Dans moins de quatre semaines, nous devrions voter pour élire des députés européens. Enfin, pour ceux qui se sentent concernés car pour les médias l'abstention devrait être importante.
Je suis particulièrement las que l'on se pose la question de savoir pourquoi une majorité de nos contemporains ne se déplaceront pas pour aller voter.
"Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple": voilà la définition souveraine de la démocratie.
L' Article 2 de la Constitution de 1958, modifié par Loi constitutionnelle n°95-880 du 4 août 1995 - art. 8 stipule :
La langue de la République est le français.
L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L'hymne national est la "Marseillaise".
La devise de la République est "Liberté, Egalité, Fraternité".
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Donc, sur le papier, nous sommes bien en démocratie, pourtant, dans le fonctionnement journalier, nous sommes en droit de nous poser la question, même, si, bien entendu nous ne sommes pas dans un système politique autoritaire ou dictatorial où les libertés sont entravées, comme nous en connaissons.
On ne peut pas prétendre que la démocratie est parfaite mais comme l'a dit Winston Churchill dans une de ses prises de paroles « la démocratie est la pire forme de gouvernement à l'exception de toutes celles qui ont été essayées au fil du temps. »
Dans le fonctionnement européen, les décisions importantes doivent être ratifiées par les Parlements, mais, si les peuples votent mal, on peut renoncer à les faire voter ou les faire voter plusieurs fois. C'est ce qui s'est passé lors du référendum sur le traité en vue d’une constitution européenne conduisant un certain nombre d’électeurs désabusés à grossir les rangs des abstentionnistes.
L'affaiblissement du système économique qui ne crée plus de lien social, la circulation quasi instantanée de l’information, le développement anarchique de la société numérique et l'inconséquence d'une classe politico-médiatique qui se gangrène minent ce qui faisait la stabilité du système et ruinent la confiance des citoyens qui se détachent des affaires publiques et de la politique ouvrant la voie à toutes les aventures.
Les désillusions conduisent dans le meilleur des cas à l’abstention, dans le pire, au vote néofasciste, car on le sait, le pire est à craindre.
Albert CAMUS, dans un éditorial titré « Démocratie et Modestie » dans le journal Combat, en février 1947 écrivait :
« Le démocrate après tout est celui qui admet qu’un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s’exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. »
et il ajoutait dans une autre texte du même journal :
« Le régime démocratique ne peut être conçu, créé et soutenu que par des hommes qui savent qu’ils ne savent pas tout. Le démocrate est modeste, il avoue une certaine part d’ignorance, il reconnaît le caractère en partie aventureux de son effort et que tout ne lui est pas donné, et à partir de cet aveu, il reconnaît qu’il a besoin de consulter les autres, de compléter ce qu’il sait … »
En effet, la démocratie n'est pas un système où on obtient un mandat déterminé sur des promesses, puis où on en fait ce qu'on veut.
Beaucoup des femmes et hommes politiques de notre pays, carriéristes et professionnels de la politique ont oublié de lire Camus ou Tocqueville et tournent la démocratie à leur seul avantage.
La seule chose qui leur importe est leur réélection et leur portefeuille.
Je suis sûr que vous partagez ma lassitude, car comme moi, vous êtes témoin du spectacle affligeant de nos parlementaires à l'Assemblée Nationale, de leurs propos lamentables dans les médias ou sur les estrades des réunions électorales alors que l'humanité est confrontée à des crises qui peuvent mettre en cause jusqu'à sa survie.
Pour conclure, je ne vous dirai pas d'aller voter ou de ne pas y aller, car chacun fait selon sa conscience, mais je laisse la parole une nouvelle fois à Albert Camus :
« Le démocrate est celui qui admet qu'un adversaire peut avoir raison, qui le laisse s'exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. Quand des hommes se trouvent assez persuadés de leurs raisons pour fermer la bouche de leurs contradicteurs par la violence, alors la démocratie n'est plus. »
Jean-Claude VITRAN
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