La
droitisation de la gauche, dite « socialiste », s'achève.
Avec le départ de Christiane Taubira du ministère de la Justice, la
dernière raison de ne pas rejeter totalement le gouvernement
Hollande-Valls disparaît.
On
peut, à présent, sans retenue, dresser la liste des motifs - chacun
étant suffisant – de ne plus jamais voter pour ceux qui ont fait
plus que trahir : ils ont sali les raisons que nous avions
d'agir en politique !
La
démission de Christiane Taubira (une démission et pas une
éviction), nous libère. Dans un peu plus d'un an, l'élection
présidentielle se présentera dans un contexte nouveau. Non que
l'ex-Garde des Sceaux puisse être une candidate alternative possible
et souhaitable, mais elle ouvre une porte : « "Parfois
résister, c'est rester, parfois résister, c'est partir",
écrit-elle.
Eh bien partons ! Chaque citoyen qui soutint l'ex-gauche, doit
pouvoir, librement, se retirer de cette malaventure qui aura couru,
de 2012 à 2017.
Après
l'échec pseudo-communiste qui a dû traverser l'épreuve de la
« désoviétisation » pour être révélé, voici
venu le temps de l'échec pseudo-socialiste, engagé au cours des
septennats de François Mitterrand et qui, de proche en proche, a
conduit à se soumettre aux exigences du monde de la finance.
Bientôt
viendra, à son tour, l'échec du système économico-politique
pseudo-libéral qui ne résistera pas, lui aussi, à ses
contradictions. Le triomphe idéologique de Nicolas Sarkozy, en 2007,
ne lui a pas permis de gagner durablement l'opinion publique, mais
l'élection présidentielle de 2012 n'a pas davantage entrainé un
changement de direction vers plus de partage et de réalisme
écologique. Et nous voici entrés dans un virage, une mutation dont
nous ne voyons ni la courbe ni l'issue.
Rompre
avec ce qu'on a appelé le capitalisme, et qui intègre donc, à
présent, le parti dit des « Solfériniens » (dont le
siège, rue de Solférino, abrite les courtisans de l'actuel monarque
élyséen) est non seulement possible, mais très urgent et
nécessaire.
Car
il n'est pas qu'un seul « désaccord politique majeur ».
Il en est plus qu'on en peut énumérer et ce début d'année 2016 en
a fourni quelques nouveaux exemples.
La
politique de vente d'armes (de non pas la France mais du complexe
militaro industriel français), s'est étendu à l'Inde, avec la
fourniture probable de 36 avions Rafale, par Dassault aviation.
Dangereuse et irresponsable offre commerciale car il ne faut pas
oublier qu'avec, à sa tête, depuis le 26 mai 2014, Narendra Modi,
un homme de droite radicale teintée de nationalisme hindou,
l'Inde est, plus que jamais, un état nucléaire en conflit avec son
voisin pakistanais, lui-même doté de l'arme atomique. Après les
ventes de Rafale à l'Égypte et l'Arabie Saoudite (États
« démocratiques » s'il en est), le gouvernement français
nourrit des foyers de guerre. Et voici l'un des récents « désaccords
politiques majeurs ».
De
même, la relance de la réalisation de l'aéroport de Notre-dame des
Landes, en satisfaisant Vinci, l'entrepreneur géant, et en
autorisant l'expulsion des agriculteurs, oppose, de façon
définitive, les écologistes et le gouvernement. Comme à Sivens, et
peu de temps après la clôture de la COP21, la majorité actuelle,
soutenue par l'opposition productiviste de droite fait peu de cas de
l'avis de ceux qui ne voient aucune raison urgente de réaliser un
« aéroport du Grand Ouest ». Nouveau « désaccord
politique majeur », et irréductible...
Bien
entendu, le projet de révision constitutionnelle qui intègre l'état
d'urgence et un forme de déchéance de la nationalité, inutile et
impraticable, placerait la France dans l'exception permanente et, à
terme, bloque le retour à la paix civile. Autre « désaccord
politique majeur »...
En
fait de révision constitutionnelle, la seule qui s'avérerait utile
et indispensable pour en finir avec une monarchie républicaine
depuis longtemps éloignée de la raideur gaulliste et ayant aggravé
la centralisation des pouvoirs, serait l'abandon d'un système
électoral et gouvernemental, unique en Europe, qui place les
électeurs sous le joug d'un État autoritaire ayant déséquilibré
les pouvoirs exécutif, parlementaire et judiciaire. Cette vraie
réforme n'est, bien entendu, pas à l'ordre du jour ! N.ième
« désaccord politique majeur »...
On
peut sans peine, allonger la liste, y inclure la politique vis à vis
des réfugiés, des Rroms, des chomeurs, de l'énergie nucléaire
civile et militaire, de la privatisation progressive et constante des
services publics, etc..., mais il n'est plus temps de rechercher des
« motifs d'insatisfaction ». Il s'agit, à présent,
d'inventer, de créer, une politique globale nouvelle sur un terrain
dévasté par des dizaines d'années de renoncement à la démocratie
authentique, en fait, depuis les années 1960, avec et après la
guerre d'Algérie.
C'est
tout autre chose qu'un retour vers le passé dont il est question.
C'est, au contraire, la prise en compte d'une nouvelle approche de
l'énergie, du travail, des solidarités mondiales (et, pour nous,
européennes), des technologies de l'information et de la
communication, bref de tous les apports scientifiques, écologiques
et sociaux qui se sont accumulés mais qui, à l'échelle planétaire,
n'ont pas été utilisés pour faire régresser les inégalités et,
au contraire, ont approfondi le fossé, déjà béant, entre les
nantis et les exploités.
Allons-nous
nous faufiler dans cet espace de liberté aperçu quand s'est
entrebaillée, avec la sortie de Christiane Taubira, la petite porte
permettant de tourner le dos au lourd porche institutionnel du
pouvoir ? La tentative, sympathique mais vaine, des
intellectuels ayant proposé une nouvelle préparation de primaires
pour désigner le candidat de toute la gauche aux présidentielles
de 2017 s'est trouvée, curieusement, anéantie et relancée !
Hollande, Mélanchon ou Duflot ne seront pas, ensemble, concurrents.
Pourtant, puisqu'il n'est décidément pas de politique de gauche
sous Valls, Macron et Urvoas placés sous la gouverne de Hollande, il
faut, avant ou après 2017, sortir de l'impasse et créer du neuf.
Ce
ne seront pas les idées qui feront défaut mais, dans le débat qui
s'ouvre à présent, il y faudra des voix supplémentaires de
communicants et tout le soutien d'un peuple enfin réanimé. La
gauche est morte, vive la gauche, mais une autre gauche bien plus que
nouvelle, renommée, quand aura été fait l'inventaire de tous les
échecs du passé. Il n'y a pas d'autre choix, à moins de se
résigner à laisser les droites, de Juppé à Le Pen, engager la
France dans l'une des voix de type hongrois, polonais ou même
anglais, c'est-à-dire celles, conjuguées, du nationalisme, de
l'autoritarisme, de la finance désinhibée et, finalement, du
totalitarisme.
Jean-Pierre
Dacheux et Jean-Claude Vitran
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