Nous sommes en droit de
le penser ; les dernières décisions, les « petites phrases »
ne laissent guère, malheureusement, planer de doute à ce sujet.
Les États européens1,
au moins les 28 qui composent l'Union Européenne, ont accouché
d'une créature dont ils sont incapables de contrôler les «
désordres » et qui conduit l'Europe vers un « fascisme mou
et retors2
dissimulant ses mauvaises intentions derrière un langage qui se
voudrait de raison » affirme
Louis De Sutter dans Libération
du 11 février 2015. Il ajoute : « en proclamant
que les traités européens sont soustraits à tout vote démocratique
... le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,
ne l'avait pas caché (en
affirmant) : la démocratie, en Europe, est un mot
vide. »
Jean-Claude
Juncker, qui a dirigé pendant vingt ans le Luxembourg, premier
paradis fiscal européen, a réitéré ses propos fallacieux le 29
janvier dernier dans les colonnes du Figaro : « il
ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités
européens.3 »
Nous
devrions être habitués à ce langage totalitaire puisque, Mme
Viviane Reding, Luxembourgeoise, elle aussi, et alors vice-présidente
de la Commission Européenne avait osé cette phrase devant
l'Assemblée Nationale Française le 15 octobre 2015 : « il
n'y a plus de politiques intérieures nationales, il n'y a plus que
des politiques européennes. »
Les
Suédois, qui nous avaient habitués à plus de retenue, viennent
aussi de bafouer la démocratie par un véritable coup d'État. La
droite et la gauche suédoise ont signé, fin décembre 2014, un
« pacte de non-agression valable jusqu'en 2022 ». Cet
accommodement a permis au premier ministre d'annuler les élections
prévues en mars 2015, car les sondages ne donnaient à aucune de ces
deux formations une majorité au parlement. Quand un groupe restreint
use du pouvoir de façon discrétionnaire on est en droit de parler
de fascisme.
Le
cas exemplaire du vote des citoyens grecs met au grand jour
l'autoritarisme des dirigeants européens qui ne veulent pas
respecter la volonté des électeurs ; depuis l'arrivée de
Syriza aux affaires, le pays se heurte à une dictature
supra-nationale, celle de la fameuse troïka qui ne veut pas
reconnaître qu'elle se trompe de politique et que l'austérité
conduit l'Europe dans un précipice.
Il
est d'ailleurs honteux de constater que le gouvernement
« socialiste » français joigne sa voix à ce concert
lamentable. Une nouvelle fois les électeurs sont trahis, mais, rien
ne leur sera épargné, puisque aujourd'hui, 17 février, le
gouvernement Valls, vient d'utiliser l'article 49/3 de la
Constitution, article anti-démocratique s'il en est, pour faire
passer la loi Macron.
Tous
ces faits sont le signe d'une dégradation du processus démocratique
en Europe. Une caste qui se pare du titre d'élite, composée de
technocrates, de banquiers, de politiciens aux ordres de la finance
internationale cherche à imposer sa vision des choses conformément
à ses seuls intérêts.
Un
livre écrit par Laszlo Trankovits a beaucoup de succès en Europe,
particulièrement en Allemagne : Osez moins de
démocratie. Dans son ouvrage, l'auteur évoque l'exemple de la
Chine : « les industriels allemands /.../ sont
admiratifs lorsqu'ils évoquent les immenses progrès du
développement chinois. » Et d'ajouter : « ces
succès économiques soulèvent des doutes sur la supériorité de la
démocratie. »
L'Union
Européenne, rongée par ses contradictions, ne peut plus cacher ses
dysfonctionnements et le dérapage de Jean-Claude Juncker n'est pas
le fait d'un homme seul, mais le symptôme du malaise général d'une
Union à bout de souffle tentée par le totalitarisme.
Tsipras4
et Varoufakis5
viennent d'ouvrir une brèche, ils ont le mérite d'affronter la
pensée unique européenne, de remettre en cause son arrogance et de
contredire le fameux syndrome TINA6.
Ne
les laissons pas seuls, engouffrons-nous, avec eux, dans cette
brèche.
Jean-Claude
Vitran et Jean-Pierre Dacheux.
1
Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire en Europe ou
sont culturellement rattachés à l'Europe sont au nombre de 51 :
Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Kosovo, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Vatican.
Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Kosovo, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Vatican.
2 Lire
à ce sujet Hans Jonas - Le principe de responsabilité : Une
éthique pour la civilisation technologique Editeur Champs
3 Cela
doit rappeler quelque chose ... à ceux qui avaient voté contre le
traité constitutionnel européen en 2005.
4 Premier
Ministre grec.
5 Ministre
des finances grec.
6 « There
Is No Alternative » - Expression lancée par Margaret
Thatcher.
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