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mardi 13 octobre 2015

Violences salariales contre violences patronales.


De nombreuses voix, de droite comme de gauche, s'élèvent pour condamner les violences dont ont été victimes des cadres de direction de la société Air France.

Dans le même temps, certains font appel à Jean Jaurès qui dans un discours en réponse à Georges Clemenceau, le 19 juin 1906, déclarait :

« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. [...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »

Pour être conforme à la vérité historique, il faut aussi citer le discours plus nuancé qu'il fit lors du Conrès National Socialiste de février 1912, où il revint sur la question des violences commises par des ouvriers.

« Encore une fois, camarades et amis, je suis d’accord avec vous pour faire un immense effort afin de discipliner ces mouvements, afin de suppléer à la force des inspirations brutales de violence par la puissance de l’organisation. Mais, pas de pharisaïsme : nous n’arriverons jamais à expurger de toute tentation de violence le cœur et le cerveau des ouvriers en lutte. […] Mais, si nous devons de tout notre effort corriger, contenir, refouler par la puissance grandissante de la raison et de l’organisation ces échappées d’instinct, de colère et de violence, ah ! du moins, lorsque, malgré tout, la violence éclate, lorsque le cœur de ces hommes s’aigrit et se soulève, ne tournons pas contre eux, mais contre les maîtres qui les ont conduits là, notre indignation et notre colère !  »

C'est vrai que la violence est toujours condamnable, mais on doit aussi se poser la question de savoir pourquoi des gens « normaux » se mettent à adopter des comportements aussi extrêmes.

Lorsque le chômage atteint des sommets vertigineux, les plans sociaux à répétition qui se succèdent à Air France ne sont -ils pas des violences ?

Aussi, lorsque l'on traite les gens avec dédain, avec violence, comme des animaux qu'on mènent à l'abattoir, il ne faut pas s'étonner qu'ils finissent par se comporter comme des animaux.

Alors, il faut nous employer à désigner les vrais coupables.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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