Dans
moins de trois mois, Emmanuel Macron fêtera le premier anniversaire
de son accession à la Présidence de la République.
Cette
période, relativement courte, est cependant suffisante pour éclairer
les Français sur les objectifs qu'il poursuit et pour décrypter la
politique qu'il entend suivre.
On
peut, je crois, affirmer sans beaucoup se tromper que l'Etat est
dirigé de manière autocratique et que le chef de l'Etat déteste la
contestation.
Quelques
péripéties ont émaillé le début de son quinquennat et permettent
d'affirmer cela :
-
le conflit avec le général de Villiers, chef d’État major des
armées,
-
le discours de Bastia sur le statut corse où la diplomatie était
absente,
-
la prise de position toute personnelle sur un nouveau service
national universel,
sont
quelques exemples du caractère autoritaire de la gestion de l'Etat.
On peut en trouver de nombreux autres.
Le
mode de gouvernement, plutôt de gouvernance, est dans la rupture,
alors, sûr de ses certitudes libérales, le Président fait semblant
d'écouter, pour cela il multiplie les contacts, mais il n'entend
pas, enfin, il ne ne veut pas entendre. Il organise une comédie
astucieusement mise en scène. N'oublions pas qu'il est un
spécialiste du théâtre.
Pratiquant
le faux usage des mots, il ne veut voir qu'une seule tête ...
espérons que Jupiter ne croisera pas son 2 décembre.
Venons
en à la politique macronienne, ou plutôt l'application du dogme
néo-libéral dont le président français est le porte drapeau
européen.
Là
aussi, sous prétexte de modernisation de la société française,
l'art de l'artifice et le sens de la mise en scène font merveilles.
Affirmer
que chacun individuellement peut devenir un individu d'exception - la
rolex de Sarkozy - est du domaine de la tromperie, de la manipulation
car chacun sait très bien qu'il y a qu'un élu, chanceux, ambitieux,
bien né, voyou, voire malhonnête pour des millions - des milliards
- de pauvres bougres aliénés et exploités. C'est du même niveau
que de gagner au loto.
Dire
que c'est grâce au travail, au génie, à l’opiniâtreté que l'on
peut réussir à devenir riche et célèbre est du domaine de la
fausse information, de l'intox, car, enfin, l'ascenseur social est en
panne depuis la prise de pouvoir des financiers, il y a une
quarantaine d'année, et chacun ne nait pas avec un QI qui lui permet
d'accéder aux études supérieures.
Alors
que fait le macronisme de tous les citoyens que l'élite auto
proclamée désigne avec dédain par les formules les plus
humiliantes les unes que les autres : les
gens
de peu, la France d’en bas,
les
p'tites gens, les
veaux, les sans-dents, les invisibles, les gens qui ne sont rien ?
Dans
ce florilège, celui qui ne réussit pas est considéré comme un
inférieur que l'on peut exploiter par le travail et par le
consumérisme.
Qualifier
ainsi ses contemporains, c'est bafouer l'article 1 de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme de 1948 :
« Les
êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en dignité et
en droit. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir
les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Pourtant,
quand ils en ont besoin, les gouvernants se gargarisent de ce texte
fondamental.
L'idée
générale du néo-libéralisme macronien est de déréguler les
marchés, de casser tous les acquis de la Libération et du Conseil
National de la Résistance, de créer un univers où tout peut
s'acheter, d'aliéner tous les biens communs pour les rendre
profitables au dieu capitaliste, de réduire l'intervention de l'Etat
à une peau de chagrin
Cette
stratégie conduit à une société à plusieurs vitesses où un
gouffre abyssal se creuse entre les classes sociales.
C'est
une société d'égoïsme ou les mots solidarité
et fraternité
n'ont plus de sens, pire c'est une société qui s'attache à
détruire toutes les solidarités.
C'est
une société où le citoyen - le mot ne veut plus dire grand chose,
d'ailleurs – n'a plus la garantie de la protection de l'Etat.
Ce
système économique est à l'oeuvre depuis la fin des années 1970
et les gouvernements successifs aussi bien de droite que de gauche
avaient bien fait quelques tentatives de déstabilisation du système
en place, mais faute de volonté réelle et de culot, elles n'ont pas
été suivies de succès.
Aujourd'hui,
la différence, c'est que le macronisme, lui, IL
OSE !
On
commence à percevoir les conséquences de ses attitudes et de ses
choix politiques dans les nombreux conflits qui s'ouvrent dans notre
pays : prisons, EHPAD, justice, Hôpitaux, Agriculture, SNCF,
etc ... et on peut, ainsi, mesurer l'incompatibilité manifeste du
libéralisme macronien avec le respect des droits fondamentaux et de
la devise de la République.
Jean-Claude
VITRAN
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