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samedi 8 mars 2025

RÉQUISITOIRE CONTRE DONALD.



Je n'ai pas par habitude de relayer les messages politiques de quelques bords qu'ils viennent.

Néanmoins, vous trouverez, ci-dessous, le discours du Sénateur Claude Malhuret prononcé au Sénat le 4 mars lors du débat sur la situation en Ukraine.

Claude Malhuret, médecin, avocat et ancien Président de Médecins sans frontière, est un habitué de ces prises de paroles claires et incisives.

Je suis loin d'être en accord avec ses idées politiques, mais je partage, aujourd'hui, son analyse de la situation en Ukraine et sa vision de la trahison de Donald et de ses sbires.

Aussi, je vous engage à lire ce texte.


Jean-Claude Vitran 

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Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’Europe est à un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée et la Russie renforcée. Washington est devenue la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. 

C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis. 

Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, puisqu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent.

Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jinping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan. 

Jamais dans l’Histoire un président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun d’entre eux n’a soutenu un agresseur contre un allié, jamais aucun n’a piétiné la constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs, ou pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale ; c’est un début de confiscation de la démocratie.

Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine ; d’ailleurs, le pays proteste déjà. Mais, en un mois, Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’il n’en a fait en quatre ans lors de sa précédente présidence.

Nous étions en guerre contre un dictateur ; nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison-Blanche, les États-Unis votaient avec la Russie et la Corée du Nord à l’ONU contre les Européens réclamant le départ des troupes russes.

Deux jours plus tard, dans le Bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a franchi un pas supplémentaire dans l’infamie en stoppant la livraison d’armes pourtant promise. 

Que faire devant une telle trahison ? La réponse est simple : faire face ! Et d’abord ne pas se tromper : la défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie figurent déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner.

Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les États-Unis et leurs alliés il y a quatre-vingts ans, lequel avait pour premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, au sein de laquelle les Américains votent aujourd’hui en faveur de l’agresseur, et contre l’agressé.

En effet, la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : elle défend un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. À moi, le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi, l’Ukraine, les pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui, Taïwan et la mer de Chine… On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-a-Lago, le « réalisme diplomatique »…

Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à ce qu’affirme la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans, la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêt à 25 %, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique montrent que ce pays est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre. 

Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni.

Ils ont compris en un jour, à Munich, que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains, et que trois impératifs s’imposent à eux.

Tout d’abord, ils devront accélérer la livraison de l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain, faire en sorte que celle-ci tienne et, bien sûr, imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra donc en finir avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra aussi contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, en formant une coalition des seuls pays volontaires, avec bien sûr le Royaume-Uni.

Ensuite, il faudra exiger de tout accord qu’il prévoie le retour des enfants kidnappés et des prisonniers, et qu’il comporte la garantie d’une sécurité absolue. Après Budapest, la Géorgie et Minsk, nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Cette garantie passe par une force militaire suffisante pour empêcher toute nouvelle invasion.

Enfin, et c’est le plus urgent, parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faudra rebâtir la défense européenne, négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin. C’est une tâche herculéenne, mais c’est sur le fondement de la réussite ou de l’échec de cette construction que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui.

Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe avait besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire.

Il faudra investir massivement et renforcer le Fonds européen de défense, hors critères de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’Union de l’Ukraine, laquelle possède aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, et relancer les projets de bouclier antimissile et de satellite européens. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ.

Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi, et pour de bon.

Mais le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion face à la lassitude et à la peur de la guerre, et, surtout, face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême gauche. Ces derniers ont encore plaidé hier, à l’Assemblée nationale, devant vous, monsieur le Premier ministre, contre l’unité européenne et la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux ni Trump ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de « de Gaulle-Zelensky » par un « Pétain ukrainien » à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux Ukrainiens !

Est-ce la fin de l’Alliance atlantique ?

Le risque est grand, mais l’humiliation publique de Zelensky et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les Américains. Les sondages sont en chute libre, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique ! Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent certes l’exécutif, le Parlement, la Cour suprême et les réseaux sociaux, mais, dans l’histoire américaine, les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête…

Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées, mais il dépend aussi de ceux qui, aux États-Unis, veulent défendre la démocratie et, ici, de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour et qu’elle hésite à redevenir.

Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices.

La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIsiècle. 

Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ! 

jeudi 6 mars 2025

Le jour de la femme, c'est tous les jours, pas seulement le 8 mars.


C’est le 8 mars 1910 que la Confédération Internationale des femmes socialistes crée cette journée en vue du vote des Femmes. Reprise par les Nations Unies en 1977, elle est l'occasion de dresser le bilan des progrès accomplis en matière d'égalité.

En France, c'est en 1982 que le gouvernement socialiste donne un caractère officiel par la célébration le 8 mars de la journée de la Femme.

Pour plusieurs raisons, la formule « journée de la Femme » ne me semble pas appropriée ! 

On pourrait, au minimum, célébrer la « Journée des Femmes », et, de plus, pourquoi avoir une attention particulière un seul jour chaque année ! 

Même si l'homme en a une part, ce sont tout de même les Femmes qui perpétuent l'espèce humaine.

Considérer à part le sort des Femmes, c'est faire une discrimination inacceptable, fut-elle positive. Si l'on multiplie les journées commémoratives, c'est pour faire sortir des causes de leur oubli. Comment oublier notre quotidien, notre condition humaine sexuée ?

Le plus souvent, les êtres humains de sexe féminin ont une vie plus dure que celle des êtres humains masculins ; Les femelles sont souvent les souffre-douleurs des mâles, qui se croyant supérieurs, s'arrogent des droits qu'aucun droit ne devrait jamais pouvoir légitimer. 

En 2025, la moitié de l'humanité, celle des mères, des filles et des épouses est encore largement sous la domination des pères, des fils et des époux et l'on continue à tuer en France, en Europe comme ailleurs, des Femmes.

« Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la Femme. » écrivait Victor Hugo en 1870.

Il ajoutait « Dans notre législation telle qu’elle est, la Femme ne possède pas, elle n’est pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n’est pas. Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’est là un état violent : il faut qu’il cesse. »

Cela fait maintenant près d'un siècle et demi que Victor Hugo tenait ces propos, mais les Femmes sont toujours contraintes de se battre pour faire reconnaître leur égalité.

Bien sûr, il y a eu des évolutions depuis la Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne qui conduisit Olympe de Gouges à l'échafaud en 1794, mais il faut attendre 1944 pour voir reconnu, après d’âpres combats, le droit de vote des Femmes

Puis 1965 pour que les Femmes mariées puissent exercer une profession et ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari, de leur père ou de leur frère.

Ensuite 1967, pour que la loi Neuwirth autorise la contraception et 1975, pour que la loi Veil, « accouchée » au parlement dans l'insulte et les débats houleux, légalise l’Interruption Volontaire de Grossesse. 

Dès 1972, le législateur veut réduire les inégalités dans le travail des Femmes et dans leur représentation dans les Institutions par la reconnaissance du principe « à travail égal, salaire égal » repris en 2006 par une nouvelle loi et en 2008 par l'inscription dans la Constitution de « l’égal accès des Femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ». 

Dans le même temps, des lois renforcent la prévention et la répression des violences au sein du couple et sanctionnent plus durement le harcèlement sexuel.

Pourtant, malgré tous ces textes de lois, des Femmes meurent encore, tous les jours, sous les coups de compagnons indignes et l'écart reste important entre la législation largement égalitaire et la situation réelle. Les inégalités persistent, pire, les effets de la crise intensifient la pauvreté et la précarité féminines. 

Des extrémismes, nous en avons l'exemple le plus frappant aux USA avec Donald, momifiés dans des concepts d'un autre temps, voudraient revenir sur les acquis et renvoyer les Femmes à un statut d'inférieures, dans le cadre d'une famille patriarcale.

En France, dans d'autres pays européens et aux USA, ils attaquent l'avortement et sous des prétextes fallacieux et dignes de l'inquisition, ils s'en prennent aux bibliothèques, à l'école publique et tiennent des discours homophobes. 

Malheureusement, dans notre pays, aujourd'hui encore, une partie du personnel politique et des managers masculins, « petits » machos de tout poil se croyant supérieurs à la gent féminine, alors que la réussite scolaire prouve le contraire, empêchent à la Femme de prendre sa place pleine et entière dans la société.

Femmes, hommes réagissons :


Le jour de la Femme, c'est tous les jours, pas seulement le 8 mars.


Jean-Claude Vitran



lundi 3 mars 2025

A QUI APPARTIENT LA NATURE ?

 

La livraison du « un hebdo » du 26 février posait la question : « à qui appartient la nature ? ».

Au premier abord, j'ai trouvé cette question idiote, puisque, pour moi, elle ne se pose pas, la nature ne nous appartient pas, c'est nous, les humains, qui appartenons à la nature.

J'ai voulu en savoir plus et j'ai lu, avec intérêt et aussi avec délectation ce numéro particulièrement intéressant.1

A la réflexion, la question n'est pas du tout idiote puisque une bande de crétins débiles pense que la nature leur appartient et qu'ils peuvent en faire ce qu'il en veulent.

Le premier à avoir affirmer qu'il était « possible et souhaitable de nous (les humains) rendre maîtres et possesseurs de la nature » est Descartes, qui n'était ni crétin ni débile, comme Elon et sa mafia, mais philosophe, pourtant bientôt contredit par un autre philosophe, Jean-Jacques Rousseau qui rétorque « garder vous d'écouter cet imposteur2 ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne »

Bien sûr, la portée de ce qu'énonce Rousseau est aussi politique, mais tout est dans tout. 

Je suis persuadé que Jean-Jacques Rousseau a raison, si l'humanité veut jouer au démiurge et pense que la technologie peut tout faire, comme certains déjà cités le disent, elle court à sa perte. 

La nature éliminera le prédateur et continuera son cours libérée de cet animal gênant : l'Homme.

L'humain disparaitra mais la terre tournera toujours et continuera sa route dans l'univers.

Jean-Claude Vitran


1   Pas de souci, je ne suis pas actionnaire du « UN HEBDO »

2   Il parlait du premier qui avait enclos un terrain en disant « ceci est à moi ».

samedi 1 mars 2025

LES ORDURES NE SONT CEUX QUE L'ON CROIT !


Ce texte est très court, mais je ne pouvais pas rester sans réaction face à la tragédie Shakespearienne dont nous avons été témoin hier à Washington. 

Les poutiniens, qui s'y connaissent pourtant en matière de fèces, se sont trompés de cible. Ceux qui étaient visés par les propos du Kremlin se trouvaient à la droite de notre image télévisuelle.

Nous avons, en mondialisation, assisté, ébahi, au spectacle affligeant de deux fascistes en représentation. L'un d'entre eux, J.D. VANCE, mériterait l'Oscar de l'ignominie. Il rattrape son maître. Comme au temps du führer, c'est la garde rapprochée qui est la plus dangereuse. 

L'avantage de cette comédie est que nous savons maintenant à quoi nous en tenir et où sont nos adversaires.

Espérons que les européens en tirent rapidement les leçons.


Jean-Claude VITRAN