De
nombreuses voix, de droite comme de gauche, s'élèvent pour
condamner les violences dont ont été victimes des cadres de
direction de la société Air France.
Dans
le même temps, certains font appel à Jean Jaurès qui dans un
discours en réponse à Georges Clemenceau, le 19 juin 1906,
déclarait :
«
Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente,
de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes
se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité
d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence,
sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates
causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire
raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les
ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés,
seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des
autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. [...] Ainsi,
tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours,
est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité
profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes,
elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »
Pour
être conforme à la vérité historique, il faut aussi citer le
discours plus nuancé qu'il fit lors
du Conrès National Socialiste de février 1912, où il revint sur
la question des violences commises par des ouvriers.
« Encore
une fois, camarades et amis, je suis d’accord avec vous pour faire
un immense effort afin de discipliner ces mouvements, afin de
suppléer à la force des inspirations brutales de violence par la
puissance de l’organisation. Mais, pas de pharisaïsme : nous
n’arriverons jamais à expurger de toute tentation de violence le
cœur et le cerveau des ouvriers en lutte. […] Mais, si nous
devons de tout notre effort corriger, contenir, refouler par la
puissance grandissante de la raison et de l’organisation ces
échappées d’instinct, de colère et de violence, ah ! du moins,
lorsque, malgré tout, la violence éclate, lorsque le cœur de ces
hommes s’aigrit et se soulève, ne tournons pas contre eux, mais
contre les maîtres qui les ont conduits là, notre indignation et
notre colère ! »
C'est
vrai que la violence est toujours condamnable, mais on doit aussi se
poser la question de savoir pourquoi des gens « normaux »
se mettent à adopter des comportements aussi extrêmes.
Lorsque
le chômage atteint des sommets vertigineux, les plans sociaux à
répétition qui se succèdent à Air France ne sont -ils pas des
violences ?
Aussi,
lorsque l'on traite les gens avec dédain, avec violence, comme des
animaux qu'on mènent à l'abattoir, il ne faut pas s'étonner qu'ils
finissent par se comporter comme des animaux.
Alors, il faut nous employer à désigner les vrais coupables.
Alors, il faut nous employer à désigner les vrais coupables.
Jean-Claude
Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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