Anibal
Cavaco Silva, actuel Président de la République portugaise, a
décidé de confier le gouvernement le vendredi 30
octobre à Pedro Passos Coelho. Que M. Cavaco Silva pense
qu’un gouvernement de la gauche unie puisse conduire à un
affrontement avec l’Eurogroupe et l’UE est son droit, et c’est
même sans doute vrai. Mais, dans une République parlementaire,
comme l’est le Portugal, il n’est pas dans son pouvoir de
s’opposer à la volonté des électeurs. Il doit mettre à l'essai
la majorité nouvelle sortie des urnes.
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Le
Dimanche 4 octobre, au Portugal,
pour les élections législatives, 9 682 553 électeurs ont rendu un
verdict difficile à interpréter.
Les
droites au pouvoir, menées par Pedro Passos Coelho et Paulo Portas
(PSD et CDS), étaient en tête avec 36,86% des voix, (soit
20,59% des Inscrits),
mais perdaient la majorité absolue (- 25 députés) et 700 000
voix, environ, par rapport aux précédentes élections.
Le Parti socialiste (PS) d'Antonio Costa est arrivé deuxième, avec 32, 31% des voix, (soit 18,04% des Inscrits) et 86 sièges (+12)).
Le Bloc de gauche de Catarina Martins, double son score de 2011, avec 10,19% des voix, (soit 5,68% des Inscrits) et 19 sièges (+11).
La Coalition démocratique unitaire (CDU) de Jeronimo de Souza, réunissant le Parti communiste portugais et les Verts, obtient : 8, 25% ( soit 4,60% des Inscrits) et 17 sièges (+1).
La
gauche, si elle s'unit, disposerait donc d'une majorité au
Parlement, (122 sièges de députés).
Un parti "Pour les animaux" (soit 0,77%des Inscrits), obtient 1 siège !
Mais
l'information principale est que l'abstention pèse 44,14% des
Inscrits. C’est le taux le plus élevé depuis la Révolution des
Œillets en 1974.
Les Blancs pèsent 2,09% des Inscrits et les nuls pèsent 1,66% des Inscrits.
Les
enjeux de ce scrutin concernent autant l’ensemble des Européens
que les Portugais eux-mêmes. L'Europe, qui n'est plus, de fait, une
Union européenne mais, désormais, l'Europe de la finance et des
marchés, ne peut mettre le Portugal sous contrôle et sous sa
coupe ! Si un électorat européen, quel qu'il soit, ne peut
faire un choix qui ne conviendrait pas à la Troïka, alors c'est la
stagnation politique assurée et la fin de la démocratie transmuée
sournoisement en totalitarisme mou.1
Jean-Pierre
Dacheux et Jean-Claude Vitran.
1 Sur
le totalitarisme mou voir : Hans JONAS - Le principe
responsabilité - Editions Flammarion Champs essai