Frédéric Mitterrand aime les garçons. Il n'est pas le seul! Jusque là, pas de problème. L'homosexualité n'est pas condamnable en France, croyons-nous savoir !
Il va en Thaïlande et y trouve ses partenaires, qu'ils paient. Il s'en confesse dans un récit quasi autobiographique, La Mauvaise Vie, paru en 2005 et qui n'a pas retenu l'attention des gazettes, à l'époque. Littérature peu appétissante, mais enfin, c'est de la littérature...
Depuis, après un détour par la villa de Médicis, pour la direction de laquelle il a dû batailler ferme, voici l'auteur de ce livre devenu ministre... Et de la culture s'il vous plait, par la grâce du Tout-Puissant hôte de l'Élysée. Bon. Il est d'autres ministres que le Président de la République a politiquement séduits.. La récupération du nom de Mitterrand, en l'occurrence, a sans doute suffi...
Arrive l'affaire Polanski : les Helvètes enferment, à la demande de la justice des États-Unis, un metteur en scène célèbre qui s'est soustrait, depuis 1977, à la police U.S, après le viol d'une adolescente de 13 ans. Frédéric Mitterrand s'indigne. Les associations féministes s'indignent de son indignation. C'est parti...
Marine Le Pen ressort le livre La Mauvaise Vie et tente de faire un "coup politique" en réclamant la démission d'un ministre qui, suggère-t-elle, s'il défend un violeur, pourrait bien être suspect d'avoir profité d'enfants en Thaïlande. Et comme il se trouve que ce pays est l'un de ceux où le tourisme sexuel est "florissant", on peut plus aisément s'en émouvoir, ou faire semblant...
Frédéric Mitterrand se défend pieds et ongles, hurle au loup fasciste, lâche Polanski, et jure n'avoir jamais touché aux garçons mineurs. Les socialistes avancent un pied puis le reculent : on fermera les yeux sur les frasques de Mitterrand afin de ne pas sombrer dans l'homophobie. Les amis de Sarkozy, eux, défendent le ministre, mais avec plus ou moins de chaleur. La solidarité politique masque, visiblement, la désapprobation. Fin (provisoire) de l'épisode.
Mais voici que surgit le philosophe de France Culture : l'inévitable Alain Finkielkraut. Il défend Frédéric Mitterrand, et surtout Polanski, en allant jusqu'à rappeler que la mineure violée par le cinéaste était une allumeuse, qui posait pour des magazines... Bref, l'enfant était une putain. Les organisations de défense de l'enfance s'insurgent et rappellent que ce machisme intellectuel, doublé du mépris glacial des adultes pour les enfants, est tout simplement "dégueulasse" (sic). C'est re-parti...
Sous cette crasse, des choix de société (de la "bonne" société contemporaine) qui banalisent l'abjection. À l'évidence, n'est pas suffisante la lutte contre ce tourisme sexuel (qu'il s'agisse de filles ou de garçons), qu'organisent des entreprises trouvant, dans la misère, une facilité pour trouver des proies à faire consommer aux riches voyageurs, souvent occidentaux. Enfants ou jeunes adultes sont offerts comme des produits de luxe qu'on achète pendant ses vacances. Ce n'est pas seulement de la prostitution, c'est de l'esclavage, et l'écrasement des droits de l'homme.
La culture n'est pas prude. Elle n'est pas non plus une justification littéraire de l'odieux. Prendre le parti des victimes, comme on nous le demande, fréquemment dans notre pays, c'est dénoncer ceux qui tolèrent l'intolérable. On peut pardonner à Polanski ; il n'en a pas moins commis un crime qu'il n'a pas payé. On peut refuser de trainer Frédéric Mitterrand dans la boue; il ne s'en est pas moins mis lui-même en difficulté en étalant une vie privée peu reluisante dont on ignore jusqu'où elle l'a mené. On peut admirer (parfois!) l'écrivain Finkielkraut; il ne s'en est pas moins démasqué en défendant, une fois de plus, les puissants, les riches et les mâles, sous couvert d'arguments habilement spécieux.
Non, ce ne sont pas Roman Polanski ou Frédéric Mitterrand qui sont les victimes de l'intolérance et de l'inculture des honnêtes gens, n'en déplaise à Finkielkraut . S'ils sont victimes, c'est d'eux mêmes, de leur art de vivre qui n'en est pas un. Quant aux véritables victimes, les inconnus, les gosses et les jeunes, les misérables, qui n'ont pu échapper à la domination des porteurs de dollars ou d'euros, c'est d'eux qu'il convient d'être solidaires.
Il va en Thaïlande et y trouve ses partenaires, qu'ils paient. Il s'en confesse dans un récit quasi autobiographique, La Mauvaise Vie, paru en 2005 et qui n'a pas retenu l'attention des gazettes, à l'époque. Littérature peu appétissante, mais enfin, c'est de la littérature...
Depuis, après un détour par la villa de Médicis, pour la direction de laquelle il a dû batailler ferme, voici l'auteur de ce livre devenu ministre... Et de la culture s'il vous plait, par la grâce du Tout-Puissant hôte de l'Élysée. Bon. Il est d'autres ministres que le Président de la République a politiquement séduits.. La récupération du nom de Mitterrand, en l'occurrence, a sans doute suffi...
Arrive l'affaire Polanski : les Helvètes enferment, à la demande de la justice des États-Unis, un metteur en scène célèbre qui s'est soustrait, depuis 1977, à la police U.S, après le viol d'une adolescente de 13 ans. Frédéric Mitterrand s'indigne. Les associations féministes s'indignent de son indignation. C'est parti...
Marine Le Pen ressort le livre La Mauvaise Vie et tente de faire un "coup politique" en réclamant la démission d'un ministre qui, suggère-t-elle, s'il défend un violeur, pourrait bien être suspect d'avoir profité d'enfants en Thaïlande. Et comme il se trouve que ce pays est l'un de ceux où le tourisme sexuel est "florissant", on peut plus aisément s'en émouvoir, ou faire semblant...
Frédéric Mitterrand se défend pieds et ongles, hurle au loup fasciste, lâche Polanski, et jure n'avoir jamais touché aux garçons mineurs. Les socialistes avancent un pied puis le reculent : on fermera les yeux sur les frasques de Mitterrand afin de ne pas sombrer dans l'homophobie. Les amis de Sarkozy, eux, défendent le ministre, mais avec plus ou moins de chaleur. La solidarité politique masque, visiblement, la désapprobation. Fin (provisoire) de l'épisode.
Mais voici que surgit le philosophe de France Culture : l'inévitable Alain Finkielkraut. Il défend Frédéric Mitterrand, et surtout Polanski, en allant jusqu'à rappeler que la mineure violée par le cinéaste était une allumeuse, qui posait pour des magazines... Bref, l'enfant était une putain. Les organisations de défense de l'enfance s'insurgent et rappellent que ce machisme intellectuel, doublé du mépris glacial des adultes pour les enfants, est tout simplement "dégueulasse" (sic). C'est re-parti...
Sous cette crasse, des choix de société (de la "bonne" société contemporaine) qui banalisent l'abjection. À l'évidence, n'est pas suffisante la lutte contre ce tourisme sexuel (qu'il s'agisse de filles ou de garçons), qu'organisent des entreprises trouvant, dans la misère, une facilité pour trouver des proies à faire consommer aux riches voyageurs, souvent occidentaux. Enfants ou jeunes adultes sont offerts comme des produits de luxe qu'on achète pendant ses vacances. Ce n'est pas seulement de la prostitution, c'est de l'esclavage, et l'écrasement des droits de l'homme.
La culture n'est pas prude. Elle n'est pas non plus une justification littéraire de l'odieux. Prendre le parti des victimes, comme on nous le demande, fréquemment dans notre pays, c'est dénoncer ceux qui tolèrent l'intolérable. On peut pardonner à Polanski ; il n'en a pas moins commis un crime qu'il n'a pas payé. On peut refuser de trainer Frédéric Mitterrand dans la boue; il ne s'en est pas moins mis lui-même en difficulté en étalant une vie privée peu reluisante dont on ignore jusqu'où elle l'a mené. On peut admirer (parfois!) l'écrivain Finkielkraut; il ne s'en est pas moins démasqué en défendant, une fois de plus, les puissants, les riches et les mâles, sous couvert d'arguments habilement spécieux.
Non, ce ne sont pas Roman Polanski ou Frédéric Mitterrand qui sont les victimes de l'intolérance et de l'inculture des honnêtes gens, n'en déplaise à Finkielkraut . S'ils sont victimes, c'est d'eux mêmes, de leur art de vivre qui n'en est pas un. Quant aux véritables victimes, les inconnus, les gosses et les jeunes, les misérables, qui n'ont pu échapper à la domination des porteurs de dollars ou d'euros, c'est d'eux qu'il convient d'être solidaires.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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