Ou bien il
faut enfermer, d'urgence, Naomi Klein, ou bien il faut lui réserver,
dès à présent, une place au panthéon des personnalités dont la
pensée aura changé le monde.
La grande
journaliste canadienne a commis un livre de quelques 600 pages,
traduit et édité, en France, chez Actes Sud. Son titre est
provocateur : Tout peut changer
et son sous-titre plus encore : Capitalisme et
changement climatique.
Y est
sous entendu, en effet, en reprenant ce que suggère ce long titre,
que le changement climatique et ses conséquences destructrices pour l'espèce
humaine ont, de nos jours, pour cause principale, le capitalisme et son organisation
ultra-libérale de l'économie. Il devient, alors, urgent de « tout
changer ». Ce n'est pas qu'un vœu, c'est possible. Toutefois, selon les plus hautes compétences que citent Naomi Klein, si rien n'est engagé avant 2017, l'avenir ne peut, ensuite, que gravement
s'assombrir.
Le
capital de Karl Marx, à côté de cette condamnation sans appel
d'un régime économico-politique qui s'est imposé sur notre planète, depuis deux
siècles au moins, et qui triomphe sans obstacle
depuis 1989, semble une simple bluette et cette dangereuse
communiste, dirait-on aux USA, devrait être dénoncée et traduite
devant les tribunaux comme une néo-terroriste.
Car si
les analyses et les conclusions de Naomi Klein contiennent une large part
de vérité, il faut, en effet, rompre avec toutes les politiques et
tous les politiciens qui ne tiennent nul compte de ce que « notre
modèle économique est en guerre contre la vie sur Terre ». La
politique, désormais, se doit d'intégrer la dimension de notre survie.
Cette
longue et impitoyable interpellation, très argumentée, adressée à
« l'humanité défendant, à corps perdu, un mode de vie qui la mène
à sa perte » est bien plus qu'un plaidoyer hyper-écologiste.
C'est, envoyé avant la COP21, qui doit se tenir en décembre 2015, à Paris, un
avertissement véhément : quelles que soient nos préférences
politiques, il n'est plus possible de vivre comme nous vivons, car
nous risquons non pas de tuer la planète mais d'anéantir notre
espèce elle-même.
Naomi
Klein n'est ni la première ni la seule à lancer un tel appel
d'alerte face aux périls incommensurables que peut générer un
changement climatique accéléré dont les activités humaines ont été et restent
responsables. Les « climatosceptiques » ont beau
violemment contester ces catastrophistes que seraient les
scientifiques du GIEC, ils ont perdu la partie. Les faits parlent,
les savants écrivent, l'information circule : il faut sortir au plus vite de
l'impasse !
Les
bouleversements constatés, (incendies, inondations, sécheresses,
cyclones dont le nombre et l'intensité ne cessent d'augmenter)
confortent les résultats de travaux qui tous convergent : au
rythme où fondent les banquises, s'étendent les déserts, se
multiplient les flux de migrations, s'écroule la biodiversité, le
XXIe siècle peut voir se produire des violences mettant à mal les
civilisations.
On
peut craindre que les prises de conscience ne modifient pas grand chose. Il ne
suffit pas de savoir pour changer. Nos addictions à la société de
consommation ne peuvent être effacées par des mots. Notre
« formation de formatés » a fait de nous des convaincus
qui pensent que rien ne peut changer, dans notre mode de vie, sans régressions
insupportables.
Nous
n'avons, pourtant, que deux choix : ou bien attendre les
événements dévastateurs qui vont nous contraindre de changer, dans
la douleur, nos habitudes installées, ou bien commencer, sans tarder,
à changer nos pratiques quotidiennes les plus néfastes à notre
environnement et donc à nous-mêmes ainsi qu'à nos
descendants, plus encore. Nous sommes dans le déni, parce que la
révélation est trop violente.
Le
livre de Naomi Klein mais aussi celui de Pablo Servigne et
Raphaël Stevens (Comment
tout peut s'effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des
générations présentes, paru
aux éditions du Seuil, en 2015 également), nous orientent vers une
relecture de l'actualité en nous suggérant qu'il est possible de
faire d'un péril imminent une ultime chance. Difficile et indispensable conversion :
la crise n'était pas budgétaire mais écologique. Les
responsables politiques sont encore plus bloqués que les citoyens
pour l'admettre car leurs repères sont en ruine, mais les faits finissent par s'imposer.
Il nous faut compter avec l'instinct de survie qui est tout puissant : nous ne sommes pas
condamnés à subir et à périr ! Nous allons vivre une
mutation bouleversante mais salvatrice.
N'en
soyons pas que les spectateurs !
Jean-Pierre
Dacheux et Jean-Claude Vitran
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