Archives du blog

lundi 1 décembre 2025

LE PERNAMBOUC AU COEUR D'UNE BATAILLE ECOLOGIQUE - PERNAMBUC AT THE HEART OF AN ECOLOGICAL BATTLE

 

Beaucoup d'entre-nous ignorent ce qu'est le pernambouc.

C'est une espèce d'arbre originaire des États brésiliens de Pernambouc1, Bahia, Espirito Santo et Rio de Janeiro. Du bois de cet arbre, on extrayait, au moyen âge, une teinture rouge comme de la braise du nom de bois-brésil.

Par métonymie, le bois de braise devint le nom du pays : le BRESIL.

Mais ce bois a une autre destination bien particulière.

Dans les années 1770, le Français, François Xavier Tourte, surnommé le « Stradivarius de l'archet » a utilisé le bois de pernambouc pour fabriquer des archets pour les instruments à cordes frottées (violons, altos, contrebasses…). 

Aujourd'hui, cette essence est jugé indispensable à la fabrication des archets et l'unanimité se fait dans le monde musical pour dire qu'il est impossible de se passer de ce bois.

Et catastrophe …. !

En raison d'une déforestation agricole trop intense et de la réduction de son habitat naturel, le pernambouc a subi une pression continue. Selon des données communiquées par l’ambassade du Brésil, environ 527.000 arbres auraient été abattus au fil des siècles et il ne subsisterait qu’environ 10.000 individus adultes dans la nature.

Aussi, le 24 novembre 2025, à l'ouverture de la COP 20 de la Cites - Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction - à Samarcande, en Ouzbékistan, le Brésil a souhaité empêcher le commerce du bois de pernambouc et son inscription en Annexe I de la Convention qui regroupe les espèces menacées d’extinction dont le commerce international est en principe interdit.

Déjà en 2022, le Brésil avait tenté d’imposer cette interdiction, sans suite.

Selon une grande majorité de musicien, le pernambouc ne possède « aucun substitut offrant les mêmes qualités sonores et techniques » Les caractéristiques - densité, élasticité, résonance - de cette essence seraient essentielles à la justesse et à la finesse des interprétations, en particulier en orchestre.

Leur crainte est d'être contraint de devoir jouer avec des archets en fibre de carbone qui n’ont pas les mêmes propriétés acoustiques.

Pour les archetiers et luthiers, c’est la survie de leur métier déjà fragilisé qui est en jeu. « Ce ne sont pas 150 archetiers dans l’hémisphère nord qui détruisent la forêt au Brésil...Elle est détruite par la pression immobilière, par l’industrie agricole. »

Cependant, on entend tout de même quelques voix, anonymes, discordantes appelant « la musique classique a faire l’effort de s’adapter » et d'ajouter « « la musique évolue. On ne va pas mener une espèce au bord du gouffre pour jouer Vivaldi. »

Certains, peu nombreux veulent, dès maintenant, organiser une transition vers d’autres essences. Ils pensent que la profession refuse de regarder en face l’enjeu écologique et ils affirment que le pernambouc n'est pas irremplaçable. Ils recherchent des solutions de substitution : par exemple, l'amourette ou la lettre mouchetée, un arbre sud-américain de Guyane et du Suriname ou le bois de fer, également appelé ferréol, déjà utilisé pour la fabrication d'archets, notamment pour les contrebasses. 

Cet exemple montre que les transitions écologiques ne sont pas simples.

Doit-on continuer à profiter parfaitement de la musique de Vivaldi et ses condisciples en condamnant à terme une espèce végétale ou au contraire déstabiliser un ensemble de professionnels et d'artistes ?

Je pense, personnellement que la décision que nous devons, collectivement, prendre est assez claire, mais, cependant, le dilemme existe !


Jean-Claude Vitran

_______________________________


PERNAMBUC AT THE HEART OF AN ECOLOGICAL BATTLE


Many of us don't know what pernambuco is.

It is a species of tree native to theBrazilian states of Pernambuco 2 Bahia, Espirito Santo and Rio de Janeiro. In the Middle Ages, a red dye like embers, called Brazilwood, was extracted from the wood of this tree.

By metonymy, the ember wood became the name of the country : BRAZIL.

But this wood has another, very specific purpose.

In the 1770s, the French,François Xavier Tourte,nicknamed the « Stradivariusof the bow » used pernambuco wood to makebows for bowed string instruments (violins, violas, double basses…). 

Today, this wood is considered essential for the manufacture of bows and there is unanimous agreement in the musical world that it is impossible to do without this wood.

And disaster struck …!

Due to aagricultural deforestationDue to excessive rainfall and the reduction of its natural habitat, the pernambuco tree has been under continuous pressure. According to data released by the Brazilian embassy, approximately 527,000 trees have been felled over the centuries, leaving only about 10,000 adult individuals remaining in the wild.

Also, on November 24, 2025, at the opening of COP 20 of CITES - Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora - in Samarkand, Uzbekistan, Brazil wanted to prevent the trade in pernambuco wood and its inclusion in Appendix I of the Convention which groups together species threatened with extinction whose international trade is in principle prohibited.

Already in 2022, Brazil hadattempted to impose this ban, but without success.

According to a large majority of musicians, pernambuco does not possess" no substitute offers the same sound and technical qualities " The characteristics -density, elasticity, resonance - of this essence would be essential to the accuracy and finesse of interpretations, particularly in orchestra.

Their fear is that they will be forced to play with carbon fiber bows that do not have the same acoustic properties.

For bow makers and luthiers, the survival of their already fragile profession is at stake." It's not 150 bow makers in the northern hemisphere who are destroying the forest in Brazil..."It is being destroyed by real estate pressure and the agricultural industry.

However, we still hear a few anonymous, discordant voices calling forClassical music has made the effort to adapt.and to add “ Music evolves. We're not going to drive a species to the brink of extinction just to play Vivaldi.”

Some, a small number, want to organize a transition to others right now.essences. They believe the industry refuses to confront the environmental challenge and they assert that pernambuco is not irreplaceable. Theyare looking for alternative solutions: for example, the love affair or the speckled lettera South American tree from Guyana and Suriname or their on wood, also called ferreolalready used for the manufacture of bows, especially for double basses.

This example shows that ecological transitions are not simple.

Should we continue to fully enjoy the music of Vivaldi and his contemporaries by ultimately condemning a plant species, or should we instead destabilize a group of professionals and artists?

Personally, I think the decision we collectively need to make is quite clear, but nevertheless, the dilemma exists!


Jean-Claude Vitran


1 En portugais, le pernambouc s'appelle encore pau brasil

2In Portuguese, pernambuco is still calledpoor Brazil

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à poster un commentaire.