des autorités françaises explique le courroux des Algériens quand le gouvernement français a voulu, il y a quelques mois, réécrire l'histoire coloniale en vantant ses « aspects positifs » pour complaire à l'extrême droite.
Il faut se rappeler ces évènements dramatiques qui seront suivis par, d'autres, tout aussi affreux, à Madagascar, en 1947. À cette époque, les Français n'imaginaient même pas que leur empire colonial puisse être contesté.
La France a le devoir de respecter la vérité historique et donc de reconnaître ses torts. Elle doit aussi renoncer à toute visée néocoloniale et agir pour une véritable coopération avec les pays qui furent ses anciennes colonies. Pourquoi, des dizaines d'années après, ne l'acceptons-nous pas encore?
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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