Est républicain celui qui est partisan de la
République, écrit sobrement notre dictionnaire. À ce titre, nous
sommes tous républicains,
ou presque.
Au
delà de cette appellation, nous sommes attachés aux valeurs dans
lesquelles s'incarne la République : Liberté,
Égalité, Fraternité et, plus que jamais, Laïcité.
La République ou res-publica, c'est la chose
publique. C'est l'absolue priorité accordée à l'intérêt général
et pas aux domaines privés. C'est le développement irréversible du
service public.
Pourtant, à y regarder de près, au cours de
l'histoire récente, particulièrement de la 5ème
République, quel parti, après son passage au pouvoir, peut se faire
une gloire d'avoir conduit une véritable politique respectant
totalement ces valeurs ?
Aucun ! Ni de droite, ni de gauche.
La démarche de Nicolas Sarkozy visant à changer le
nom de l'ex-UMP est un indigne détournement d'héritage et, comme
l'a titré le journal Marianne, un « hold-up sur la
République ».
Quand il était aux affaires, l'ex président de la
République en a souvent pris à son aise avec les lois de la
République et le voici qui s'autorise, aujourd'hui, à donner des
leçons de républicanisme et de démocratie. Quelle prétention
vulgaire !
Nous sommes convaincus que la République est notre
bien commun et, à quelques exceptions près – hier les dirigeants
de Vichy, à présent nombre de responsables du FN et de quelques
organisations marginales –, nous sommes tous républicains
quelles que soient nos divergences politiques, idéologiques,
culturelles ou religieuses.
La République, qui n'est ni de droite, ni de
gauche, a été construite par des hommes de différentes origines
idéologiques ; elle ne saurait être la propriété d'un parti
ou d'un homme.
C'est un bien en partage et nul n'a le droit de
l'annexer, pas plus Sarkozy qu'un autre !
L'ex-président, devenu chef d'un vaste clan, veut
faire passer le message selon lequel lui et ses soutiens seraient les
seuls républicains, rejetant, ainsi, tous les autres Français hors
du cercle constitutionnel. C'est une insulte intolérable !
Pour accréditer sa thèse, il prétend que les
socialistes ne sont pas préoccupés par l'avenir de la République
mais seulement par l'avenir du socialisme.
Quelle stupidité, surtout lorsqu'on constate que
seulement une mince différence sépare la pratique politique de
l'ex-UMP de celle du PS qui n'est plus, aujourd'hui, vraiment
socialiste, mais plutôt social-libérale.
Et, quand bien même les socialistes seraient restés
socialistes, rappelons-nous ce qu'affirmait Jean Jaurès :
« Sans la République, le socialisme est impuissant ;
mais sans le socialisme, la République est vide. »
La manœuvre de Sarkozy
n'est que basse tactique pour essayer de faire oublier les affaires
qui le poursuivent, dont il ne parvient pas à se débarrasser, tout
en tâchant de rendre plus présentable l'idéologie qu'il incarne
et qui est de plus en plus compatible avec celle du Front national.
Son parti, nouveau par le
nom, mais antédiluvien par ses principes, présente, en effet, une
très grande perméabilité avec les idées véhiculées par les
Lepen.
Un ancien ministre de
droite, Luc Ferry, a très bien résumé la situation créée par
décision de renommer l'UMP en « Républicains » : «
Les républicains, comme si nul autre ne l'était ! Comble du
ridicule - imposture historique et intellectuelle. »
Le malheur de notre époque, c'est que l'héritage
des Lumières, malmené et contesté par l'idéologie capitaliste,
n'aura guère été défendu par les gouvernements qui se sont
succèdés, et notamment pas par celui, actuel, de François
Hollande.
C'est pourquoi nous attendons - sans grande
conviction, hélas - que les organisations et associations qui
défendent la démocratie et les droits fondamentaux, telles que la
Ligue des Droits de l'Homme, s'expriment avec plus de force pour
s'opposer à la confiscation de la République.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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