Il
s'agit de répondre à la façon dont l'insécurité culturelle
surexcite l'altérophobie.
Nicolas Lebourg
Nicolas Lebourg
Il
n'y a pas un antisémitisme, mais plusieurs. Il n'y a pas un racisme,
mais plusieurs. L'antisémitisme contemporain est un racisme patent
et violent ! Parler constamment de « racisme et
d'antisémitisme » constitue une répétition inutile et
surtout ambiguë. Distinguer absolument les antisémitismes des
autres racismes reviendrait à les nier !
Le
racisme est une hétérophobie
affirme Albert Memmi1.
C'est aussi une altérophobie selon Nicolas Lebourg2,
parfois une xénophobie d'après Anatole France, dès 1901,
puis Julien Benda3
en 1927.
L'hétérophobie est le
refus d’autrui par peur de toute différence. L'altérophobie
est aussi la peur de l'autre, le repli communautariste, l'enfermement
culturel. La xénophobie est la peur et le rejet de l'étranger. Les
trois vocables, voisins mais différents, induisent la défiance et
l'agressivité à l'encontre de qui ne nous ressemble pas. Ce sont
les nourrices du racisme.
Quelles que soient les
populations ou les cibles visées, les racismes se sont manifestés,
au cours de l'histoire, par des rejets haineux, aux justifications
pseudo biologiques (aujourd'hui presque partout écartées), plus
souvent pseudo culturelles (et très fréquemment nationalistes).
La haine des Juifs
conduit aux pires crimes. La haine des Arabes également. Au reste,
Juifs et Arabes, sont, les uns comme les autres, des Sémites. On a
beau répéter que « l'antisémitisme concerne uniquement des
attitudes anti-juives », il n'en est rien. Les mots ont un sens
et quiconque s'en prend aux Sémites, tous les Sémites, est
antisémite.
De même faut-il oser
penser - et écrire - que tout acte qui discrimine et discrédite les
Juifs nourrit l'antisémitisme. Dans le « Point de vue »
d'Henri-Froment Meurice, publié le 20 février 2015 dans le
quotidien Ouest-France, on peut lire que, « par sa
propre politique, vis-à-vis des Palestiniens, à Jérusalem-est et
dans les Territoires occupés, Benjamin Netanyaou porte sa part de
responsabilité dans les violences récentes. »
Autrement dit, il ne
suffit pas d' « avoir honte » des manifestations
d'antisémitisme anti-juif, en France, (agressions de personnes et de
synagogues, insultes, viols de sépultures...) On ne saurait
davantage oublier l'antisémitisme arabe (lui aussi constitué de
tagages des mosquées, d'injures, de profanation de sépultures
musulmanes). Protéger des édifices religieux et poursuivre les
fanatiques qui s'en prennent à ceux qui ne pensent pas comme eux est
indispensable mais lutter contre les antisémitismes, c'est s'en
prendre à tous les racismes : anti-Juifs, anti-Arabes,
anti-Roms, anti-chrétiens, anti Libres-penseurs .... Être solidaire
de nos compatriotes juifs, en France, qui sont chez eux, ce n'est pas
soutenir l'État d'Israël quoi qu'il fasse et même s'il contrevient
à toutes les lois internationales rappelées par l'ONU. La politique
israélienne fait croître l'hostilité à l'égard des Juifs et leur
cause tort dans le monde entier.
En ces temps de confusion
et de récupération politiques, il est urgent de savoir ce qu'on
dit : judéophobie, islamophobie, romaphobie, christianophobie
sont des racismes. Mais l'hostilité à ceux qui vivent sans religion
ou en marge, (athées, agnostiques, croyants non pratiquants qui ont
leur place en la cité, où que ce soit, sur Terre) est tout autant
un racisme. Gardons-nous de l'oublier.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
1 Albert Memmi, Le
Racisme, éd. Gallimard, collection Folio, Paris, 1994.
3 Substantif
féminin dérivé du néologisme « xénophobe » dont l’invention
est imputée à Anatole France en 1901. En 1927, Julien Benda publie La trahison des clercs dénonçant, entre autres, la xénophobie aussi que le nationalisme.
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