Le succès historique de la manifestation du 23 novembre 2019 témoigne du fait que les violences sexuelles et sexistes ont aujourd’hui trouvé un écho inédit dans l’opinion publique. Pour le gouvernement, le moment est donc venu de montrer qu’il entend prendre en compte le niveau d’exigence et de mobilisation qui s’est ainsi exprimé partout en France. Les annonces faites après le Grenelle des violences conjugales auraient dû être l’occasion de montrer qu’il s’agit bien de faire de cette question « une grande cause nationale », comme l’avait annoncé le candidat Macron.
Les
propositions faites ce 25 novembre 2019 comportent certes des aspects
positifs, mais elles restent très insuffisantes. Centrées sur un
renforcement de l’arsenal répressif et sur quelques modifications
législatives, elles reprennent parfois des mesures déjà existantes
et, globalement, s’apparentent davantage à des corrections qu’à
une révolution en profondeur des institutions, alors même qu’un
récent rapport a mis en lumière les sérieux dysfonctionnements de
la justice. On peut notamment regretter que ne soit pas évoquée la
question des femmes d’origine étrangère victimes de violences. Il
est pourtant indispensable que soient mises en place des dispositions
qui permettraient de mieux appréhender toutes les situations de
précarité administratives auxquelles celles-ci sont encore
confrontées et que l’octroi de l’asile leur soit facilité.
Une
fois de plus, le gouvernement s’est tourné vers un renforcement de
la répression, en faisant peu de cas de la prévention avant que des
violences ne soient commises. Sans tout un travail
pluri-professionnel de prévention, le slogan « Pas une de plus »
restera un voeu pieu.
La
LDH demande que les moyens financiers nécessaires soient
effectivement mobilisés pour former l’éventail des professionnels
en contact avec les victimes, à commencer dans la police et la
gendarmerie pour le moment crucial de la plainte. Il n’est pas
nécessaire d’attendre les résultats d’un audit sur le sujet. De
même, les moyens financiers importants sont nécessaires pour que la
France tienne ses engagements au regard de la Convention d’Istanbul,
notamment en matière de création d’hébergements dédiés aux
femmes victimes de violences conjugales, de lutte contre les
violences économiques ou pour rendre plus large et effectif le
recours aux ordonnances de protection. Il convient également de
prendre des mesures pour assurer la prise en charge des enfants
témoins d’homicides conjugaux. Le soutien aux associations ne doit
pas se faire en les mettant en concurrence, ni en leur donnant via
l’Etat ce qu’on leur retire via les collectivités territoriales
rendues exsangues. Enfin, la justice dans son ensemble doit avoir les
moyens de fonctionner convenablement pour que les délais ne soient
pas tellement longs qu’ils en deviennent dissuasifs.
Avec
les 360 millions de crédits annoncés, on est loin d’un budget de
rupture et du milliard d’euros demandé par les associations
féministes. S’il y a, dans les annonces du gouvernement, un
certain nombre de mesures intéressantes et techniques, on attend
encore un projet d’ampleur et transversal, qui se donne les moyens
humains et financiers de ses ambitions affichées.
Communiqué de la Ligue des droits de l'Homme
Communiqué de la Ligue des droits de l'Homme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à poster un commentaire.