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lundi 26 août 2024

UNE LIBERTE DE CONSCIENCE … LA LAICITE.

 

Partant d'une question épineuse sujette à controverse et à empoignade, il est important de bien définir ce dont il s'agit.

Etymologiquement, le mot laïc désigne les personnes qui ne sont pas de condition religieuse

En droit, la laïcité est la séparation de la société civile et de la société religieuse, en conséquence elle ne reconnaît pas une religion d'Etat. Cependant, pour les philosophes elle prend un sens plus large en renvoyant les affaires spirituelles à la sphère privée. 

Plus simplement, la laïcité est l’un des noms de la liberté de conscience qui est la première des libertés avec à la liberté d'expression et la liberté de penser. 

Dans notre pays, la liberté de conscience fait partie des Principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, qui constituent le droit de ne pas être croyant, la liberté de culte du croyant, le droit de changer de religion ou de conviction, l'objection de conscience et le droit à l'éducation en accord avec les convictions religieuses et philosophiques de chacun. 

C'est la Révolution française qui en août 1789 a mis fin aux privilèges ecclésiastiques par l’affirmation de la liberté de conscience exprimé par la Déclaration des droits de l’homme. Mais en 1801, Napoléon Bonaparte, premier consul, revient sur ces acquis révolutionnaires avec l'instauration du Concordat, redonnant un statut public au catholicisme. 

Cependant, les idéaux républicains font leur chemin et c'est Victor Hugo qui prononce en 1850 un discours dans lequel il a cette formule devenue célèbre : « L'Église chez elle et l'État chez lui ». 

En 1871, La Commune de Paris proclame la séparation des églises et de l'Etat qui n'est pas reprise par le gouvernement Thiers et c'est, seulement, la Troisième République qui organise l’enseignement public, laïque et obligatoire - les lois Jules Ferry - et fait voter le 9 décembre 1905 la loi de séparation des églises et de l'Etat :

Article premier - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

Article 2 - La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3.

Les articles suivants sont d'ordre purement administratifs destinés à organiser la loi.

La laïcité qui est la pierre angulaire du pacte républicain, repose sur trois valeurs indissociables : liberté de conscience, égalité en droit des options spirituelles et religieuses et neutralité du pouvoir politique. 

Elle a imposé un principe nouveau : la séparation entre l’État et les religions. Depuis, la France n’impose pas de religion et n’en interdit aucune. Elle respecte les idées et les religions de ses habitants qui peuvent exprimer librement leurs idées, mais toujours dans le respect de celles des autres et de la loi.

Ce respect devrait permettre à tous de vivre en paix les uns avec les autres.

Il n'a échappé à personne que le maître mot qui revient en permanence est LIBERTE car c'est bien de cela qu'il s'agit de laisser à chacun la liberté du choix des directions qu'il entend donner à son existence dans le respect de ses semblables. 

Il a fallu attendre le 10 décembre 1948 pour qu'à la suite des boucheries de la première et seconde guerres mondiales soit proclamée à Paris la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme : 

Article premier - Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. 

Article 10 - Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière.
Article 18 - Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.


Article 29 - 1. L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible.

2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique. 
3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.

Les énoncés des articles de cette déclaration sont clairs et ne laissent pas de place à l'ambiguïté, pourtant la laïcité à la Française est unique dans le monde et notre pays est toujours vu comme une exception digne d'une autre planète.

De nombreux groupes de fanatiques, aussi bien à l'intérieur qu'à l’extérieur des frontières, voudraient faire oublier ce principe et revenir au 19ème siècle n’hésitant pas à utiliser les procédés les plus violents.

Il est inconcevable que plus de la moitié de l'humanité soit dans un tel état d'aliénation pour des croyances dont la rationalité reste à démontrer.

A titre personnel, avec quelques difficultés, je conçois qu'on ne soit pas d'accord avec ces principes, mais je suis en profond désaccord avec le refus catégorique d'en débattre. Il est révoltant de penser que celui qui est en face est un crétin parce qu'il n'est pas d'accord. 

Je partage cette célèbre citation attribuée de façon erronée à Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire. » 

Pour conclure momentanément, la laïcité à la Française n'est pas, comme beaucoup le pensent et le disent, un anticléricalisme, c'est au contraire, la liberté de croire ou de ne pas croire et de pratiquer en toute indépendance sa croyance selon ses convictions personnelles. 


Jean-Claude Vitran


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