Le 10 mai 2013 aura eu lieu la Journée nationale des mémoires de la
traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie officielle
se sera déroulée, comme tous les ans, dans le jardin du Luxembourg, en présence
du Président de la République.
La loi Taubira du 21 mai 2001 concerne, en effet, la reconnaissance,
comme crime contre l'humanité, des traites et des esclavages pratiqués, à
partir du XVe siècle, sur certaines populations. Elle précise : « La
République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que
la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part,
perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans
l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes,
malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité ». (article
1er).
Avant même le XVe siècle, l'esclavage fut une
réalité historique, européenne autant qu’américaine, qui ne se limita pas à la
perpétration de
la traite négrière transatlantique. Parmi les
abolitions intervenues au XIXe siècle, figure l'abolition de l'esclavage des Roms en Moldavie et
Munténie (ou Valachie). L'Église moldave libéra ses esclaves roms en 1844 et
l'Église de Munténie en 1847, mais cet esclavage fut largement maintenu et même
réinstauré, en 1849 par les forces occupantes russes et turques. Il ne devint
illégal, dans ces deux principautés, qu’en 1855 et 1856, mais ne fut
définitivement aboli qu'en 1863, deux ans après l'unification et la création de
la Roumanie, sous l’impulsion impériale française, en 1861. À ce mitan du
siècle, l'abolition définitive de tout esclavage avait déjà été signée,
en France, le 27 avril 1848, au début de la seconde République, à l’initiative
de Victor Schœlcher. Le lien historique entre les abolitions transatlantique et
européenne est bien avéré.
L'esclavage des Roms, qui dura donc un
demi-millénaire, (dès leur apparition dans les principautés pré-roumaines, au
milieu du XIVe siècle, jusqu'au milieu du XIXe siècle), appartient, à présent,
à l'histoire de tous les Européens. Le déni et l’oubli d'un esclavage si long et si
brutal n'est plus acceptable, viole la mémoire commune, et pèse encore sur les
relations entre les Roms et les autres populations européennes. Il est temps
d'enseigner et de rappeler à tous les concitoyens de l'Union que ce lointain
passé a laissé des traces dans notre présent, partout en Europe.
L'abolition
de l'esclavage des Roms a désormais toute sa place dans la commémoration, en France,
de l'abolition des esclavages, chaque 10 mai.
"Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l'abolition de l'esclavage en Amérique alors que, sur leur propre continent, 400 000 Tsiganes sont maintenus en esclavage". Kogalniceanu Mihail, esquisse sur l'histoire, les moeurs et la langue des Cigains, connus en france sous le nom de Bohémiens, Berlin, 1837.
(Kogalniceanu est un historien roumain francophone qui devint premier ministre de la toute nouvelle Roumanie unifiée, en 1863.)
"Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l'abolition de l'esclavage en Amérique alors que, sur leur propre continent, 400 000 Tsiganes sont maintenus en esclavage". Kogalniceanu Mihail, esquisse sur l'histoire, les moeurs et la langue des Cigains, connus en france sous le nom de Bohémiens, Berlin, 1837.
(Kogalniceanu est un historien roumain francophone qui devint premier ministre de la toute nouvelle Roumanie unifiée, en 1863.)
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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